lundi 20 décembre 2010

Le peuhl qui n'a pas de lait ou entendre sans comprendre


Hilary a écrit un post (à lire ici [en]) qui résume bien le problème qu'on rencontre en ce moment quand on est avec des Monkolés.

En résumé (et en français), notre problème est que fréquemment
on parvient à comprendre suffisamment de mots et de phrases sans pour autant que cela ne fasse sens.
En effet, il nous manque des informations qui sont connues de tou(te)s sauf de nous; des informations liées à la vie du village, à l'histoire des gens, à des événements plus ou moins récents. En fait, beaucoup d'éléments relatifs à l'histoire de la communauté ne nous sont pas encore familiers.

Un exemple qui m'est arrivé récemment.
Un jour je salue un groupe d'hommes que j'ai l'habitude de rencontrer. Je fais le tour, saluant (en langue monkolée) chacun à tour de rôle. J'étais assez content de moi, j'avais l'impression de faire assez bien.
Mais après avoir salué le dernier, un d'eux me parle en monkolé. Je comprends les mots mais ça ne veut rien dire. Il répète une fois, deux fois; je comprends toujours les mots mais toujours pas le sens. Je lui dit que je comprends pas alors il me dit en français: « c'est un peuhl qui n'a pas de lait ». Là aussi je comprends tous les mots et toujours pas le sens.
Tout le monde rigole, moi aussi, et on passe à autre chose.

Un peu après j'ai demandé au pasteur ce que ça signifie et l'explication est la suivante. L'homme que j'avais salué, je l'ai appelé par le seul nom que je lui connaisse et qui est son nom de baptême. Or son nom d'avant le baptême était "ama
fuε" c'est-à-dire l'enfant peuhl. C'est un nom qui lui a été donné par ses parents alors qu'il est monkolé. C'est un nom qu'on donne parfois à des enfants.
La "blague" est que même s'il porte le nom de peuhl il n'a pas de lait car seuls les Peuhls ont du lait (ce sont eux qui font l'élevage des vaches et qui donc peuvent vendre le lait).
Donc il était impossible que je comprenne sans avoir connaissance des noms et surnoms.

Cela étant, et c'est une note encourageante, Hilary visitait un jour une amie avec les garçons. Une femme peuhle passe, l'amie d'Hilary dit à Benjamin « tu ne veux pas la suivre? Elle a du lait ». Hilary a compris sans problème car les Peuhls sont ceux qui ont et vendent le lait.


PS: la photo c'est Simon et Benjamin observant le passage des vaches près de notre maison à Parakou

lundi 13 décembre 2010

La cuisine du roi

En monkolé, certaines expressions qui sont marquantes.
C'est le cas de l'expression 'jε bomma' qui signifie littéralement,
manger le royaume. Une traduction plus compréhensible c'est devenir roi, prendre la royauté.
Je me suis souvent demandé pourquoi on utilise le verbe 'manger' () dans cette expression sans pour autant trouver d'explications.

A défaut d'une explication, j'ai vu qu'il y avait une cohérence quand on a rencontré l'expression 'kabai ilaalu'. En monkolé, kaba désigne la cuisine donc 'kabai ilaalu' se traduit littéralement par la
cuisine du roi. Il s'agit du palais du roi, là où il siège.
Ainsi, une partie du vocabulaire de la royauté est basé sur la cuisine et je comprends mieux pourquoi on 'mange la royauté'.

PS: à noter que dans le cas de l'un des rois de Kpèdè, le 'kabai ilaalu' est une petite hutte ronde donc rien de bien extravagant.

dimanche 28 novembre 2010

Photo et fotoo


« Rendez à César ce qui est à César et rendez à Dieu ce qui est à Dieu » C'est la réponse de Jésus à une question sur le paiement de l'impôt.

Si la phrase est très connue, les évangiles rapportent que Jésus a demandé à voir une pièce de monnaie sur laquelle était gravé l'effigie de l'empereur.

Durant un cours, on lisait l'Evangile de Marc en monkolé et en particulier le texte auquel je faisais référenc. Le mot pour parler de l'effigie en monkolé est 'fotoo'.
Évidemment, ce mot est basé sur le mot 'photo' (il y a eu translitération du français en monkolé).
'fotoo' désigne une photo (logiquement!) mais aussi un dessin, une image ou encore une effigie (comme dans le texte que je mentionnais).

Quand on a demandé pourquoi c'est un seul mot qui est employé sur cela, le pasteur nous a dit que les monkolés ne faisaient pas de dessins et qu'il n'y avait pas vraiment de mot pour cela. La diffusion de dessins et de photos et la diffusion du français a alors entraîné l'apparition du mot fotoo.

P.S.: je vais essayer de faire un post sur les différentes influences qu'on peut voir dans le vocabulaire monkolé.

mardi 23 novembre 2010

Terre et champs


La propriété dans laquelle on vit possède un champ. Dans le passé, un collègue avait décidé, une année, d'y semer du maïs. J'avoue que je n'ai pas eu le courage de me lancer dans l'aventure (même si il avait eu l'aide de plusieurs ouvriers pour cela).
De plus, la femme du pasteur a l'habitude de cultiver ce champ pour elle. Cette année elle a décidé de planter l'arachide (on l'avait d'ailleurs aidé à cela – voir ici).

Dans le cadre de nos cours, on a eu une discussion à propos de la terre et des champs (discussion en monkolé bien évidemment – même s'il y a eu quelques recours au français). En effet, on voulait savoir comment on obtient un champ, comment ça se passe avec les héritages.

Beaucoup dans le village ont des champs qu'ils ont hérités et qu'ils cultivent. Ils pourront ensuite transmettre les champs à leurs enfants.

Cela dit, les familles étant nombreuses, on ne peut pas diviser les propriétés à chaque génération. Du coup, beaucoup ne possèdent pas de champs mais vont cultiver pour eux-mêmes des champs appartenant à d'autres.
Ce qui se passe c'est qu'un homme qui veut cultiver peut aller demander dans sa famille si quelqu'un a des champs qu'il peut utiliser. Si c'est le cas, il va alors semer, entretenir, récolter et il garde la totalité de la récolte pour lui. Le propriétaire ne prend rien car comme nous l'a dit le pasteur, il n'a pas souffert pour faire le travail.

Ce que la femme du pasteur fait dans notre champ est exactement ce qui se passe partout dans le village.

Il semble aussi que les questions de terre soient difficiles à régler entre ceux qui pensent posséder la terre de droit, ceux qui pensent que cela leur revient etc. Ainsi, certains des terrains autour de notre propriété sont en contestation entre deux familles. Mais notre propriété est bien en règle avec bornes et titres fonciers!

dimanche 24 octobre 2010

Trop d'eau?

La saison des pluies est finie mais les pluies n'ont pas cessé pour autant (quitte à contredire un récent post).
Depuis début octobre la chaleur est revenue et les pluies sont restées (alors qu'elles devaient aller en diminuant et disparaissant rapidement). On a donc des orages assez fréquemment (2-3 fois par semaine) avec des pluies assez longues (plusieurs heures).

C'est un problème car si les pluies étaient très attendues en juin et juillet (tellement attendues que certains avaient fait cho-lo-lo, une procession pour appeler la pluie - plus de détails ici [eng]), à présent elles sont redoutées par les cultivateurs. Les vents forts accompagnant les pluies couchent les plantes sur le sol et la pluie fait pourrir le mais ou l'arachide qui sèchent ou encore abime les fibres de coton. Bref ce sont toutes les récoltes qui sont en danger.

Notre région est assez chanceuse en regard de ce qui se passe dans le sud et la vallée du Niger. En effet, les pluies provoquent des inondations dramatiques car prêt de 680.000 personnes sont affectées (presque 10% de la population du pays) et il y a eu beaucoup de morts.
On parlait avec notre pasteur qui disait que c'est un drame pour la population qui perd tout dans les inondations. C'est aussi un problème économique car la riziculture et le maraichage qui se font dans la vallée du Niger sont durement touchés.

Plus d'infos ici:

dimanche 3 octobre 2010

A quoi ressemble la saison des pluies?

La saison des pluies est finie.
En effet, la chaleur est de retour
. D'ailleurs un ami me saluait hier soir en disant "salutation pour la chaleur" et ajoutant que lui-même trouvait qu'il fait chaud. Les orages et les vents violents sont aussi de retour mais il n'y aura plus (a priori et sauf imprédictibilité météorologique) de grandes et longues pluies.
D'ici peu de temps, on devrait avoir la dernière pluie et ensuite plus rien pendant 7 mois au moins.

La saison des pluies a beaucoup changé le paysage comme le montre ces photos (les premières prises en mars et les secondes prises en aout et octobre respectivement de gauche à droite).



En préparant les photos j'étais impressionné de voir qu'en mars la végétation a presque disparu mais qu'après les premières pluies elle revient et devient si dense, changeant complètement les paysages.

Et pour expliquer tout cela, on a encore eu en septembre quelques très bonnes pluies. Voici un petit montage avant/après pour illustrer cela notamment la rivière qui barrait l'entrée de la route de notre concession.


Toute cette eau est tombée en 3h00 et le lendemain toute l'eau avait disparu!

PS: j'ai pris beaucoup des photos avec mon téléphone ce qui explique la qualité assez médiocre ce dont je m'excuse.

vendredi 1 octobre 2010

Le monde de Simon aussi est multilingue

Dans la suite de mon dernier post, le monde de Simon aussi est multilingue.

La semaine dernière je classais des chants en monkolés. J'en profitais pour les écouter et essayer de comprendre un peu les paroles. Simon, qui aime la musique, était en train d'écouter avec moi. Puis il me demande de lui faire écouter d'autres musiques en français et en anglais. Arrive dans la playlist une chanson du groupe Sigur Ros. Simon me demande « Papa c'est quoi qu'il chante? Baatonou? Fulani? ». Le baatonou et le fulani sont deux langues importantes au nord du Bénin. Quand je lui dis que c'est islandais et que c'est une langue d'Europe il me demande si on entendra de l'islandais quand on retournera en Europe.

A ce propos, le moment où le monkolé de Simon va "exploser" s'approche. Il nous demande constamment des éclaircissements sur le sens d'expressions monkolées, sur le sens des mots etc. Il finit parfois même les phrases du pasteur quand il nous fait les cours!
Ca veut dire que l'avance qu'on avait sur lui dans la connaissance du monkolé va disparaitre!

Et Benjamin?
Il parle encore peu mais s'exprime beaucoup par signes et par sons. Il sait dire des mots comme 'pomme', 'pain', 'au voir', 'apple', 'non non non' (aawo en monkolé), 'please' en langage des signes et bien d'autres encore. Il fait aussi pleins de sons pour les voitures, les camions, les motos etc.
Ce qui est aussi intéressant c'est que quand il parle de la pluie, il utilise un mot qui ressemble beaucoup au mot pluie en monkolé. Son trilinguisme est en route!

mercredi 22 septembre 2010

Babel

Ou mon monde est multilingue.

Il y a des moments où je dois gérer (ou même parler) plusieurs langues en même temps (dans une même situation - à défaut de dire conversation). Je trouve cela toujours intéressant.

Des collègues en route pour Niamey sont passés chez nous il y a quelques jours. Ils sont anglophones donc on parlait avec eux en anglais. Ils avaient avec eux un passager béninois donc on parlait aussi beaucoup le français pour ne pas l'exclure de la conversation.
Ensuite, des amis monkolés étaient à la maison donc on parlait - avec moins de facilité que le français ou l'anglais bien évidemment - avec eux en monkolé mais eux parlaient avec nos collègues en français. Ils parlaient même en baatonou avec le passager de nos collègues.
Bref quatre langues parlées en même temps (dont trois que je connais au moins un peu). Et c'est sans tenir compte de Benjamin qui s'exprime aussi dans sa langue.

Une chose dont je me rends compte c'est que je trouve maintenant presque normal d'être dans un endroit avec d'autres personnes (visiteurs, amis etc.) et de ne pas pouvoir comprendre toutes les conversations. Normal ici est à prendre dans le sens que c'est la norme, c'est une circonstance assez courante.
En effet, nos amis béninois parlent beaucoup de langues et parmi nos collègues il y a aussi une grande diversité linguistique (français, anglais, allemand, suisse allemand, néerlandais).
Cela s'étend même aux réunions. Quand j'étais dans des réunions du conseil de la mission, on travaille en français car c'est plus facile pour nos partenaires béninois. Il est normal et admis que l'on puisse avoir des apartés dans d'autres langues sans que personne ne trouve à redire.

En fait, je me rends compte que j'aime bien entendre des langues différentes et parfois au village je me dis que je voudrais commencer à apprendre un peu le fulani pour au moins être capable de saluer les peuhls du village.

mardi 7 septembre 2010

Sur la route

Durant les mois de juillet et d'aout, j'ai du voyagé pas mal entre le Nord et le Sud du Bénin. Les routes, durant la saison des pluies, sont toujours l'occasion de voir des scènes assez intéressantes.

Ceci n'est pas une piste en terre rouge mais la route inter-état qui va du Sud au Nord. Elle est tellement dégradée et pleine de trous que le goudron a disparu laissant la boue.


L'état de santé des camions est très variable et certains essaient d'avancer même avec une patte cassée!

vendredi 3 septembre 2010

L'enfant de là-bas

Nous avons passé une grosse dizaine de jours en voyage. On devait renouveler nos cartes de résidence et pour cela aller à Cotonou. On avait aussi plusieurs réunions de notre mission auxquelles nous devions assister.
Ces différents voyages nous ont permis de faire quelque chose de très apprécié dans la culture béninoise: c'est faire amai b
є.

Amai bє est une expression monkolée qui peut se traduire par « l'enfant de là-bas ». Cela désigne un cadeau que l'on fait à des amis ou à ses proches en revenant d'un voyage. Traditionnellement, on ramène pour ses amis et sa famille des choses qu'on ne trouve pas au village mais qu'on peut acheter pendant le voyage.
Si on revient de Cotonou on donnera le cadeau au destinataire et on dira amai Cotonou (l'enfant de Cotonou).

Je dois dire que dès le début j'ai trouvé cela très bien (et on nous a fait comme cela des beaux cadeaux) mais j'ai eu du mal à savoir quels cadeaux faire. A présent je comprends mieux que c'est un cadeau qui est destiné à marquer l'occasion ou à rendre service.
De notre expérience, voici quelques exemples:

  • Les ananas achetés dans le Sud du Bénin et que de Parakou à Malanville on apprécie beaucoup car on les trouve plus difficilement et beaucoup plus chers sur les marchés.
  • Les ignames qu'on trouve entre N'Dali et Bembéréké et que les gens de Kandi ou de Cotonou aiment beaucoup. C'est le bon cadeau à faire en ce moment car les premières ignames sont en vente depuis quelques semaines.
  • J'avais aussi découvert qu'un ami appréciait beaucoup recevoir une bougie de bonne qualité car il n'avait pas l'électricité et comme cela, la bougie lui permettait de lire le soir.
  • On nous a aussi offert du lait frais que des femmes Fulani vendaient. Après quelques recherches sur la meilleure façon de le stériliser ça m'a fait un très bon lait au chocolat.

dimanche 8 août 2010

Bus ou taxi?


Entre 2006 (date de mon premier voyage au Bénin) et maintenant les choses ont beaucoup changé.
Un changement notable est le fait que sur les grands axes on voit souvent des bus qui font des liaisons régulières entre les grandes villes.

Quand nous étions à Parakou, j'ai plusieurs fois voyagé entre Parakou et Cotonou avec le bus. En décembre 2009, j'ai compté près de 15 sociétés différentes qui faisaient ce service.

Il y a pas mal d'avantages à ce type de transport:


  • Temps de voyage acceptable: 7 heures s'il n'y avait pas de problème ou de détour (mais j'ai fait le trajet en 5 heures récemment – sans faire de pause c'est vrai!)

  • Horaire de départ régulier: matin et midi en général. L'heure d'arrivée dépendait un peu de la fiabilité de la compagnie.

  • Possibilité de réserver en avance et de modifier son billet: j'avais essayé et ça marchait bien.

  • Prix fixe. A ce propos les prix variaient très fortement entre les sociétés (presque du simple ou double). Ce qui expliquait cela c'était la qualité des bus, le niveau de confort.

  • Conditions de voyage correctes dans le car que je prenais: air conditionné (mais attention réglé sur 20°C donc port du pull impératif), vidéo (mais très très fort ce qui est lassant au bout de 7 heures).

Récemment je devais aller pour des réunions de travail à Parakou. Je savais qu'il y avait des liaisons entre Malanville et Parakou en passant par Kandi. Du coup j'ai tenté le car et ça s'est révélé plus complexe que prévu.


Les cars qui passent à Kandi sont des cars qui font les liaisons Niamey – Cotonou (via Malanville) ou Malanville – Cotonou. Ce que j'ai appris c'est que:


  • les réservations à l'avance – moyen pratique de garantir sa place – ne sont prises que pour les trajets de Kandi à Cotonou

  • pour les trajets plus courts (et donc moins chers), il faut venir une heure avant le passage du car pour savoir s'il y a de la place.

Après pas mal de discussions, le monsieur de la compagnie que j'avais choisi m'orienté vers une autre société (qui a des cars plus petits et moins ''luxueux'') et j'ai pu voyager sans problème.

Du coup, pour le retour j'ai préféré prendre le taxi de brousse. Plus rapide et surtout possibilté de partir de Parakou à 6h20 pour arriver à la maison avant 11h00. Du coup, le taxi se révèle plus fiable que le bus dès qu'on sort des trajets simples.
Et en plus j'ai appris des choses sur l'histoire des monkolés!


PS: et dans les taxis il y a un semblant de prix fixe car sur la planche de bord de celui que j'ai pris au retour, il y avait des tarifs pour les différents trajets.

lundi 2 août 2010

Monkolé?

La semaine dernière je suis allé à Parakou pour des réunions professionnelles. Au retour, pendant que j'étais dans le taxi j'ai suivi une discussion très intéressante sur les Monkolés.

Tout à commencer quand on s'est arrêté pour prendre un vieux monsieur qui commence à me saluer en langue baatonoue. Je réponds « alafia » comme il convient (et là s'arrête ma connaissance du baatonou).
Quand le chauffeur entend cela il me demande si je comprends le baatonou (« non »), le dendi (« non encore »). Du  coup il me demande quelle langue je comprends et là je dis « monkolé » (et peut-être me suis-je un peu trop avancé en disant monkolé mais heureusement il ne m'a pas testé).

Le vieux monsieur se met alors à raconter l'histoire des Monkolés et il a confirmé ce que j'ai entendu de plusieurs sources.
Quand on regarde la carte ethno-linguistique du Bénin, ce qui est intéressant à repérer c'est que le monkolé est apparenté au yoruba mais si les Yorubas se trouvent dans le sud du Bénin principalement, les Monkolés sont regroupés au nord.

En fait, les Yorubas se sont installés dans le sud de (l'actuel) Bénin en provenance de (l'actuel) Nigéria. C'est une des grandes migrations qui a eu lieu autour du 17ème siècle.
Du yoruba sont issues différentes langues dont le nago, l'ife, le idatcha et bien évidemment le monkolé (toutes sont localisées dans le centre ou le sud du pays sauf le monkolé). L'idatcha est parlé dans la région de Dassa et c'est de là que viennent les Monkolés.

A un moment il y a eu une guerre entre deux rois ou deux princes à Dassa. Le plus jeune, pour éviter plus de troubles, a alors quitté la région avec ses partisants et est allé au Nord. Ils se sont installés dans des villages proches de chez nous comme Kandi-fô, Lolo, Saah et les gens ont continué à parler leur langue mais en la faisant évoluer. C'est ce qui a donné la langue monkolée.

Si cette histoire explique pourquoi une langue apparentée au yoruba se parle dans le Nord du Bénin, elle explique aussi le nom de la langue.
En effet, plus tard, quand des émissaires sont allés de Dassa chez les Monkolés pour leur demander de revenir, ces derniers ont dit  « non on a construit » sous entendu, non on ne veut pas revenir. En yoruba cette réponse s'entend 'monkolé'.
Pour preuve de cela, l'expression en monkolé qui désigne le couvreur ou le charpentier est « woo kɔ ile » et à l'écoute on entend [wookole]. 'woo' signifie 'celui-qui', '
' signifie couvrir et 'ile' désigne la maison

Donc les Monkolés qui avaient bati leurs maisons et faits les toitures sont restés sur place.

Voilà un petit aperçu de l'histoire des Monkolés

PS: le  mot 'monkolé' n'existe pas en monkolé. En effet, les gens désignent leur langue par « la langue ». Donc on n'apprend pas le monkolé, on apprend la langue.

PPS: « la langue » est désignée sous plusieurs termes; monkolé, mokolé, mokollé.

mardi 20 juillet 2010

Cotonou

NB: ce post compile des informations glanées au cours de l'année écoulée car j'ai eu plusieurs fois l'occasion d'aller à Cotonou.

Il y a deux semaines je suis allé à Cotonou pour chercher des amis qui travaillent cet été au Bénin.
Une chose qui avait facilité notre installation l'année dernière c'était le fait qu'un collègue vienne nous chercher pour nous amener à Parakou (moins de stress avec les enfants, les bagages, les cars ou les taxis). On a donc pensé que c'était plus facile que j'aille chercher nos amis qui ont deux jeunes enfants avec eux.

J' ai profité de ce voyage pour faire quelques courses. Si la variété de choses que l'on peut acheter à Cotonou est très impressionante, j'ai trouvé tout cela très fatigant. Je n'ai plus l'habitude de devoir choisir entre 5 versions d'un même produit. A Parakou, et à plus forte raison à Kandi, tu prends dans ce qui est présenté!

Alors que trouve-t-on à Cotonou?
On trouve beaucoup de magasins type supermarchés. On a presque l'impression que les supermarchés se spécialisent, Ainsi, il y un Leader Price où on trouve (entre autres) des produits de cette marque, le supermarché du Pont vend principalement les produits français classiques et supermarché Mayfair pour les produits plus britanniques et asiatiques.
C'est d'ailleurs assez amusant de faire ses courses à Mayfair. on a presque l'impression de se retrouver à Tesco ou Sainsbury's (mais en 100 fois moins grand - c'est dur de se croiser dans les quelques allées du magasin). Ainsi on trouve: Shredded wheat, thé PG tips, Bird's Custard, Foxs Creams ginger biscuits, Lyle's Golden Syrup, Marmite, produits Imperial Leather etc. etc. Et à la caisse, il est plus facile de parler avec le patron en anglais qu'en français. Bon, j'aime bien voir les rayons mais on ne prend plus trop ces produits.
En un sens, ces différents magasins montrent que les expatriés viennent de partout et plus seulement de France. Il y a de plus en plus d'asiatiques qui travaillent à Cotonou ce qui diversifie l'offre de produits.

Et puis il y a un hypermarché, Erevan, près de l'aéroport. Là c'est un bon moyen de se repréparer à l'Europe car ça ressemble à un hyper en France.

Enfin, il est aussi possible d'acheter sur les marchés ou aux carrefours et aux feu-rouges. Là on trouve tout (recharges de téléphones, ballons, lunettes de soleil, casque de moto, mouchoirs, couvre-sièges de voiture) à des prix qu'il faut négocier sachant qu'essayer de négocier le prix d'une boite de mouchoirs à un feu rouge dans le centre de Cotonou est un peu sport et demande d'être sourd aux klaxons.

samedi 19 juin 2010

Fieldwork

Several people warned us that at the beginning of rainy season, it wouldn't be possible to carry on our language lessons as usual. Most of the people in the village work in the field and have to prepare their fields.


So, since beginning of June we have stopped our language lessons with the pastor. I've have done some work around the house and listened to recordings in Monkolé. Hilary is busy preparing the next stage of our language learning.


But language and culture learning is also about becoming part of the community and participating in the community. So last Thursday morning we have done something more practical. We have been in the field with the lady who helps with housework. She was planting peanuts and we helped her.


So a couple of pictures to explain:





Planting the seed in a little hole in the soil


Covering the seed with soil
We now just hope that what we've done will succeed!

jeudi 17 juin 2010

Semailles


Tout le monde au village travaille aux champs y compris celles et ceux qui peuvent avoir un autre travail. Du coup, l'arrivée des premières pluies a fait que tout le monde est occupé aux travaux agricoles.

Une des conséquences c'est que les cours de langue sont en stand-by depuis le début du mois de juin. Cependant, l'apprentissage linguistique et culturel c'est plus que les cours, ce sont rencontrer et visiter les personnes et c'est aussi participer à la vie de la communauté.

Ainsi dimanche dernier, j'ai assister à une partie de la cérémonie de libération d'un apprenti. Comme je n'ai pas eu le temps de tout voir je n'en parlerai pas là.

Par contre ce matin, avec Hilary et les garçons nous avons un peu expérimentés un peu les travaux agricoles.
Après des pluies importantes la nuit dernière et ce matin, la dame qui travaille chez nous le matin est venu pour dire qu'elle voulait semer l'arachide dans le champ qu'elle cultive dans notre propriété. Du coup nous sommes allés observer et participer aux semailles d'arachide.

En fait, ce matin c'était la deuxième fois que les semences avaient lieu. Les gens avaient semés il y a quelques jours et ont voyait déjà des petites plantes commencer à pousser. Donc le travail du jour consistait à:


  • Faire des trous dans le sol là où les semences précédentes n'avaient pas germées.

  • Mettre une graine d'arachide dedans.

  • Recouvrir de la terre.
Simon a essayé ainsi qu'Hilary et moi.
C'était une expérience intéressante même si je n'ai planté qu'un bol de graines ce qui représente quelques rangs dans le champ. On a pu voir le travail que cela demande mais aussi ayant planté une partie des graines, il faut voir comment la croissance va se faire.
Reste juste à espérer que nos débuts dans le travail agricole ne vont pas gâcher le travail et que ce qu'on a semé va germer. Réponse dans deux ou trois semaines.

dimanche 13 juin 2010

Visite royale... et stress culturel

Depuis une quinzaine de jours je me dis que je dois écrire un post mais au lieu d'écrire je procrastine.

Cela étant, ce matin nous avons eu une visite de la plus haute importance.
En effet, vers 7h00 alors que j'étais en train de préparer le petit déjeuner, deux hommes m'appellent à la porte de la concession. Je vais ouvrir et reconnais tout de suite que c'est l'un des rois du village qui est là avec un aide.
Je dois dire que si j'ai reconnu l'un des rois c'est à son chapeau. En effet, il porte un chapeau vers l'arrière et on nous a appris que seuls les rois le porte de cette façon.

Je les fais entrer à la maison et les fait asseoir au salon. On parvient à discuter en monkolé, les garçons saluent correctement et font des sourires. Après une dizaine de minutes de discussion, nos visiteurs repartent.

J'ai beaucoup apprécié cette visite et j'espère que ça s'est bien passé. C'est d'ailleurs ce qui m'amène à la seconde partie du titre de ce post.

En effet, dans les minutes qui ont suivi la visite j'ai eu la même réaction qu'après toute discussion ou interaction ici: une impression de stress culturel.
En effet j'ai commencé à réaliser toutes les erreurs que j'ai pu (ou sûrement dû) faire: je n'ai pas fait une vraie genuflexion au moment de saluer, je ne sais plus si j'ai employé le pluriel de respect en parlant au roi, je l'ai fait entrer par la cuisine car la porte principale de la maison était encore bloquée, j'ai donné de l'eau mais ne savais pas si c'est cela qu'il fallait faire etc. ...
Bref, au lieu de me dire que j'ai vu le roi, je stresse!

En résumé et cela caractérise beaucoup de ce qu'on vit en ce moment, même s'il y a des motifs de satisfaction et même si j'ai un peu compris ce dont on a discuté, chaque discussion ou chaque rencontre entraîne son lot de questions ou de doutes, fait réaliser qu'il y a tellement de choses que je ne comprends pas.

Je pense que dès que c'est possible je vais me faire débriefer et expliquer l'étiquette par le pasteur de l'église.

jeudi 6 mai 2010

Papa il faut...

Dans un post précédent, j'ai évoqué le fait que les formules de politesse que j'ai l'habitude d'employer ne sont pas toujours utiles.
Mais comment faire pour apprendre la politesse à Simon?

Depuis quelques mois; une nouvelle expression est entrée dans le vocabulaire de Simon: « Papa, il faut... » suivi de « ... jouer au foot », « ... lire des livres », « ... me donner de l'eau » etc.

Le problème que j'ai eu c'est que Simon ne semble pas comprendre que ce n'est pas, de mon point de vue, la façon correcte de demander quelque chose. Certes, et il faut mettre cela au crédit de Simon, il fait des efforts et dit « Papa, il faut jouer au foot / lire des livres / me donner de l'eau s'il te plaît » mais j'ai toujours un peu de mal avec cela.

C'est seulement en discutant avec une collègue et en écoutant des enfants au village que j'ai compris pourquoi Simon demandait comme cela. En effet, si on veut demander quelque chose, il faut demander directement. Ainsi, on a souvent vu des gens nous visiter et dire « de l'eau! », « il y a de l'eau ici? », « il faut donner l'eau fraîche ».
Au début c'est un peu difficile de s'y faire mais Simon qui écoute tout très attentivement à calquer sa façon de demander sur ce qu'il entendait.

Du coup, on est dans une recherche de compromis: le « s'il te plaît » est impératif et de temps en temps je le corrige sur le « il faut... »

mardi 27 avril 2010

Uniforme et fête

Il y a une dizaine de jours, nous avons assisté à la fête de départ de notre collègue Grace, fête qui était organisée par les églises monkolées. C'était la première fois que l'on assistait à une manifestation comme cela et ça a été une très bonne expérience.


On a aussi pu observer quelque chose qui est souvent fait pour un mariage ou une fête (Noël, Nouvel An, Pâque ou tout autre célébration) et qui est d'avoir un uniforme que les participants peuvent porter.


L'uniforme est en général un tissu pagne qui est choisi spécialement pour l'occasion et qui sert à identifier les participant-e-s. Il est parfois possible, concession à la modernité, que le pagne soit remplacé par un t-shirt, c'est ce que les jeunes font souvent pour des fêtes.



Donc pour la fête en l'honneur de notre collègue, un uniforme avait été choisi et nombreux étaient les personnes qui le portait (comme le montre les photos).


Ce que je trouve intéressant avec l'uniforme c'est que pour une occasion festive, on laisse la possiilité que tout le monde puisse être habillé de la même manière (ou au moins avec le même tissu). Une amie béninoise nous a dit que parfois pour un mariage, les jeunes filles peuvent choisir d'avoir le même tissu et le même modèle mais aussi les mêmes chaussures, la même coiffure, le même petit sac.



On est donc loin des traditions occidentales actuelles où, en étant un peu réducteur, la faute de gout c'est de porter le même vêtement qu'un-e autre personne lors d'une fête. Peut-être, mais je peux me tromper, cet uniforme est un moyen d'affirmer son identité et son appartenance à un groupe.Cela étant, si un groupe (comme par exemple) les jeunes choisis de faire un uniforme pour Pâque ou Noël, ils veilleront que personne d'autres dans l'église ne choisisse le même car ce serait une faute de gout.





Avec Hilary et les garçons ont avait fait faire des costumes pour la fête avec le tissu.



PS: Et pour la petite histoire, les organisateurs avaient posés quelques conditions pour le choix du pagne en termes de couleurs (pour que cela aille bien à notre collègue Grace) mais aussi il fallait que ce tissu n'ait jamais encore été vendu à Kandi (donc une sorte de tissu exclusif donc le premier ballot mis en vente a été acheté par une couturière du village).

dimanche 25 avril 2010

Santé des garçons

preuve de vaccinationUne des choses dont nous sommes très reconnaissants c'est que la santé des garçons a été bonne depuis notre arrivée au Bénin. Pas de maladies graves; seulement quelques rhumes et quelques troubles digestifs qui sont rapidement passés.

Et la santé des garçons est plutôt bien suivie.
Aujourd'hui, et pour la deuxième fois depuis notre arrivée à Pèdè, on a eu la visite d'une équipe de vaccination. A chaque fois ce sont deux hommes qui sont venus et qui ont fait la vaccination contre la polio (vaccin sous forme orale). Au cours de la visite ils donnent d'autres choses comme des compléments vitaminiques ou un traitement anti-parasitaire.
Ensuite, ils font un signe sur la main des garçons pour que l'on sache qu'ils ont été vu.

Ils semblent que ces équipes passent régulièrement pour faire le suivi de tous les enfants du village et s'assurer que les vaccinations sont faites. En effet, il y a régulièrement des campagnes de vaccinations. C'est
dans le cadre d'une campagne gouvernementale que Benjamin avait eu, en décembre, le vaccin contre la fièvre jaune.

PS: la photo montre une indication laissée sur le portail de la concession indiquant qu'en mars on avait eu une visite de l'équipe de vaccination.

mercredi 14 avril 2010

Politesse

Dans un post précédent, je rapportais que la façon que j'ai d'être poli et qui est adaptée à la France, doit être révisée au Bénin.

La politesse est conçue de façon différente. Au risque d'être un peu dans l'erreur ou de trop simplifier, je dirais qu'elle concerne d'autres domaines et en particulier le respect à montrer aux autres. Voici quelques exemples:

  • On apprend à un enfant qu'il doit toujours donner avec la main droite. Utiliser la main gauche est une insulte (même s'il est possible de s'excuser ou de contourner la difficulté - a priori sujet d'un autre post).
  • On appelle un homme ou une dame « Papa » ou « Maman » comme marque de respect.
  • On ne dit pas qu'une personne plus âgée que soi à tort, on dit qu'elle n'a pas raison. Ça paraît un peu choquant quand on vient d'une culture occidentale dans laquelle on est très fier de tout se dire mais ici c'est une façon de marquer le respect pour quelqu'un de plus âgé.

Ce sont quelques exemples que j'ai pu voir et la liste va surement s'étendre avec le temps.

mardi 13 avril 2010

Premières fraises

English translation below

Hilary a déjà publié des posts sur des fruits intéressants que nous avons découvert et dégusté (lire ici).
Plutôt que de la plagier, voici une photo de fruits délicieux que des amis qui travaillent à Niamey nous ont envoyé la semaine dernière. Il est vrai qu'ils ont un air de familiarité mais ce sont bien des fruits locaux (en tous cas qui ont poussé à Niamey).


Ce sont des fraises qui sont cultivées à Niamey (Niger). Alors que l'on est toujours en saison chaude (et sèche), et alors que les premières fraises ne sont pas encore mures en Europe, nous avons déjà pu en déguster.
* * *

Hilary has already published some photos of fruits we've tasted here in Benin (read here). I'm doing the same today although, these fruits are well known in Europe. Yes, last week we had strawberries. They were sent to us by some friends living in Niamey and these strawberries are grown there.

vendredi 9 avril 2010

Savoir demander et inviter

Une des leçons que j'ai apprise quelques mois après notre arrivée au Bénin c'est que la politesse comme elle est conçue en Europe ne sert pas forcément ici. C'est pas mauvais mais ça ne donne aucun avantage. On pourrait dire que ça fait entendre qu'on est des étrangers mais la couleur de peau est déjà une indication!

Un jour, je suis allé dans un magasin où on connait bien les vendeuses. Je commence à dire ce que je veux « du sucre, s'il vous plait; de la farine s'il vous plait; etc. » Et pendant que je suis en train d'être servi, une des vendeuses me dit qu'il ne faut pas demander comme cela car je n'ai pas à m'excuser.
En discutant avec notre tuteur de langue, il me dit que on ne dit pas s'il te plaît ou s'il vous plaît à un vendeur. En effet, son rôle est de me servir car je suis le client. Et il est vrai qu'en observant d'autres faire leurs courses, les personnes parlent très directement: « du sucre », « des haricots » etc.

Un autre exemple, un jour je devais aller à Pèdè (quand on était encore à Parakou). Comme j'y allais en voiture, je me suis dit que si notre tuteur voulait venir avec moi ce serait bien (Pèdè est son village).
Donc lors d'un cours, je lui demande (en monkolé): "est-ce que tu veux m'accompagner au village".
Sa réponse est « Non! On ne dit pas comme ça ». j'aurais du dire « Accompagne-moi »
L'une des difficultés c'est que du coup, la personne qui reçoit cette demande est plus ou moins obligée d'accepter car on ne refuse pas.

C'est un peu pareil avec les repas (et là c'est à la fois mon observation et ce que dit David Maranz dans African Friends and Money Matters). Quand on mange, il est bon d'inviter les personnes qui seraient de passage à la maison. mais si on dit « est-ce que tu veux rester manger? », la personne va dire « non » même si elle veut bien. Ce qu'il faut dire c'est « tu reste manger! » sans question et sans laisser de choix. Et comme nous l'ont expliqué plusieurs amis béninois, même si la personne n'aime pas la nourriture elle devra manger.

vendredi 2 avril 2010

Frustration linguistique

Depuis que nous sommes arrivés au village nous expérimentons un peu de frustration par rapport à notre niveau de langue.
Nous savions que l'on aurait des difficultés à comprendre la langue vu qu'on n'avait pas encore vécu dans un environnement monkolophone, mais savoir une chose et l'expérimenter sont un peu différents.

La frustration vient essentiellement du fait qu'on a des niveaux assez différents dans nos compétences en monkolé.
  • On arrive sans trop de problème à lire. Cela s'explique assez facilement parce que le monkolé s'écrit phonétiquement. Là où on a du mal c'est à mettre les tons parce qu'à l'écrit, on ne les indique pas pour ne pas surcharger le texte.
  • On arrive aussi à écrire (là encore le fait que l'écriture soit phonétique aide beaucoup).
  • On peut parvenir à s'exprimer un peu à l'oral, raconter ce qu'on fait, poser des questions etc. Ainsi j'avais pu expliquer à une dame qui travaille pour nous qu'elle devait venir travailler même si on s'absentait durant une journée pour aller à Malanville. Tout ceci pourrait faire croire que je suis assez compétent.
  • Par contre, on a encore beaucoup de mal à comprendre quand on nous parle. On est obligé de faire répéter nos interlocuteurs, répéter encore pour essayer de comprendre et parfois les gens laissent un peu tomber (et d'autres essayent d'expliquer un peu en français ce qui n'est pas facile pour eux).

A l'oral ce qui semble difficile c'est que les gens parlent vite (ou en tous cas ça nous semble rapide). Et en plus le vocabulaire manque (j'ai déjà pas mal perdu durant le temps du déménagement).
Et puis on n'a pas toujours le contexte de la conversation ou la direction dans laquelle on va ce qui fait qu'on découvre sur le coup (ou plutôt après coup quand on commence à comprendre).

Tout ceci est normal; ça constitue une partie du choc linguistique. La question qui reste est de savoir comment le négocier. En un sens c'est motivant; il faut parvenir à parler et entendre la langue si on veut pouvoir travailler parmi la population monkolée. D'un autre coté ça demande de la persévérance.

mercredi 24 mars 2010

Du Sud au Nord


Ca y est, j'ai enfin parcouru tout le Bénin du Sud au Nord le long de la route inter-états.
Ca n'a rien d'exceptionnel mais cela veut dire qu'on a donc été tout au Nord du Bénin. et pour diminuer la valeur de cela j'ai fait cela en plusieurs étapes sur plusieurs mois.
Il y a quelques jours nous sommes donc allés à Malanville qui est le ville-frontière avec le Niger.

Idéalement, j'aimerais faire le trajet Cotonou-Malanville en une fois car on remarque assez clairement combien les paysages changent plus on avance vers le Nord. En prenant des photos ça rendrait les choses encore plus explicites. Alors, je compile quelques impressions:
  • Au Sud, du fait des fortes précipitations et de la longue saison des pluies, il y a beaucoup de forêts. Plus on monte vers le Nord, moins il y a de forêts et même moins il y a d'arbres. Si du côté de Bembéréké on trouve encore des massifs forestiers quand on s'approche de Malanville, il n'y a presque plus d'arbres, seulement des arbustes. On voit qu'on s'approche de la zone sahélienne. En plus du manque de pluie, le bois est très utilisé pour le chauffage ce qui entraine un fort déboisement dans le Nord (lui-même peu favorable aux précipitations).
  • La population est très inégalement répartie le long de l'axe Sud-Nord. Dans le Sud, le long de la route il y a tout le temps des villages, la population est très dense. Dans le centre, on voit aussi des villages assez fréquemment mais la distance entre deux est plus grande. Après Kandi et au plus au Nord, on traverse sur 100 km cinq ou six villages et entre deux villages il y a très rarement des habitations.
A présent il ne me reste plus, lors d'un prochain voyage à prendre des photos le long de la route pour illustrer cela.

mardi 16 mars 2010

My mobile phone writes Yoruba

I've recently bought a new mobile phone and I've seen something interesting about languages.

This phone has been designed for Nigeria and this explains why the menus are available in English (Nigeria is an English-speaking West African country), French (useful if you want to sell phones in French-speaking countries). But the menus are also available in Yoruba, Hausa and Igbo, three important languages in Nigeria. And it's possible to send text message using these languages (some having different characters).

Two not-so-good pictures to show the menus in French and in Yoruba:



I think it's a good example of glocalization: adapting to local markets goods that you want to sell worldwide. Although, as Hilary pointed out, to use your phone in Yoruba, Hausa or Igbo, you must be literate in these languages.

PS 1: Interestingly, the booklet that came with the phone explains how to write text messages in Arahmaic (language spoken in Ethiopia and which uses a different set of characters).

PS 2: to be honest, when I changed the settings from French to Yoruba, I found a bit hard to go back to French because although Yoruba and Monkolé are related, they are written differently and I'm not fluent in Yoruba.

vendredi 12 mars 2010

Saison chaude


Depuis maintenant un mois (mi-février) la saison chaude a commencé.

Au dire de nos collègues et de beaucoup d'amis d'Afrique de l'Ouest c'est très en avance et ce n'est pas une nouvelle très agréable.


Alors voici en quelques points ce à quoi ressemble la saison sèche:
  • Tout est très très sec. Il n'y a presque plus de végétation et même à proximité de toutes les habitations il y a des traces de brulis pour se protéger contre les feux. J'imagine que pour les éleveurs s'est devenu très difficile de trouver où faire pâturer les animaux.
  • Logiquement il fait chaud le jour (36-38°C dans la maison, 40-44°C à l'ombre) et aussi la nuit. C'est d'ailleurs ça le principal changement car du coup la maison n'a pas le temps de se refroidir.
  • Il y a du vent mais parfois l'effet que le vent a est le même que de se mettre la tête sous un sèche-cheveux (donc pas très rafraichissant).
Cela étant, on supporte plutôt bien (pour le moment) même si c'est parfois un peu difficile de dormir. Et il faut aussi dire que notre maison est très bien conçue car le moindre souffle d'air traverse sans problème et aère la maison. Et la chambre des garçons reste assez fraiche dans la journée (mais on n'oserait pas y mettre un thermomètre). Et puis, pour tout le monde le rythme des journées s'est ralenti: les travaux des champs sont en pause jusqu'au retour des pluies. PS: parler de la température de la chambre des garçons me rappelle un objet qu'on n'a pas pris en quittant l'Europe. C'est un petit thermomètre de chambre pour enfants qui dit la témpérature et indique en parrallèle si c'est frais (16°C), normal (18-20°C) ou alors trop chaud (> 22°C).

mercredi 10 mars 2010

Mon téléphone est Yoruba, Hausa.... et français

J'ai changé de téléphone portable et j'ai découvert des choses intéressantes.

Parmi le très nombreux modèles, on trouve un produit assez typiquement béninois: le téléphone double SIM capable de gérer deux cartes SIM de deux opérateurs téléphoniques différents. C'est bien adapté au Bénin car ici il est courant que les gens aient deux ou trois numéros de téléphone portable, chacun fournit par un opérateur différent.
La raison à ces multiples numéros est que quand on appelle un mobile sur le même réseau la communication est moitié moins chère (et parfois gratuite). Du coup plusieurs SIM permet de jongler avec les multiples réseaux.

Le téléphone que j'ai acheté est un mobile pour le marché nigérian. Le chargeur est donc un chargeur de type britannique mais surtout, les menus peuvent apparaître en cinq langues différents: anglais (normal, le Nigéria est anglophone), français (pratique pour être vendu dans la sous-région) mais aussi Hausa, Yoruba et Igbo. Ces dernières sont trois langues très importantes au Nigéria, preuve que certains fabricants ont bien compris l'intérêt de tenir compte des langues nationales.

Enfin, ce ne sont pas seulement les menus qui sont disponibles en plusieurs langues, il est aussi possible de texter dans ces langues. Cela me rappelle ce que notre aide linguistique nous avait montré à savoir qu'il peut texter en monkolé (en utilisant des symboles à la place des caractères spéciaux).

N b> Kp££d£ azuma iyi i l>

Je suis allé à Pèdè la semaine passée

PS 1: une des limites quand même à mettre des langues nationales c'est le fait que sans alphabétisation, les utilisateurs ne peuvent pas trop profiter des menus et fonctionnalités.

PS 2: je me demande si Nokia a lancé les lignes de vêtements qu'on peut voir ici au Bénin. On trouve partout des t-shirts pour hommes ou femmes avec marqué en gros le nom de la marque et le nom d'un modèle.

dimanche 21 février 2010

Retour vers le passé

A certains égards, avec notre installation dans le Nord j'ai l'impression de revivre les mêmes étapes que lors de notre arrivée à Parakou. En effet, on doit réapprendre beaucoup de choses qui après plusieurs mois à Parakou étaient devenues routinières: où faire les courses, où trouver les fruits et les légumes, comment organiser nos activités, comment faire pour la garde des enfants etc.
Du coup, alors qu'on avait depuis plusieurs mois une impression de pouvoir faire pleins de choses et avancer, là on doit recréer toute la vie de la petite famille. C'est un peu le retour à la case départ mais dans un environnement différent.

On doit aussi apprendre à gérer l'eau et l'électricité. Si à Parakou on avait l'eau courante et l'électricité, ici nous avons notre propre puits et des panneaux solaires.
On découvre la gestion de tout cela: comment faire le meilleur usage de cela, comment faire quand il y a des jours très nuageux, comment faire fonctionner un frigo à kérosène (très utile pour se passer de l'électricité mais très subtil à régler - d'ailleurs encore trop subtil pour moi). Pour le moment ça se passe bien.
Il est clair que d'un côté on est à la merci de beaucoup d'impondérables (comme la présence de nuages, la pluie etc.) mais on a moins de soucis que nos amis à Parakou qui depuis plusieurs semaines expérimentent des coupures d'électricité quotidienne (et les coupures d'eau qui les accompagnent).

Autre chose qui me rappelle l'arrivée au mois de mai, on doit s'habituer à un autre climat car on est plus au Nord. Ici c'est la chaleur qui augmente de jour en jour. Donc nos organismes doivent recommencer cet apprentissage mais d'ici trois mois, on aura passé le gros de la saison chaude et alors on aura connu et vécu toutes les saisons de l'année au Bénin.

Enfin, et là c'est une différence, on est dans un environnement dont on ne maitrise pas la langue et pas la culture. La majorité des personnes ici parlent pas ou très peu le français ce qui tombe bien puisqu'on doit alors vraiment communiquer en monkolé.

Dans tous cela, les garçons semblent bien à l'aise et sont très joyeux. La visite du village s'est passée sans problème et sans stress ce qui était très positif.

jeudi 18 février 2010

Visites officielles

Ce lundi nous avons fait notre visite auprès des autorités et des personnages importants dans le village de Pèdè. Donc accompagnés de notre collègue qui habite le village depuis 10 ans et du pasteur de l'église nous sommes allés en famille saluer ces différentes personnes. Ainsi nous avons pu rencontrer le chef d'arrondissement, un des imams de la ville, les deux rois et différentes autres personnes.

On a pu donc mettre en pratique notre connaissance des formules de salutations et les réponses à faire quand on nous salue. Dans ces moments là j'avais l'impression de commencer à maitriser la communication en monkolé. Par contre dès que la conversation s'engageait il me fallait que quelques secondes pour être perdu – preuve qu'il y a du chemin à faire. Et nous avons eu beaucoup de bons vœux et de paroles d'encouragements ce qui était gentil.

C'était intéressant de voir qu'il y a deux rois dans le village et cela s'explique par le fait qu'il y a deux quartiers (en fait les deux moitiés du village qui se trouvent de part et d'autres de la route inter-état). Les deux rois sont deux hommes âgés et on est passé près du palais de l'un d'eux qui est en fait une petite hutte qui d'apparence fait très simple.
Par contre je n'ai pas encore pu me renseigner sur le choix des rois et leurs rôles; ce sera à faire plus tard.

En circulant dans le village on a pu constater que la concession est la structure de base. Donc dans une propriété close, il y a plusieurs maisons et les différentes composantes de la famille élargie vivent dans ces différentes maisons. Cela explique d'ailleurs qu'en monkolé pour désigner la maison il y a plusieurs mots. Parmi ceux-ci l'un désigne le bâtiment, l'autre désigne la concession.

Et comme l'avait dit notre tuteur de langue à Parakou on voit clairement dans le village que ce sont les activités agricoles qui occupent les gens. D'ailleurs il y a pas mal de troupeaux de vaches ce qui a beaucoup intéressé les garçons pendant la visite.

jeudi 11 février 2010

Moving North

Here are some photos of our recent move to the village of Pèdè in Northern Benin.


Until the last minute Simon was busy playing with his calculator. Simon a voulu continuer à jouer jusqu'à la fin.

Most of our stuff were transported by a taxi. As this photo shows, packing a taxi is a very specialised job. Le chargement du taxi, un travail de connaisseur.

The taxi ready to go.Le taxi prêt à partir (et nos affaires aussi).


Some of our stuff went with a lorry. The driver is the husband of the woman that was looking after the boys. Le camion avec nos meubles et autres effets encombrants.

dimanche 7 février 2010

Déménagement façon Bénin

Nous venons de faire notre n-ième déménagement il y a quelques jours et on a découvert d'autres façons de faire, façon de faire qu'on n'avait pas encore expérimenté.

Dans nos préparatifs, il y a des choses qu'on a réussi à faire sans trop de problèmes. Pour moi; monter pour suivre les travaux et pendant ce temps, Hilary préparait les caisses et autres cartons. Par contre à moins d'une semaine de la date qu'on avait fixé on ne savait pas encore comment faire monter nos affaires dans le Nord. Mais on savait qu'il y aurait une solution bien meilleure que ce qu'on pourrait envisager.
Effectivement, la solution est venue en empruntant des façons très béninoises c'est-à-dire via des relations que l'on a.

Notre tuteur s'est chargé de contacter un taxi qu'il connait et qui travaille entre Parakou et Pèdè pour qu'il charge la majorité de nos affaires. De son propre aveu il a seulement dit au taximan qu'il avait des colis à faire monter au Nord sans dire que c'était un déménagement d'une famille de blancs. C'est pour cela qu'on a pu avoir un très bon prix. Notre tuteur tenait particulièrement à ce qu'on ne paye pas plus cher que ce que lui estimait.

Nos affaires les plus volumineuses sont montées grâce à un chauffeur de poids-lourd (on dit titan ici) qui nous a dit qu'il était d'accord de monter nos affaires en plus de son chargement (30 tonnes de ciment). Ce chauffeur est le mari de la femme qui gardait Simon et Benjamin jusqu'à Noël. Il était très motivé pour nous aider car on allait dans son village.

Et grâce à un petit malentendu, la majorité de nos affaires sont parties avec 24 heures d'avance ce qui ne nous a pas posé de problèmes; on était prêt et cela nous a permis de ne pas stresser.

jeudi 4 février 2010

Bien arrivés

English translation below

Après plusieurs semaines de préparatifs, nous avons déménagé à Pèdè il y a deux jours. On est donc dans le Nord du Bénin et c'est une toute nouvelle vie qui nous attend – vie bien différente de Parakou.
Potentiellement donc pleins de choses à écrire si tant est que je trouve le temps d'écrire et que la connexion internet fonctionne.

* * *

After weeks of packing and preparing the house we moved to Pèdè two days ago. Everything went smoothly and we're very grateful for that.Now we're living in the North of Benin and it's going to be very différent from life in Parakou. So lost of things to write about assuming that I find time and that internet access is possible.

lundi 18 janvier 2010

The fraicheur is killing me (and so are thirst, hunger etc.)

A few days ago I went to Pèdè, a small village in Northern Benin where we will live. In less than a month we will move to this village but I was there this week to do some repairs to our house.

Our language helper told us that in the North of Benin, during the Harmattan season the temperatures are very low in the morning. This week, I've discovered the « fraicheur » and I understand better the following expressions that mean:

  • The fraicheur is killing me = I'm cold
  • The fraicheur was killing me = I was cold
Interestingly, there are other expressions based on the same construction:
The verb kpa means to kill or to be killed and these expressions mean
  • I'm cold
  • I'm hungry
  • I'm thirsty
  • I'm sleepy

samedi 16 janvier 2010

La fraicheur m'a tué

Fin janvier ou début février nous allons déménager à Pèdè dans le Nord du Bénin. Cette semaine je suis allé à Pèdè pour faire et superviser des travaux de réparation dans notre future maison.
Tout s'est très bien passé et la maison est très belle! On a hâte de pouvoir s'installer.

Il y a quelques temps, notre tuteur de langue nous avait dit que dans le Nord du Bénin, durant la saison de l'Haramattan, il fait très frais le matin. C'est ce que j'ai constaté et je n'avais pas anticipé qu'entre 5 et 8 heures le matin, les températures sont assez faibles pour la région. Du coup j'ai vraiment eu frais.

J'ai expérimenté le sens des expressions monkolées qu'on utilise quand le temps est frais:

PS: les expressions en monkolé ne sont pas très lisibles car je du créer une image (on écrit avec des caractères spéciaux pas forcément pris en compte).