mercredi 27 mars 2013

Litige sur des terrains, huissier et convocation

Il semble que je ne sois pas à court de sujets de posts en ce moment. La semaine passée le pasteur me dit, un matin, que lui et moi étions convoqués par une personne envoyée par un tribunal. Cette personne, qui est en fait un huissier, voulait nous interroger sur le titre de propriété qui concerne le terrain où nous sommes installés et où nous travaillons.

Notre terrain se trouve dans une grande bande de terre qui est en dispute entre deux familles. Il semble que ce soit un litige qui date depuis longtemps et qui est en train d'escalader car la justice a été saisie et c'est une cour d'appel qui suit le dossier à présent.
Nous savions déjà cela et étant en possession d'un titre nous n'avons pas trop à nous inquiéter.

Nous sommes donc allés et nous avons été interrogés. Tout s'est bien passé car dès que l'on a mentionné que l'on avait un acte de donation en notre possession l'huissier était soulagé. La discussion semble montrer que pour le moment on n'est pas vraiment impliqué.
Voici aussi quelques idées glanées dans les discussions:
  • Une première difficulté dans cette affaire était une difficulté linguistique. En effet toutes les personnes qui étaient convoquées ne parlaient pas français. En particulier plusieurs des chefs de famille qui connaissent l'histoire de ces terrains devaient avoir un interprète. Par conséquent la tâche de l'huissier est rendue plus difficile car il rédige son rapport en français.
  • Une autre chose que l'on a fait remarqué c'est que l'on a été convoqué le jour même. L'huisser nous a expliqué que c'est la façon de faire. En convoquant les gens à l'improviste, cela évite que les personnes convoquées se préparent et cela favorise la manifestation de la vérité.
  • Enfin, une question majeure de ce litige est la possession de titre de propriété ou au moins d'avoir des traces écrites des transactions (comme un acte de donation ou un acte de vente). Comme le faisait remarquer l'huissier, beaucoup de choses ont été dites ou ont été transmises de bouche à oreille mais cela ne facilite pas le travail de la justice.
  • Il me semble aussi que cette question des litiges fonciers pourraient prendre de l'ampleur car les jeunes générations ont de plus en plus de mal à avoir des terrains. Certains peuvent être tentés de contester des transactions anciennes qui nuiraient aux intérêts de la famille. De plus, la possession d'un terrain avec un titre de propriété est importante car le domaine peut alors servir de collatéral auprès des banques.

En tous cas j'ai encore pu faire une nouvelle expérience et découvrir un peu plus de la vie du village.

lundi 25 mars 2013

Processus d'explication législatif

Il y a quelques jours pendant les cours de l'école biblique nous avons eu la visite d'une délégation du centre social de Kandi. Une de leur représentants voulait profiter de notre rassemblement pour faire la promotion de la récente loi "portant sur la prévention et la répression des violences faites aux femmes" votée en 2012 au Bénin.



Photo prise pendant l'intervention

C'était une intervention bien faite qui a permis à tout le monde d'entendre un résumé de ce que dit la loi. Sont punis les violences physiques, les violences sexuelles mais aussi les violences économiques (c'est-à-dire le fait d'empêcher une femme d'avoir une activité économique) et les violences médicales (c'est-à-dire le fait d'empêcher une femme d'accéder à des soins médicaux nécessaires).

Ce qui était aussi bien c'est que les personnes présentes ont pu poser des questions sur cette loi. C'est peut-être d'ailleurs ce qui était le plus intéressant à écouter car les préoccupations des gens ressortaient alors. C'est la première fois de ma vie que j'ai vu des autorités prendre le temps d'expliquer une loi.
Voici quelques impressions que j'ai eues:
  • La grande crainte de beaucoup c'est que si la loi existe et qu'il y a unanimité sur le fait qu'elle est bonne, elle ne sera pas pour autant appliquée. Des précédents semblent inspirer ce pessimisme et la représentante a essayé de démontrer que les craintes sont peut-être inutiles en particulier du fait des efforts de pédagogie qui sont mis en oeuvre.
  • La question des violences économiques a été aussi très débattue car derrière se pose la question de la répartition des charges familiales dans le foyer. La répartition des charges c'est qui paye quoi et en particulier qui assume les coûts de scolarisation des enfants et qui paye les dépenses de vie quotidienne.
  • Enfin, la question de la parité, qui n'entre pas dans le cadre de cette loi, était dans toutes les têtes. C'est une des questions qui fait beaucoup débat en ce moment et ce dans l'ensemble du pays. On voyait que des avis contradictoires existent et certains s'exprimaient avec une certaine véhémence. De même la question de la définition des rôles était au centre des discussions et des échanges là encore des points de vue très différents existants.
En tous cas la paillotte a fait la preuve de son utilité en nous donnant un cadre agréable pour les discussions. L'intervention prévue pour durer un quart d'heure a duré une heure.

lundi 18 mars 2013

Les chiffres c'est très vite très compliqué

Depuis deux semaines les cours de l'école biblique ont commencé. Qui dit école biblique dit lire la Bible et donc chercher des chapitres et des versets. Et c'est là qu'on voit que les chiffres en monkolé sont un peu complexes.

De un à dix, c'est assez facile.
1 = akã
2 = minji
3 = mɛɛta
4 = mɛɛ
5 = miu
6 = mɛɛfa
7 = mɛɛje
8 = mɛɛjɔ
9 = mɛ
ɛsã
10 = mɛɛwa

De onze à quinze c'est moins simple car il y a deux façons de compter.
11 = mɛɛwa do akã (10+1 littéralement) = maatakã
12 = mɛɛwa do minji = maateeji
13 = mɛɛwa do mɛɛta = maatɛta
14 = mɛɛwa do mɛɛ = maatɛ̃ɛ
15 = mɛɛwa do miu = maatũ

De seize à dix-neuf, c'est encore plus dur.
16 = mɛɛwa do mɛɛfa = maatũ do akã
17 = mɛɛwa do mɛɛje = maatũ do minji = kɔnfia mɛɛta kù wasi (littéralement 20 trois n'est pas là)
18 = mɛɛwa do mɛɛjɔ = maatũ do mɛɛta = kɔnfia minji kù wasi
19 = mɛɛwa do mɛɛsã = maatũ do mɛɛ = kɔnfia akã kù wasi

Et vingt est plus simple: kɔnfia

Mais chacun peut lire comme il ou elle veut et peut combiner les différentes façons. Ainsi pour dire Luc 18:19 soit évangile de Luc chapitre 18 verset 19 on peut dire:
Luku iri maatũ do mɛɛjɔ isɛɛde maatũ do mɛɛ
ou Luku iri maatũ do mɛɛjɔ isɛɛde kɔ̃nfia akã kù wasi

Et pour finir, j'ai entendu ce matin quelqu'un dire le nombre quatorze de la façon suivante 'maatũ akã kù wasi'. Ca change donc déjà de ce que j'ai écrit!

Voilà pour une introduction aux chiffres en monkolé. Prochaine étape, parler de l'argent et des sommes d'argent en monkolé!

lundi 11 mars 2013

Les choses changent (2): les camions - enfin pas vraiment

Depuis quelques mois on peut voir l'affiche qui est en photo le long de la route inter-état dans Kandi. Tous les camions qui montent vers le Niger passent devant et sont donc face au message: "La surcharge un frein à la mobilité des biens et des personnes".



Sur la photo accompagnant l'affiche on voit un camion qui est tombé dans un trou, ce même trou étant provoqué par le passage fréquent de camions trop lourds.

Je ne peux qu'être d'accord avec ce message d'autant qu'on a souffert des routes dégradées jusque dans un passé récent.
Un camion peut transporter 70 tonnes de marchandises. Les routes ne sont pas conçues pour supporter cette charge et cela même si, selon ce que m'a dit un collègue, les routes sont conçues selon un standard qui prend en compte le climat et les pluies.
Cependant même si je trouve que cette campagne est bonne j'ai des doutes quant à son impact. Un camion semble être fait pour être chargé y compris au delà de sa capacité.

Cela dit certains transporteurs commencent à faire circuler des camions moins chargés. Et certains interdisent même aux chauffeurs de transporter des choses qu'ils veulent pour leur compte.  Peut-être ces propriétaires ont-ils réalisés que les camions vont plus vite et que l'usure est moindre.

mercredi 6 mars 2013

Un autre construction est finie et se révèle très utile

Il y a quelques semaines j'ai encore fait faire quelques travaux; travaux qui n'étaient pas de l'ampleur de ceux effectués l'année dernière. Nous avons fait achever une paillotte qui se trouve dans notre propriété.


La paillotte en mars 2012

La construction de cette paillotte a été commencée en 2009 et elle a été faite en mémoire du fils d'un couple de collègues qui était décédé au Bénin. On avait fait poser le toit l'année dernière et cette année j'ai fait faire les finitions (sol, bancs, crépissage).

Depuis quelques jours on a commencé à l'utiliser pour l'école biblique de saison sèche. C'est un très beau bâtiment; spacieux, bien aéré et l'acoustique est pas mal. C'est très agréable d'y faire cours et d'y suivre des cours.
A présent que tout est fini on se rend compte qu'il y a pas mal de potentiel. Reste à aménager les abords et à planter des arbres pour avoir un peu plus d'ombre. Pour cela il faudra attendre la prochaine saison des pluies.


Cours sous la paillotte en mars 2013