mercredi 12 décembre 2012

Les langues et les accents ça se mélangent

Un jour Benja, le meilleur ami de Simon (à ne pas confondre avec notre Benjy), est passé à la maison. Etant donné que Benja est à l'école au village et que ses parents lui demandent d'aider dans les travaux des champs, c'est assez rare que Simon et lui passent du temps ensemble.

Ce jour là, Simon et Benja (et Benjy) étaient très heureux de se retrouver. Une chose m'a alors frappée. Presque dès l'instant où Simon a vu Benja il a changé son accent et sa façon de parler (y compris la construction des phrases). Dans une certaine mesure, c'est comme si il se met à parler d'une façon similaire aux enfants du village. Il se passe d'ailleurs un peu la même chose quand il parle avec la femme du pasteur qui travaille chez nous.
Pour illustrer, Simon s'adresse à son ami et lui dit "Benja, je mets mon t-shirt" puis il se reprend et dit "Benja je mets chemise" ce qui est plus proche du monkolé.

Mais ce qui était encore plus amusant c'est que pendant que Simon, Benjy et Benja et moi jouions à un jeu de carte (et oui ça m'arrive!), j'ai entendu Benja dire "Gosh!"; expression assez typiquement britannique!

Comme quoi les influences sont réciproques.

Benjamin (le notre) est lui aussi très bon pour mélanger les langues. Une fois, il me pose la question suivante: "Papa ça fait quoi si je légé du lait dans mon yogourt?". Sur une base de français, il ajoute du monkolé (légé pour mélanger) et de l'anglais.
Ou encore: "si tu touches kpɔlɔ avec tes mains tu auras du poison sur tes mains" avec là encore du monkolé (
kpɔlɔ pour grenouille) et de l'anglais (poison prononcé à l'anglaise)

Et pour finir d'autres enfants qui viennent de temps en temps à la maison me remercient en disant "thank you". En fait, on n'a pas une maison mais une sorte d'école de langues.

mercredi 28 novembre 2012

On a trouvé une petite étrangère!

"On a trouvé une petite étrangère!"



C'est par ces mots que j'ai annoncé à beaucoup de nos amis la naissance de Eve. Eve Sofia (Sofia est son deuxième prénom) est née le 8 novembre dernier à Bembéréké.

Traditionnellement, quand un enfant nait, on ne donne pas le prénom dès la naissance. Ca pose parfois encore problème dans les hôpitaux où le personnel veut rapidement savoir pour faire la déclaration de naissance alors que les parents ne veulent pas encore donner le prénom.
Du coup, quand j'annonçais la naissance à des amis, je disais qu'on avait trouvé une petite étrangère. Mes amis comprenaient alors. Certains demandaient le prénom, d'autres non.

DImanche dernier Eve a été officiellement présentée à l'église. Cela s'appelle ama ku nyisi (littéralement montrer l'enfant). C'est durant cette cérémonie que son prénom a été annoncé. On m'a demandé quel était le prénom du bébé (ɛfa en monkolé). A présent, Eve n'est donc plus une petite étrangère mais tout simplement Eve!

lundi 29 octobre 2012

Cheveux et longueur de cheveux

A l'école, Simon suit un cours d'Instruction Civique et Moral. Dans ce cadre il a eu une séquence sur l'hygiène personnelle et dedans il y a eu des activités sur les poux (ou plutôt des activités destinées à prévenir la diffusion des poux pour être plus exact).

Je sais par des amis dont les enfants sont scolarisés en France que c'est malheureusement un problème fréquent dans les écoles. Par contre, du fait de notre éloignement nous sommes moins affectés (et on ne se plaint pas). J'ai cependant dû expliquer à Simon ce que c'était car il n'avait aucune idée de ce que sont les poux et n'avait jamais entendu parler de cela.

En parlant avec un de nos amis du village, il nous a dit que les enfants aussi ont ce problème et que c'est pour cela qu'on coupe les cheveux très courts.

En continuant à parler des cheveux, il nous a aussi dit que les filles ont les cheveux rasées mais pas en raison de la prévention des poux. En effet, dans les écoles publiques, les filles ont les cheveux rasés de façon à ce qu'aucune ne puisse être avantagée en raison de la beauté de ses cheveux ou de sa coiffure.
J'ai écrit "écoles publiques" car on voit parmi les élèves qui vont dans les écoles privées des petites filles qui ont des tresses artistiquement faites.

mercredi 17 octobre 2012

Poubelle, déchets et herbes

Après un peu plus de deux ans et demi passés au village, je continue d'apprendre des choses en monkolé. Il y a quelques jours, au détour d'une conversation j'ai appris comme on dit les déchets ou les poubelles: c'est le mot fɔfɔ.
Or il se trouve que je connaissais déjà le mot
fɔfɔ mais pour désigner les herbes.

L'explication qui m'a été donnée c'est que dans les deux cas (déchets ou herbes) ce sont des choses qui salissent la maison ou la concession donc un même mot permet de les désigner.

En tous cas, je suis très heureux de continuer à apprendre!

lundi 8 octobre 2012

Français et français

Simon a commencé la classe de CP. J'ai assuré les premières semaines de classe. Je vais bientôt passer la main à un jeune volontaire du service civil suisse qui va aussi développer un projet de soutien scolaire dans un internat.

Cette année on utilise les supports du CNED qui sont très bien faits (et qu'on a pu recevoir presque sans problème). Cela dit, parfois les documents ne sont pas très adaptés à Simon et à son environnement.

Exemple. Un exercice est destiné à faire découvrir le son [u] (dire 'ou'). Pour cela cinq dessins de mots avec ce son sont proposés. Simon commence à les lire: 'loup', 'pointe' et se prépare à lire le troisième. Je suis alors obligé d'arrêter l'exercice pour dire à Simon que si au Bénin on parle de pointe, en France les gens parlent plutôt de clou.

Autre exemple. On fait une leçon sur les risques domestiques. Sur un dessin, Simon identifie les différents dangers dans la maison. Vers la fin Simon signale qu'une des fenêtres est ouverte et que c'est dangereux. Je demande alors pourquoi? La réponse de Simon (tout à fait juste et pas prévue je pense dans le manuel): "si la fenêtre est ouverte les moustiques rentrent!"
Il est vrai que nous avons des barres de sécurité aux fenêtres et que le risque de chute est limité (et on n'a pas d'étages)

mercredi 3 octobre 2012

Lampes et présidents

Etant donné que l'électricité est une denrée rare chez nous, on utilise par moment des lampes d'appoint pour s'éclairer. Les lampes que l'on trouve le plus facilement sont des lampes comme celles présentée sur la photo: lampe de type camping avec des ampoules LED et fonctionnant avec des piles.



Ce matin, je parlais avec un de nos traducteurs et il me dit que la lampe que j'ai c'est une lampe Yayi Boni (soit en monkolé
fitila Yayi Boni). Il m'explique que les gens appellent les lampes comme cela car elles sont apparues durant le premier mandat du président Yayi Boni.
De même, il existe des torches Yayi Boni (en monkolé
tɔrsu Yayi Boni) qui sont des lampes torches avec des LED.

Et pour compléter les choses, il existait dans le temps des torches Kérékou (du nom de l'ancien président Matthieu Kérékou) non équipées de LED et qui faisait donc une lumière jaune.


P.S.: en monkolé, le mot torsu a été crée pour désigner une torche et c'est une translittération du français.

jeudi 30 août 2012

Vaches, clôture et médiation locale

Dans le post précédent j'ai expliqué les problèmes d'incursions de vaches que l'on avait. Ces problèmes ont apparemment connu une fin heureuse.

Il y a quelques jours, en fin d'après-midi deux vaches étaient dans la propriété. Dans un premier temps j'ai essayé de faire comprendre au berger qu'ils devaient les chercher; il n'a pas voulu. Ensuite j'ai essayé de chasser les deux vaches mais elles étaient un peu belliqueuses. J'avais alors fait le choix de les laisser finir leur repas (l'herbe ne manque pas) pensant qu'elles partiraient ensuite.

Cependant un de nos traducteurs est arrivé et s'est lancé dans une longue discussion avec le berger. Apparemment cette discussion n'a pas été plus fructueuse que mes tentatives. Il a alors décidé d'attacher les deux vaches à des arbres et de fermer la porte d'entrée. Du coup, les vaches étaient prises en otage chez nous.
La réaction du berger était alors rapide et prévisible; il a décidé de faire venir des gens de sa parenté.

Dans les minutes qui ont suivi on m'a alors prévenu qu'il y allait avoir une réunion pour régler cette affaire. J'ai participé à une médiation.
J'ai vite compris que plusieurs de nos amis, exaspérés par les incursions (et peut-être sentant que je ne savais pas quoi faire) avaient décidé de prendre le taureau par les cornes (c'est le cas de dire!). Ils voulaient que ces problèmes soient définitivement réglés.

Les débuts de la médiation étaient un peu difficiles. Nos amis monkolés expliquaient aux chefs peuhls le problème à savoir que des bergers (ce sont souvent des jeunes) faisaient entrer délibéremment les vaches. On avait effectivement vu à plusieurs reprises que les portes avaient été ouvertes.
Mais les chefs expliquaient que cela n'était pas possible que les choses se passent comme cela.

Puis, le conseiller du délégué (un représentant du maire dans le village) m'a demandé de donner mon avis ce que j'ai fait en monkolé. J'ai expliqué qu'il y avait des incursions, que les portes avaient été ouvertes et que si on avait mis une clôture c'était pour éviter ces problèmes.
Il m'a ensuite demander ce que je voulais (question piège!). Il a été suggéré que les chefs peuhls me demandent pardon pour les problèmes et qu'une fois cette demande acceptée les problèmes cesseraient.

La demande de pardon a été faite et j'ai accepté. Ensuite on a libéré les vaches et on s'est salué. Depuis, on n'a eu aucun problème.

Quelques leçons que je retiens de cet épisode:
  • D'abord j'ai été touché du soin que nos amis prennent de nous et du fait qu'ils avaient bien analysé la situation (incursions délibérées, difficulté de savoir quoi faire etc.). Et même si la prise d'otage des vaches étaient une idée surprenante, c'était pour eux une façon de nous aider.
  • Ensuite, le médiateur a été très bon: calme, écoutant les parties, essayant de résoudre le différent.
  • Chaque partie faisait preuve de bonne volonté et tous voulaient que les choses puissent se régler localement et sans faire intervenir d'autres autorités.
  • Enfin, ça me tente d'apprendre la langue peuhle! Même si toute la médiation s'est faite en monkolé, j'aurais bien voulu comprendre encore plus de choses dans les délibérations.

lundi 27 août 2012

Vaches, clôture et ne pas faire de vagues

Il y a quelques mois nous avons fait construire un mur de clôture autour des bâtiments qui sont sur notre propriété (voir ici et ). L'idée était de protéger les maisons et d'empêcher les intrusions sur la propriété. En effet, il arrivait assez fréquemment que des bergers et des vaches viennent (et causent parfois des dégats).
Une des réserves initiales que j'avais par rapport à cette
clôture était le fait de s'emmurer et de rendre plus difficile les visites. Cependant, nos amis du village soutenaient que c'était la meilleure chose à faire. D'ailleurs, dès que possible, les gens construisent autour de leur terrain soit une clôture en bois et tige de mil soit des murs en ciment.

Quelques mois après la fin des travaux, et comme mon naturel pessimiste le craignait, les incursions n'ont pas cessé et plusieurs fois il a fallu chasser des vaches qui étaient entrées par la porte de la propriété.
Je restais sur ma ligne de conduite de laisser la porte ouverte mais les choses ne semblaient pas s'arranger.

Un des problèmes que j'avais était que j'ai du mal à chasser les bergers qui étaient là près des vaches (i) car je ne parle pas la langue peuhle, (ii) car j'avais peur de passer pour le méchant, (iii) car je ne voulais pas déclencher un scandale.

Du coup, la peur de faire des vagues était plus forte que mon respect du droit de propriété.
Mais nos collègues de travail monkolés étaient un peu fatigués par les incursions et mon inaction.

Heureusement les choses ont évolué il y a quelques jours (affaire à suivre).

mercredi 15 août 2012

Un menuisier, une institutrice et d'autres

Durant l'année écoulé on a accueilli plusieurs jeunes qui étaient au Bénin pour de courts séjours.
Ils sont venus, pour une petite durée de temps, nous aider dans des domaines qui ne sont pas nos points forts.



Ainsi, Peter a supervisé très activement (voir la photo) la construction d'un toit à une paillotte. De son côté, Christielle a fait l'école pour Simon pendant un mois. Elle a, en particulier, apporté ses compétences dans le domaine artistique et dans celui des travaux manuels (mes points faibles).

En plus de l'aide ponctuelle, c'était enrichissant de discuter avec des personnes qui arrivent avec un regard neuf. C'était bien d'entendre leurs questions ou leurs remarques et de réfléchir à cela. C'était bien d'être stimulé dans les réflexions mais aussi d'être poussé à analyser notre travail.

samedi 28 juillet 2012

Bus et cinéma ouest-africain

J'ai eu l'occasion de faire plusieurs voyages en car cette année et vais avoir d'autres occasions dans l'avenir. J'ai du faire plusieurs voyages à Cotonou et pour cela le bus est plus pratique.
Au cours de ces voyages, les chauffeurs diffusent des films. Certains de ces films sont des films béninois mais il y a aussi des films ghanéens et nigérians. Ce qui est intéressant dans le cas des films ghanéens et nigérians c'est qu'ils sont très souvent doublés en français ce qui laisse supposer que les producteurs veulent avoir une audience assez large en Afrique.

Ce qui suit n'est pas une description exhaustive du sujet mais quelques réflexions personnelles.

Ce qui est marquant dans les films béninois:
  • Souvent les structures en place sont moquées (en particulier les autorités) et la corruption est dénoncée (c'est le cas du petit film Mon commissaire). Beaucoup de ces films sont des comédies avec des figures classiques comme la répétition ou l'exagération.
  • Il y a fréquemment la volonté de montrer la résistance des structures traditionnelles (c'est-à-dire la capacité à résister aux pressions du changement).
  • Les nouveaux riches sont souvent caricaturés et moqués, de même que ceux qui oublient les traditions.

Les films nigérians ou ghanéens sont différents:
  • Les films sont souvent en plusieurs épisodes (peut-être que le fait que ce soit des CD vidéos explique cela).
  • Dans la majorité des cas, les personnages sont des classes moyennes urbaines et professionnelles.
  • Les rivalités entre frères ou entre soeurs sont un ressort important (c'est le cas dans les derniers que j'ai vu comme Soeurs de sang ou Princess Tyra).
  • La réussite par le travail et/ou l'argent ainsi que l'ambition sont des thèmes centraux. De même l'individu est mis en valeur par rapport à la communauté même si cela implique.

Une conclusion personnelle est que les films nigérians et ghanéens diffusent des valeurs nouvelles (individualisme, réussite materielle) ce qui est moins le cas (ou pas le cas) des films béninois.
Cependant, il est intéressant de noter des points communs entre tous ces films:
  • Les récits sont basés dans le sud de chacun de ces pays. Une seule fois j'ai vu une référence au nord Nigéria.
  • Les conseils des vieux restent écoutés (même s'ils ne sont pas toujours obéis).
  • La religion reste clairement présente; que ce soient les religions traditionnelles ou le Christianisme.

mercredi 18 juillet 2012

Joue la comme Beckham

Dimanche dernier, il y avait dans notre église la fête des enfants. C'était une journée pour mettre en avant les enfants et aussi pour leur permettre de faire des activités spéciales.

Parmi les activités organisées, il y avait des matchs de foot. Ce qui m'a marqué c'est qu'il y a eu un match filles contre garçons.
Ce match semblait être une grande première. Il faut dire que c'est très rare de voir des filles jouer au foot au village.

Nous sommes allés voir ce match en famille et c'était une bonne expérience. Les filles ont eu une mise en route un peu difficile mais ont réussi à s'améliorer rapidement avec le temps. Les garçons avaient l'avantage de l'expérience et de la technique mais le terrain était pleins d'obstacles pour eux.

Le score final était très en faveur des garçons qui ont surtout marqué des buts pendant la première mi-temps. C'était bien que les filles puissent faire des choses qu'elles ont peu l'habitude de faire.
Et qui sait, peut-être voudront-elles fonder leur propre club!

Pour finir, quelques photos (de mauvaise qualité car on s'est rendu compte qu'on avait oublié notre appareil à la maison).



Les filles jouaient en noir et les garçons en blanc.



Joueuse dépitée
après un but encaisé

P.S.: il existe des clubs féminins dans plusieurs villes et il y a deux ans, une collègue avait essayé d'encourager la pratique du foot chez les filles. Elle avait même organisé un tournoi.

samedi 30 juin 2012

Mois de juin

Le mois de juin touche à sa fin.

Quand j'habitais en Europe, c'était un mois que j'aimais bien: belles soirées, approche de la fin de l'année scolaire, météo correcte etc. (bon peut-être que mes souvenirs sont un peu embellis).

Ici les choses sont un peu différentes. Même si je n'ai pas tant d'expérience que cela, le mois de juin n'est pas mon préféré. En effet, c'est une période de transition. La saison chaude est finie (et ça c'est plutôt bien) mais les pluies ne sont pas encore totalement installées. Du coup il y a un certain air d'attente.
Tout le monde est pris par la préparation des champs donc c'est plus difficile de voir les gens, de pouvoir travailler avec eux.

Parmi les choses notables de ces dernières semaines.
  • Nous sommes allés à Cotonou pour plusieurs démarches administratives. Ca a été l'occasion de constater que le consulat était très performant pour faire les papiers (deux clics de souris et c'était fait ce qui n'est pas un mal car Benjamin essayait de tester la solidité des pots de fleurs).
  • Simon finit son année scolaire. Durant le mois de mai il a eu classe avec une jeune fille belge et le changement d'enseignant lui a fait du bien. Il a pu faire plus de travaux manuels (ce qui n'est pas mon fort). Cela lui a plu et lui a donné plus de confiance en lui.
  • On se rend compte qu'avec le mur autour de notre propriété les vaches ne viennent plus brouter l'herbe. C'était un peu l'objectif des travaux mais du coup il y a une végétation envahissante. A grands maux, grands remèdes, j'ai commencé à désherber (il faudra voir si ça marche). En effet, s'il y a trop d'herbes hautes, les serpents viennent se cacher. De plus d'après tous nos amis, ça fait sale quand les herbes sont trop hautes.

mercredi 30 mai 2012

Avril, mai et l'anxiété recommence

Vers la fin du mois de mars, dans des conversations avec des amis, un sujet a refait son apparition. Dans le même temps une certaine forme d'anxiété apparaissait aussi dans ces discussions (il est difficile de trouver un mot qui traduise au mieux l'impression que j'avais).

Avril-mai c'est la fin de la saison sèche et donc le début d'une nouvelle saison agricole.
Tous les gens que je connais sont agriculteurs; même ceux qui ont une autre activité professionnelle vont faire des champs. Les récoltes leur donneront la nourriture de base pour l'année. Cela permettra aussi de payer les fournitures scolaires pour les enfants, de réparer la maison et de faire face à des urgences.

Une nouvelle saison de travaux agricoles apportent son lot de questions: quand les pluies feront-elles leur apparition? quand les pluies s'installeront-elles de façon régulière? quand planter et quoi planter? y aura-t-il assez de main d'oeuvre pour les moments critiques? etc.

J'ai l'impression que toutes ces questions peuvent se résumer par une phrase 'la saison des pluies et la saison agricole seront-elles suffisamment bonnes pour permettre à la famille de vivre?'
Et c'est là qu'on comprend l'anxiété car beaucoup de décisions importantes sont à prendre mais tellement dépend de la météo.

Donc chaque année le travail agricole reprend avec son lot d'incertitudes et d'anxiété.

mercredi 16 mai 2012

Spectaculaire mais ....

En ce moment je parle beaucoup de météo, c'est peut-être mon moi-un-peu-britannique qui aime bien cela.

Dans le post précédent (lire ici), je mentionnais qu'on a, quand arrivent les premières pluies, des vents de sable. On en a encore eu il y a quelques jours et j'ai pris quelques photos.







En voyant cela je suis très impressionné car c'est assez spectaculaire.

Cependant, je sais aussi qu'une grande partie de cette poussière ce sont les couches superficielles du sol qui sont enlevés par le vent rendant les terres agricoles encore plus fragiles.
Ces vents de sable sont spectaculaires mais les champs perdent donc une partie de la terre.

Et la pluie qui vient ensuite est souvent violente et poursuit le travail d'érosion. Bref, beaucoup de choses qui font que l'agriculture est difficile et fragile.

lundi 7 mai 2012

Fier malgré tout!

Durant le mois de mai nous avons avec nous une jeune fille venant de Belgique. Elle fait un séjour de quelques mois au Bénin et elle vient s'occuper de la scolarisation de Simon.

Ce qui m'a frappé dans les premiers jours de sa présence c'est que dans une certaine mesure je suis assez fier de notre climat (je ne trouve pas de mot qui exprime bien les choses dont 'fier' devra aller). 

Certes, il y a des mois qui sont plus difficiles que d'autres. En particulier avril et mai ne sont pas drôles tous les jours avec des températures continuellement élevées.

Cependant, dans les premières heures de son arrivée, notre visiteuse a pu voir la variété et le caractère un peu extrême de la météo par chez nous. Ainsi elle a commencé son séjour avec un après-midi autour de 42°. Dans la soirée elle a ensuite eu un bel orage avec une bonne pluie (ça fait descendre la température et augmenter l'humidité). Et le lendemain elle a vu un grand vent de sable venir nous distribuer un peu de poussière en plus.

Dans l'ensemble c'est très spectaculaire et c'est cela que j'aime bien. Notre climat ne fait pas dans la demi-mesure: tout est toujours en grand! C'est peut-être cela que j'aime et dont je suis un peu fier.

La photo a été prise par Hilary en fin d'après-midi il y a quelques jours avant un orage. La couleur très orange est tout à fait naturelle et spectaculaire!

mercredi 25 avril 2012

couleurs de saison sèche

Lors de ma première saison sèche dans le nord du Bénin (en 2010), la chose qui m'avait frappé le plus était le fait que tout le paysage autour de nous était couleur ocre (couleur de la terre sèche). Tout est sec, plus rien ne pousse.

Cette année, je suis toujours frappé par cela. C'est très impressionnant de voir comment la végétation disparait rapidement.
Mais j'ai aussi réalisé qu'il y a quand même des touches de couleurs. En effet, beaucoup d'arbres voient leurs feuilles nouvelles apparaitre à cette période de l'année.

De plus, dans notre propriété on a quelques très beaux arbres dont les fleurs ont de très belles couleurs.

Petit aperçu en images.



La partie sud de notre concession avec à droite un flamboyant en fleur et un tapis de fleurs tombées à ses pieds. A gauche, les bougainvilliers.




 
Une fleur de flamboyant.


Une fleur de frangipanier.

jeudi 19 avril 2012

l'indispensable qui me manquait


Après plus de deux ans passés au village, il me manquait toujours une chose indispensable. La chose en question est la houe.
Ici, tout le monde
(homme, femme, vieux, enfants etc.) possède une houe; tout le monde sauf moi!

La houe sert à travailler dans les champs: sarcler (enlever les mauvaises herbes), creuser des sillons, creuser des trous et beaucoup d'autres choses encore.

Du coup j'ai demandé à un ami forgeron de m'en faire deux (dans le cas où j'en perdrai une) et d'en faire une pour chacun de mes garçons. Malheureusement, du fait de nombreux déplacements, je n'ai pas pu voir comment il fait pour faire une houe. C'est dommage car j'aurais vraiment voulu voir cela
(une autre fois peut-être).
Je les ai reçus il y a quelques jours et elles sont très belles.


Simon a tout de suite voulu essayer la sienne. Du coup le moindre bout d'herbe ou de plante qui traine dans la propriété est sarclé sans merci. Mais comme c'est la saison sèche, il n'a pas trop de travail. On verra ce qu'il dira à la saison des pluies.

mercredi 4 avril 2012

Pour avoir moins chaud il suffit de casser le thermomètre

Le mois de mars est normalement le mois du début de la saison chaude et donc le début des hautes températures. Cette année les choses se sont passées différemment.

Pendant plus longtemps que d'habitude on a eu du vent frais pendant les nuits ce qui les rendait très supportables et reposantes. Durant les après-midi nous semblaient modéréement chaudes d'autant que notre thermomètre indiquait 36-37°C. On se demandait donc quand allait commencer la grande chaleur.

Cependant, en regardant les données de la station météorologique de Kandi, on s'est rendu compte que notre thermomètre était cassé. Les températures étaient plutôt de 41-42° et là c'était tout de suite plus chaud!

jeudi 22 mars 2012

Urbanisation et électrification


J'ai déjà eu l'occasion d'écrire sur ce blog (voir ici) que la période de décembre à avril est la période de construction.

En effet, les récoltes ont été faites et ont été en partie vendues ce qui permet d'avoir les fonds pour faire les travaux. Les maçons (qui souvent travaillent aussi leurs champs) sont disponibles ainsi que les manœuvres pour faire les briques, aller chercher le sable et le gravier.

Cette année donc on a donc pu observer beaucoup de construction par chez nous. En fait, il y a eu beaucoup de construction et cela prendrait presque des allures d'urbanisation.
Quand nous sommes arrivés au village il y a deux ans, il y avait seulement quelques maisons entre nous et le village (on est 700m au nord du village environ). La photo de la carte Google montre la situation il y a quelques années.
A présent il y a plusieurs concessions de plusieurs maisons chacune qui sont en construction.
La densité d'habitations n'est certes pas celle qu'on rencontre dans le village mais ça fait un changement notable.

Et puis, qui dit construction de maisons dit aussi électrification. Le village n'a pas encore l'électricité. Cependant les différents quartiers du village se sont constitués en société qui assurent l'exploitation et l'entretien d'une génératrice. Souvent il s'agit d'une dynamo qui est installée sur un moulin.
Et le week-end dernier, des jeunes installaient des poteaux électriques (des troncs d'arbres) en direction des nouvelles habitations.


Pendant ce temps, on a toujours les câbles de la ligne à haute tension qui passent devant chez nous mais ne nous apportent pas l'électricité (ou pas encore).

PS: sur la photo du haut (issue de Google earth) le village est au centre en bas là où il y a la bulle A. Notre propriété est vers le haut le long de la route RNIE2.

vendredi 9 mars 2012

Trop d'idées ou trop d'ide

Il y a quelques jours j'ai eu cette conversation avec Simon.
Simon Papa, ma tête est trop lourde.
Moi A pourquoi?
Simon J'ai trop d'idées.
Moi Essaie de les sortir. Parle et je t'écoute.
Simon Je peux pas les sortir.

C'est le genre de conversation qu'on peut avoir de temps en temps avec nos garçons.

En réfléchissant à cette discussion, je me suis rendu compte que j'avais peut-être mal interprété. Peut-être le dialogue était-il le suivant:
Simon Papa, ma tête est trop lourde.
Moi A pourquoi?
Simon J'ai trop d'ide.
Moi Essaie de les sortir. Parle et je t'écoute.
Simon Je peux pas les sortir.

La différence entre les deux? Le mot idées ou ide.

ide est un mot monkolé qui peut avoir beaucoup de sens différents. Peut-être que Simon était en train de parler monkolé.
Il est aussi difficile de définir précisement le mot ide. Voici quelques exemples de sens possibles (liste non exhaustive):
  • parole
  • mot
  • phrase
  • concept
  • discussion
  • sujet de discussion
  • affaire
  • ... et peut-être d'autres encore


PS: et comme le monkolé est une langue tonale, il ne faut pas confondre ìde et ìdè le second désignant la maison.

mercredi 22 février 2012

Surprise de saison sèche


Il n'a pas plu ici depuis fin septembre. Tout devient donc sec, les herbes disparaissent, les arbres perdent leur feuilles, tout devient jaune et marron.
Cependant, j'ai eu une belle surprise récemment.
Un des nos arbres a perdu toutes ces feuilles et ça ne m'a pas surpris vu la sécheresse. Mais en deux jours cette semaine
il a gagné de nouvelles feuilles d'un très beau vert.

Super beau!
Et je suis très impressionné par cette verdure au milieu de la sécheresse.

Mise à jour: ce post a été écrit un tout petit peu trop tôt car en début de semaine on a eu deux grosses, deux grosses pluies du genre saison des pluies c'est-à-dire pas du tout normales. En tout cas, un peu de répit avant la chaleur.

PS: la photo (prise avec mon téléphone) ne rend évidemment pas justice aux nouvelles feuilles; désolé.

samedi 18 février 2012

scènes du village


La semaine dernière j'étais invité à une réunion. Comme la réunion a commencé très en retard j'ai pu passer un peu de temps à attendre et à observer ce qui se passe dans le village en début de matinée.
Cela faisait longtemps que je n'ai pas été assis sur le banc à parler (ou dans mon cas surtout à écouter).

Je suis toujours impressionné par le nombre de marchands qui passent dans le village. Certains viennent d'ailleurs de Kandi tous les jours pour venir vendre ici. On les voit le matin marché en direction du village et repartir le soir dans l'autre sens.
J'ai donc pu voir un marchand de parfums qui avait un parfum spécialement fait pour moi (et donc très cher car la peau des blancs vaut cela).

J'ai ensuite vu une femme qui vendait des médicaments. On peut donc acheter des comprimés à l'unité (et la dame donne de l'eau pour qu'on puisse les prendre sur place). De ce que j'ai vu, elle vend surtout des vitamines, des pastilles contre la toux, et des médicaments de base comme paracétamol, anti-parasitaires etc. Elle semblait aussi faire une démonstration de pastilles jaunes.
A ce moment là il s'est passé une chose amusante: j'ai refusé, en essayant d'être poli, les pastilles qu'elle me proposait. Alors elle me montre la boite pour que je lise l'étiquette mais tout était écrit en chinois et j'ai avoué que je ne connaissais pas le chinois (j'ai en fait dit que je ne connaissais pas encore le chinois). La vendeuse a alors compris que je n'allais pas tester.
Tous mes amis qui ont essayé ne semblaient pas malade donc peut-être n'étaient-ce que des pastilles de sucre mais je ne suis pas très téméraire.

Et il y avait aussi les marchands de quincaillerie qu'on à l'habitude de voir qui vendent tout (ou presque) de la couverture de téléphone portable au tournevis en passant par les lampes, les piles, les couteaux, les mouchoirs etc.

Enfin, je ne les ai pas vu ce jour là mais j'ai déjà essayé; il existe des marchands de morceaux de cannes à sucre. Ils vendent ces petits morceaux que l'on peut sucer. Le vendeur les aspergent régulièrement d'eau sucrée (ou devrais-je dire très sucré car j'ai trouvé ça très agréable à manger mais trop trop sucré pour mon gout).

mardi 31 janvier 2012

notre propriété a de la dignité

Régulièrement, et malgré plus de deux ans de présence au Bénin, il y a les mêmes questions qui reviennent. Ce sont des questions du genre "Est-ce que ce que je fais est culturellement approprié?" ou "Est-ce que, par les actions que je fais, je ne m'isole pas trop de la communauté?".

Dans notre récente frénésie de travaux, on a décidé de faire construire une clôture autour de la partie de terrain qui comprend le bureau de l'équipe de traduction et une petite maison. En effet, souvent des troupeaux de vaches venaient là ce qui certes permettait de fertiliser le terrain mais pouvait causer quelques dégradations.
Si la décision de construire la clôture me paraissait logique, je me demandais quand même si on n'allait pas se couper du contact avec les gens.

Alors que les travaux se sont achevés, il y a quelques constats amusants à faire.

Je ne sais pas on aura plus ou moins de visiteurs dans l'avenir mais notre chantier a été pendant quelques jours un lieu de tourisme. Et les commentaires des uns et des autres étaient très encourageants. Beaucoup disaient que le mur était une bonne idée, que c'était très bien construit.
D'ailleurs, le maçon, qui est un homme de notre village, m'a dit que cette clôture était un peu sa vitrine. Il a donc pris soin de tout faire au mieux.

En fait il y a unanimité sur le fait que c'est exactement ce qu'il fallait. Un de nos amis a d'ailleurs dit que maintenant notre propriété, avec sa nouvelle clôture, a de l'honneur ou de la dignité.
Souvent, dès qu'une personne construit sur un terrain, elle va mettre une clôture qui isole la maison. Souvent ce sont des cl
ôtures faites de tiges de mil (donc peu résistantes). Parfois il y a des murs en briques de terre. Nous avons un très long mur en briques de ciment et cela c'est respectable!

En tous cas, une fois encore, j'ai peut-être eu des craintes inutiles et exagérées.

samedi 21 janvier 2012


Il y a quelques semaines, le gouvernement du Nigéria a décidé de supprimer les subventions sur l'essence dans l'ensemble du pays. En quelques heures le prix de l'essence a doublé (voir ici [en anglais]).

Cette mesure n'a pas été sans conséquence au Bénin. L'est du Bénin a une frontière commune avec le Nigéria.

En effet, si il y a de plus en plus de stations-services dans le pays, il y a toujours de vendeurs d'essence au bord des routes.
Cette essence (essence du bord de la route) vient souvent du Nigéria de façon clandestine et est donc moins chère. Et c'est parfois d'autant plus profitable que l'essence a été coupée avec d'autres liquides.

Du coup, en quelques jours, le prix de l'essence au bord de la route a fortement augmenté et est passé de 250-350 F CFA (selon les régions) à 700-800 F CFA. Or le prix dans les stations services est autour de 570 F CFA en ce moment. Donc on est dans la situation paradoxale où l'essence du bord de la route est plus chère de l'essence légale.

Évidemment, il y a eu ruée sur les stations services mais plusieurs personnes que je connais cherche encore l'essence au bord de la route, doutant que l'on puisse trouver moins cher dans les stations services (ou n'étant pas au courant du prix dans les stations).

N.B.: la photo est celle d'un vendeur d'essence au bord de la route près de Cotonou. On trouve des bouteilles d'un litre ou alors des bidons en verre avec une plus grande contenance.

jeudi 19 janvier 2012

janvier en passant

Le mois de janvier est en train de passer très vite et en plus une coupure d'internet fait que je n'ai pas encore pu poster. Alors un résumé rapide de ce qui se passe.

Les travaux se poursuivent. Vous pouvez voir les évolutions en suivant les liens (en anglais):
La construction de la clôture s'est achevée il y a quelques jours. Quelques détails viendront dans quelques jours (normalement!)

Sinon, on est toujours en pleine saison d'harmattan avec ses bons et ses moins bons côtés. Une chose est sure, on a beaucoup de poussière cette année mais c'est pas que la saison qui veut cela.
Il semble aussi que cette année la fraicheur soit assez forte. A deux reprises on est descendu le matin autour de 12°C (soit 54 Fahrenheit). C'était quelques jours après qu'un ami nous dise que la fraicheur était finie. On a pu le taquiner.

J'ai aussi pu faire une première session d'enseignement avec les responsables de jeunes de l'église. Ça s'est fait tout en monkolé et ça s'est bien passé. Les mois d'apprentissage linguistique valaient le coup (mais il faut encore continuer).