lundi 20 décembre 2010

Le peuhl qui n'a pas de lait ou entendre sans comprendre


Hilary a écrit un post (à lire ici [en]) qui résume bien le problème qu'on rencontre en ce moment quand on est avec des Monkolés.

En résumé (et en français), notre problème est que fréquemment
on parvient à comprendre suffisamment de mots et de phrases sans pour autant que cela ne fasse sens.
En effet, il nous manque des informations qui sont connues de tou(te)s sauf de nous; des informations liées à la vie du village, à l'histoire des gens, à des événements plus ou moins récents. En fait, beaucoup d'éléments relatifs à l'histoire de la communauté ne nous sont pas encore familiers.

Un exemple qui m'est arrivé récemment.
Un jour je salue un groupe d'hommes que j'ai l'habitude de rencontrer. Je fais le tour, saluant (en langue monkolée) chacun à tour de rôle. J'étais assez content de moi, j'avais l'impression de faire assez bien.
Mais après avoir salué le dernier, un d'eux me parle en monkolé. Je comprends les mots mais ça ne veut rien dire. Il répète une fois, deux fois; je comprends toujours les mots mais toujours pas le sens. Je lui dit que je comprends pas alors il me dit en français: « c'est un peuhl qui n'a pas de lait ». Là aussi je comprends tous les mots et toujours pas le sens.
Tout le monde rigole, moi aussi, et on passe à autre chose.

Un peu après j'ai demandé au pasteur ce que ça signifie et l'explication est la suivante. L'homme que j'avais salué, je l'ai appelé par le seul nom que je lui connaisse et qui est son nom de baptême. Or son nom d'avant le baptême était "ama
fuε" c'est-à-dire l'enfant peuhl. C'est un nom qui lui a été donné par ses parents alors qu'il est monkolé. C'est un nom qu'on donne parfois à des enfants.
La "blague" est que même s'il porte le nom de peuhl il n'a pas de lait car seuls les Peuhls ont du lait (ce sont eux qui font l'élevage des vaches et qui donc peuvent vendre le lait).
Donc il était impossible que je comprenne sans avoir connaissance des noms et surnoms.

Cela étant, et c'est une note encourageante, Hilary visitait un jour une amie avec les garçons. Une femme peuhle passe, l'amie d'Hilary dit à Benjamin « tu ne veux pas la suivre? Elle a du lait ». Hilary a compris sans problème car les Peuhls sont ceux qui ont et vendent le lait.


PS: la photo c'est Simon et Benjamin observant le passage des vaches près de notre maison à Parakou

2 commentaires:

N.D a dit…

Ne perdez pas courage et regardez tout ce que déjà vous avez appris alors qu'il n'y a pas un an que vous êtes au village ! Et encore merci pour tous ces détails !

Jean-Louis a dit…

Cher Marc, ce dont tu parles ne me semble pas réellement un problème de langue mais de connaissance des individus et de leur histoire. C'est comme quand, en famille,on fait allusion à la "tartine de Nutela" d'Anne ou au "chocolat chaud" de Marie. Cela fait partie de la découverte des relations de proximité.
Bon courage encore !