mardi 13 octobre 2009

Ce que m'apprend l'apprentissage du Monkolé


Apprendre le Monkolé ce n'est pas seulement apprendre à communiquer c'est aussi apprendre des choses sur la culture monkolée et la façon de voir le monde mais c'est aussi apprendre des choses sur soi.

Le Monkolé est une langue tonale ce qui veut dire qu'un même son peut être prononcé sur trois tons différents. Ainsi, la lettre 'e' donne le son [é] mais on a les trois possibilités suivantes qui s'offrent alors:

  • e = se dit ['é']
  • é se dit [é] avec un ton montant
  • è se dit [é] avec un ton descendant

Bien sûr, comme on peut l'imaginer facilement, le sens du mot change en fonction du ton. Ainsi, ilé désigne la pièce ou la case mais ilè désigne le voleur (et dans les deux cas é ou è est le son [é]).

Un exercice intéressant qu'on a fait une seule fois est de faire une dictée. C'est intéressant car ça demande de faire très attention aux sons que l'on entend et ensuite de chercher à retranscrire les sons que l'on entend.

C'est comme cela que je me rends compte que mon audition doit se perfectionner pour saisir les subtilités de la langue. Pour être honnête, parfois dans une conversation, le contexte de la phrase lève toute ambiguïté sur le mot. Et dans le même ordre d'idée ce n'est pas seulement l'audition qui doit s'affiner mais aussi la capacité à produire les différents tons, et ça c'est difficile!


J'ai redécouvert combien je suis perfectionniste et c'est pas toujours un avantage. En effet, je suis capable de passer dix minutes à essayer de prononcer différemment deux sons très semblables même quand notre enseignant, pourtant très pointilleux propose une autre solution

Je me suis rendu compte que je suis aussi ultra-lettré c'est-à-dire que mes modes d'apprentissage, de compréhension et de réflexion passent en quasi-totalité par l'écrit ce qui n'est pas facile pour apprendre une langue. C'est pour cela que dès qu'on apprend un nouveau mot ou qu'on apprend un nouveau type de phrase. Ce qui est intéressant c'est que là où Simon apprend le français, l'anglais, le Monkolé ou le Baatonou juste en écoutant, moi il me faut un papier et un crayon en plus de mes oreilles.


Enfin, certains soirs on a découvert un peu des difficultés des conditions d'étude en Afrique. En effet, quand on a des coupures de courant c'est plus difficile de travailler, de relire ses cours et ses notes etc. à la lueur d'une bougie. Mais cela ne nous est pas arrivé souvent, fort heureusement.


PS: j'ai utilisé le terme ultra-lettré ce qui est surement un anglicisme car je ne savais pas comment traduire ultra-literate. Et la photo est une photo prise devant notre maison qui montre combien la végétation a apprécié la saison des pluies.

dimanche 11 octobre 2009

Apprendre en pratique

Une difficulté dans notre apprentissage du Monkolé c'est que l'on se trouve à Parakou et que les monkolés vivent dans le Nord du Bénin. Il y a donc peu de monkolophones à Parakou. Cependant grâce à un de nos collègues on a pu rencontrer notre tuteur.

On ne peut donc pas faire de l'immersion totale, parfois considérée comme une méthode possible d'apprentissage. Même si les cours sont très utiles, ils servent à poser de bonnes bases et à acquérir du vocabulaire. Mon côté pessimiste s'attend à vivre un choc linguistique avec l'impression de ne rien comprendre et de ne pas pouvoir s'exprimer.

On a une séance quotidienne de 3 heures au cours de laquelle on a d'abord travaillé sur des dialogues qui permettent de travailler la prononciation, le vocabulaire et la grammaire. Il y a beaucoup de répétitions et en plus notre enseignant n'hésite pas à introduire des mots nouveaux et des expressions nouvelles.
Depuis plusieurs semaines on construit des phrases et on essaye de dialoguer. Et plus récemment encore, on s'est attaqué à des problèmes grammaticaux (pas forcément la partie la plus facile et la plus rigolote).
Et puis comme on fait le LCL (Language and Culture Learning) on a aussi des discussions sur la vie au village.

Le défi c'est ensuite de prendre le temps de tout travailler et de revoir le vocabulaire.

Et pour finir sur une note positive, on est allé il y a trois semaines dans le village de Pèdè et on a réussi à saluer les gens en Monkolé et aussi à comprendre des bouts de conversation. Donc petit à petit les choses rentrent.