samedi 24 décembre 2011

Gasoil, main d'oeuvre et progrès linguistique

Dans mon dernier post je mentionnais les travaux qui allaient commencer. Comme prévu tout a commencé et est en train d'avancer. Si vous voulez plus de détails (en anglais) et de photos, regardez:
Comme je l'ai dit, essayer de gérer les chantiers est une expérience assez nouvelle pour moi. Quelques choses que j'ai notées.

Comme on s'y attendait, le ciment est une denrée précieuse en ce moment. Heureusement, on a pu trouver sans problème tout ce dont on a besoin. Par contre, et c'est logique, si le ciment est très demandé en ce moment, c'est la même chose pour le sable et le gravier. Et pour compliquer la chose, le prix du gasoil a augmenté ce qui fait que tous les prix sont tirés vers le haut! Et en plus, la demande en camions est très forte en ce moment car la récolte du coton a commencé donc les transporteurs sont dans une position de force pour négocier.
Du coup, les maçons se sont faits un peu peur pour avoir tout ce dont ils avaient besoin.
Heureusement pour nous, un des maçons est un homme de notre village et il connait plusieurs transporteurs locaux. Cela lui a permis de vérifier les prix en différents endroits. A la fin de la première semaine de chantier tout était livré!

De nature pessimiste, pendant que je préparais les travaux, j'ai essayé d'imaginer tous les problèmes qui pouvaient venir (exercice pas très compliqué pour moi). Parmi ces scénarii, celui du manque d'eau était en bonne place. Je ne me suis pas trompé:
  • On a d'abord eu, la rupture de la canalisation principale d'eau un samedi soir (et mon plombier était sur un autre chantier).
  • On a ensuite eu l'assèchement du puit.
Mais, il y a toujours une solution. Un maçon a demandé à des dames de venir livrer l'eau sur le chantier. J'ai réalisé à ce moment là que c'était une solution plus économique que de pomper l'eau ce qui consomme du gasoil!

En dépit de tout ce que je peux écrire, il y a aussi des motifs de satisfaction.
  • D'abord, les maçons travaillent bien et rigoureusement (je devrais dire de mon oeil de non spécialiste).
  • Ensuite, je peux utiliser la langue monkolée avec un des maçons qui est du village. Du coup, on dialogue sur le travail en langue monkolé ce qui est encourageant pour moi car cela me permet de voir que ça progresse. Et surtout, ça me permet d'utiliser la langue monkolée dans un contexte un peu différent.

Voilà pour les nouvelles du chantier.

A toutes et à tous un joyeux Noël!

PS: et pour ceux qui connaisse la région, j'ai même (avec quelques difficultés) réussi à comprendre le prix d'un tonneau d'eau en dala (unité de compte dont je reparlerai une autre fois).

mardi 6 décembre 2011

Devis, ciment et autres apprentissages

Nous avons deux projets de construction qui vont démarrer dans quelques jours. Nous allons faire agrandir notre maison pour avoir une chambre en plus. Nous allons aussi faire construire un mur autour d'une partie de notre propriété pour limiter les passages de vaches et autres intrusions dans la propriété.

Avant que les travaux ne puissent commencer j'ai du apprendre sur le tas comment faire pour être budgéteur et organisateur de chantier. Ca a été un apprentissage intéressant (avec toute l'ironie qu'il faut) vu que je partais de loin. Je ne sais donc pas encore quel est le résultat final et quel est mon niveau de compétence - ou d'incompétence.
Cela étant, faire ce travail a été une expérience riche en enseignements. A ce propos, quelques remarques sur ce que j'ai appris ou découvert (remarques peut-être évidentes pour qui a déjà construit une maison):

Trouver des personnes pour travailler sur le chantier est une affaire de relations. C'est en discutant avec les uns et les autres que j'ai trouvé le nom du maçon qui a construit la maison il y a 12 ans. Via un collègue je suis entré en contact avec lui et on a pu parler de la construction.
De même mon électricien m'a trouvé un couvreur qui m'a trouvé un vitrier qui m'a trouvé un peintre (mais j'en avais déjà un que je connais car il avait repeint les deux maisons où on a vécu). J'espère en tous cas que les recommendations sont bonnes et que le travail sera bien fait.

Le travail est découpable en pleins de parties. Ainsi, le maçon qui va construire le mur va sous-traiter le travail de faire les briques à des briquetiers, va confier à des aide-maçons le creusage des fondations, va confier à des ferrailleurs la pose des fers etc.

Faire un budget nécessite de savoir comment on construit et là  c'est pas évident. Heureusement j'ai pu glaner des conseils à droite et à gauche et noter moi-même quelques oublis de temps en temps. Dans le cas du maçon pour la maison,
il m'a dit se souvenir de comment on batit les maisons pour notre mission ce qui va m'éviter des soucis. C'est rassurant de savoir qu'il connait ce qu'il a à faire mieux que moi et que je n'ai pas à expliquer.

Toujours dans la partie budget, faire un budget est parfois difficile quand on ne connait pas le prix des matériaux. C'est le cas du ciment par exemple. En effet, du fait de la saisonnalité, dans notre région (et dans beaucoup d'autres au Bénin) on construit surtout en saison sèche. Du coup, en saison des pluies on trouve du ciment mais on ne construit pas. Quand on construit on trouve difficilement le ciment et son prix varie très fort. En fait, un des maçons m'a même dit que le prix n'est pas fixe (loi de l'offre et de la demande). Une autre difficulté pour les maçons est que les grossistes ne veulent pas leur vendre de grandes quantités par peur qu'il y ait de la revente sauvage.
Comment faire un budget dans ce cas? J'ai pensé que l'on pouvait définir un prix mais le risque est de donner au maçon un chèque en blanc pour qu'il achète moins cher et empoche la différence. En fait, la solution est de passer par quelqu'un qui connait les grossistes (ça tombe bien on connait une telle personne). Grace à cette personne et avec une lettre précisant les raisons d'une commande importante on devrait avoir nos tonnes de ciment.
Enfin, parfois les matériaux vont venir de loin. Ainsi les fers pour construire les montants des portes pourraient venir du Niger car c'est là qu'on trouve des fers de meilleure qualité. Du coup, j'ai un budget pour les portes avec un trou (le budget, pas les portes) car on ne connait ni le prix des fers ni de leur transport!
Une solution que j'ai vu sur un des devis est de prévoir un poste 'imprévu' pour, logiquement, tout ce qui n'est pas prévu.

jeudi 24 novembre 2011

Constat un peu triste?

Ce mois de novembre a été (et sera encore) un mois riche en déplacements. Nous sommes allés à notre conférence annuelle à Parakou. Ensuite nous étions à Cotonou pour régler quelques formalités administratives (Hilary devait récupérer sa carte de résidence et je faisais mon inscription sur la liste électorale consulaire). Et nous sommes allés chercher une amie d'Hilary venue nous visiter.

Ces nombreux voyages ont été l'occasion de constater une règle de la route au Bénin: quand une route est presque réparée ou reconstruite, une autre se dégrade fortement! Du coup, les voyages sont toujours pleins de surprises (combien de trous? où? quelle profondeur? etc.).

Ca me rappelle la confidence que me faisait un collègue qui a 30 ou 35 années d'expérience au Bénin. Il me disait que quand il a commencé à travailler ici, les routes n'étaient que des pistes mais il pensait que le moment de la retraite venu, il pourrait rouler sur de belles routes. La retraite est venue et les routes qui avaient été construites étaient redevenues mauvaises!

Malgré toute la fatigue et les perturbations de ces voyages il y a des bons moments comme constater les progrès  sur les grands boulevards à Cotonou; ça facilite nettement la circulation.
Et pendant nos voyages, on a aussi pu entendre (et arbitrer) la discussion entre Simon et Benjamin pour savoir si ce sont des collines ou des montagnes que l'on voit à Dassa.

Faisons un rêve, un jour peut-être, on aura une belle route de Cotonou à Malanville!


mardi 15 novembre 2011

des routines à l'école


Quand je regardais le programme de la maternelle pour Simon, une des choses que j'ai noté c'est l'importance d'établir des routines dans la classe et dans la journée.
Connaissant mon caractère (et celui de Simon), je me suis dit que les routines seraient quelque chose que l'on aimerait.

Une de nos routines en début de classe est de représenter la météo de la veille et de la nuit. C'est Simon qui se charge de faire les dessins.
C'est intéressant ce qu'on peut remarquer en faisant cela:
  • En septembre, on avait des jours avec soleil, des jours avec nuages, des jours avec soleil et pluie, des jours avec pluie. Bref de la variété!
  • Depuis le début du mois d'octobre c'est devenu très routinier: soleil, soleil, soleil. J'ai essayé d'introduire le vent mais Simon n'a pas accroché.

Du coup, la séquence météo peut paraitre très monotone. Cependant c'est comme cela que Simon a remarqué des changements assez subtils. Ainsi, quand la saison des pluies s'éloignait, la rosée a commencé à apparaitre et est allée croissante (au grand désarroi de Simon qui n'aime pas les pieds mouillés par la rosée). Et
ces dernières semaines, on a vu la rosée disparaitre petit à petit.

Comme quoi les routines permettent de noter des choses intéressantes (en plus de donner de la structure).

PS: pour la petite histoire, c'est Simon qui a ajouté la routine de représenter la météo de la nuit. Il s'est rendu compte après une nuit très orageuse qu'il voulait dessiner des éclairs. Il aura suffi d'une fois pour que ça devienne une routine.

mercredi 2 novembre 2011

Bienvenue en saison sèche

La première année que l'on a vécu au Bénin, le début du mois de novembre a été un peu un choc. En effet, novembre avait dans notre tête l'allure d'un mois froid et pluvieux; c'était la version européenne du mois de novembre. Or au Bénin c'est beau, chaud et dans notre région ça commence à être sec.

On commence notre troisième mois de novembre et il n'y a plus la surprise de constater la différence avec l'Europe. Dans une certaine mesure on commence à avoir intégré le rythme des saisons.

Depuis quelques semaines, la saison sèche a fait son entrée. Les dernières pluies sont loin derrière nous (malheureusement pour les agriculteurs qui devront faire avec une saison des pluies courtes) et l'air s'est asséché.

Alors comment sait-on que la saison sèche a commencé?
  • La saison sèche commence quand une fine couche de poussière se dépose sur tout objet pendant la nuit et qu'il faut donc protéger tout ce qui est fragile.
  • La saison sèche commence quand il faut laver les panneaux solaires plus régulièrement (toutes les semaines bientôt) sous peine de ne plus les distinguer du toit en tôle grise (là c'est une exagération).
  • La saison sèche commence quand le sol de la cours redevient du sable très fin à la grande joie des enfants.
  • La saison sèche a commencé quand une moto ou une voiture qui passe dans le village soulève un nuage de poussière.
  • La saison sèche commence quand les herbes sèchent et disparaissent.
  • La saison sèche commence quand l'électricité statique augmente et que toucher la moustiquaire provoque des étincelles.
  • Enfin, et je dois dire que c'est une des choses que j'aime le plus, quand la saison sèche est là, le ciel redevient absolument bleu et sans nuage.

Personnellement, je trouve à la saison sèche une certaine normalité. C'est durant cette période que j'ai commencé à vivre au village.
Enfin, et désolé pour les personnes qui doivent supporter le froid et l'absence de soleil, il fait entre 38 et 40°C tous les après-midi et c'est agréable (à condition de boire).


PS: peut-être pour être un peu honnête quand je dis "on commence à avoir intégré le rythme des saisons" il va falloir attendre le mois d'avril et les grandes chaleurs pour voir si on a vraiment intégré!

mercredi 19 octobre 2011

Le mauvais mil et autres choses nouvelles à apprendre

Si mes matinées sont occupées par l'école, l'après-midi j'essaie d'avancer sur plusieurs projets à la fois: formation de responsables de jeunes, production d'émissions de radio et préparation d'enseignements. En ce moment c'est un peu chaotique car j'avance au fil des contraintes.

On a aussi décidé de continuer l'apprentissage linguistique et on a changé notre tuteur. C'est un ami avec lequel j'ai déjà travaillé, et qui vient de commencer le travail de traduction, qui nous aide une matinée par semaine.
Pour notre première séance de travail avec lui, on a proposé qu'il nous fasse visiter sa ferme.

Au mois de janvier dernier j'avais déjà fait cette visite. Au début, mon ami ne comprenait pas pourquoi je voulais voir ses champs mais au final cela s'était révélé très intéressant.

On a donc passé un bon moment avec lui à voir ces différentes cultures. J'ai pu me rendre compte qu'il y a encore énormément de vocabulaire que je ne connais pas comme les noms des différentes herbes et leur utilité, les différentes mauvaises herbes et les problèmes qu'elles posent etc.
Au delà du vocabulaire et des mots, j'ai aussi pu voir qu'il y a une grande masse de connaissance qu'il serait utile de relever et de conserver. Un jour où je ne sais pas quoi faire à l'école, pourquoi pas faire un herbier?

Et certaines choses étaient amusantes. Ainsi on a pu voir qu'il existe le mil et le mauvais mil.
Le mil est celui que l'on sème dans son champ.
Le mauvais mil est celui qui apparait dans un champ sans qu'on l'ait semé. L'autre nom qu'il porte est 'mil du caca des bœufs'. Ce sont des grains de mil qui viennent des excréments de bœufs et qui donne des tiges de mil là où il ne devrait pas y en avoir. Et ces tiges ne donnent pas grand chose donc sont mauvaises.

Illustration de cela sur la photo suivante prise dans un champ à côté de la maison. Les trois tiges sont du 'mauvais mil' qui à cette période de l'année (octobre) se distinguent très bien du maïs.

mardi 4 octobre 2011

Ecole à la maison


Comme je l'ai dit dans un post récent (lire ici), Simon a commencé l'école et on fait la scolarisation à la maison. C'est la solution qui nous paraissait la plus adaptée.
Même s'il y a une école primaire au village et que la scolaristation des enfants se fait en français, on a choisi de gérer la scolarisation nous même. On ne voulait pas que Simon prenne la place d'un enfant du village d'autant que des nouveaux élèves ne sont pas toujours acceptés chaque année du fait des effectifs très importants.

Lors d'un récent séjour à Cotonou, j'ai pu acheter pas mal de choses pour commencer la classe avec Simon. On m'avait déjà donné des supports donc du coup j'ai une bonne base documentaire.
On peut trouver des livres d'activités qui viennent de France mais on trouve aussi beaucoup de livres faits pour les élèves africains. Il y a par exemple une collection qui s'appelle 'Les classiques africains' et qui couvre le graphisme, l"écriture et les mathématiques.
Ce sont des livres bien faits et en combinant plusieurs on arrive à pas mal de variétés d'exercices et d'activités. La seule différence notable avec des manuels venant de France est qu'il y a moins de couleurs (ce sont souvent des livres en noir et blanc) et qu'il n'y a pas de trucs amusants comme des autocollants.
Ce qui est bien c'est que les dessins, les exemples d'objets sont réalistes c'est à dire que par exemple il faut regrouper des éléments et on a des dessins d'arachides, de noix de coco, de noix de kola soit des choses que Simon connaît bien (sauf les noix de kola qu'il n'a pas encore vu).

En tous cas pour le moment j'arrive à construire un programme pour Simon. C'est un peu différent des consignes du programme officiel pour la maternelle en France mais je ne pense pas que cela pénalise Simon.

Simon aime toujours bien l'école (même s'il disait à sa maman il y a deux jours qu'il n'apprend rien de nouveau). Du coup, ça a été séance peinture ce matin - ça ça a été une bonne nouveauté.
C'est intéressant c'est de voir comment Simon a progressé en un mois. Alors que les dessins et les coloriages n'ont jamais été son truc, il s'applique et peut faire des jolis choses. Le week-end dernier il demandait même à faire des coloriages dans un livre de jeu.

mardi 20 septembre 2011

Des chauffeurs de camions

Notre maison se trouve juste à côté de la route nationale inter-état numéro 2 (RNIE 2). C'est l'axe routier qui relie le Bénin au Niger et du Niger va se poursuivre vers le Burkina-Faso. Inutile de dire qu'il y a énormément de camions qui circulent jour et nuit (sans pour autant que ce soit très bruyant d'ailleurs).

Un collègue disait il y a quelques semaines avoir un double sentiment face aux camions et aux chauffeurs. Irritation quand on croise des véhicules surchargés, des convois en panne dans un virage sans visibilité etc... . Mais aussi pitié par rapport à la pénibilité du travail pour les équipages (chauffeurs et apprentis). En effet, les chauffeurs, comme le nom l'indique doivent conduire là où les propriétaires des camions leur disent d'aller. Ils doivent gérer les aléas de la route: accident, pannes etc. sachant qu'il n'y a pas partout des garages, des endroits pour les accueillir.

Il y a quelques jours, un camion est tombé en panne juste devant chez nous.
Il est resté deux jours et le chauffeur s'est abrité sous le toit d'un garage construit pour une des maisons de la propriété. J'ai pensé que c'était une bonne idée de sa part et que ça ne gênait personne. Plus tard dans la nuit j'ai trouvé que c'était une excellente idée car une gros orage s'est abattu et être à l'abri était bien (ce que le chauffeur m'a confirmé le lendemain matin).
Juste avant de partir, le chauffeur est venu nous remercier pour l'accueil (on leur avait offert du Milo le matin) et on a discuté un peu. Il m'a dit qu'il devait aller de Cotonou à Zifa sur la frontière Niger-Tchad soit 2477 km aller. Et il était déjà tombé en panne au quart du chemin! Inutile de dire que la suite du chemin représentait un défi et qu'il était un peu inquiet.

Je parlais de mélange d'irritation et de pitié face aux camions. Ce soir là c'était de l'admiration face au courage du chauffeur et de son apprenti qui dans la nuit reprenaient le chemin vers le nord.

PS: le Milo(R) est une boisson chocolatée.

vendredi 9 septembre 2011

Ce qu'il y a de bien à la saison des pluies


Dans un post récent je disais que la saison des pluies avait mal démarré (voir ici). Il semble que depuis quatre semaines, les pluies ont vraiment commencé et on est donc en pleine saison des pluies.

Il y a deux semaines, on revenait d'un voyage dans le sud et le centre du Bénin et arrivant près de chez nous, j'ai été très frappé par les paysages très verts qu'on voyait le long de la route.


Ça m'a donné l'idée de réfléchir à
quelques choses positives sur la saison des pluies. Les voici (liste non exhaustive):
  • Les paysages sont très beaux en saison des pluies car on a des camaïeux de verts partout où on regarde.
  • La météo n'est pas prévisible. Ça fait un changement notable par rapport à d'autres saisons où la question n'est pas de savoir chaque matin si il va faire beau et soleil mais plutôt quelle température on atteindra.
  • La végétation se développe à une vitesse impressionnante. Je suis toujours frappé par le fait qu'en quelques semaines, les pluies et la chaleur permettent une croissance très très rapide des plantes. C'est très visible sur le maïs de Simon dans notre propriété qui grandit de jour en jour.
  • On trouve plus facilement des légumes. Une des particularités du nord du Bénin (en comparaison avec le sud ou le centre) c'est qu'on trouve plus difficilement des légumes mais en saison des pluies c'est plus facile et ça fait du bien.
  • Les routes ne sont pas poussiéreuses et c'est même le contraire parfois.
Je ne peux pas dire que la saison des pluies est ma saison préférée mais je sais aussi qu'elle est indispensable car sans les pluies, pas de culture et donc pas de vie. Mais on apprend à vivre avec et à en apprécier les bénéfices.

samedi 3 septembre 2011

Rentrée des classes

Jeudi dernier (le 1er septembre) Simon a fait sa rentrée des classes. C'est la grande section de maternelle. Jusque là rien de très surprenant.

Étant donné qu'on est dans un petit village, les conditions de scolarisation de Simon sont un peu différentes de celles qu'il aurait en France (même dans un petit village).
  • Il est scolarisé par le CNED. En effet, on a décidé que la scolarisation dans le système français était ce qu'il y a de plus simple étant donné qu'il n'y a pas d'équivalent britannique.
  • Qui dit CNED dit aussi envoi de cours mais là pour le moment c'est un peu délicat car le courrier avance lentement. Heureusement, j'avais des livres d'exercices et j'en ai trouvé pleins d'autres à Cotonou, de quoi me laisser une marge de manoeuvre.
  • Son maitre est aussi son papa. Bien sûr il y a un risque de confusion des rôles mais comme Simon suit l'école avec le CNED, il est logique que ce soit moi qui fasse l'école. Cela dégage aussi du temps pour Hilary et la traduction.
  • On a aussi des surprises comme celle de trouver un scorpion le premier jour d'école juste devant la salle de classe ou encore celle de ne rien voir pour cause d'orage pendant une partie de la deuxième matinée.

Mis à part cela, Simon est très très enthousiaste pour l'école et il part à l'école en chantant tous les matins. Pendant la classe il ne cesse de dire combien c'est bien; pourvu que ça dure (ou alors je devrais l'enregistrer).

jeudi 11 août 2011

insider, outsider... le retour du stress culturel

Au niveau linguistique et intégrationnel, la période dans laquelle on se trouve est un peu délicate. Cela fait plus d'un mois qu'on est revenu au village et que nous nous sommes rendus compte que l'on n'a pas trop perdu au niveau linguistique. Par conséquent on peut, dans certaines situations, se trouver très à l'aise et donc ne plus se sentir totalement étranger.
Mais rapidement, l'impression d'être un étranger (ou un outsider) revient.

Ce qui rend les choses inconfortables c'est qu'
on aimerait être insider, être parfaitement intégré. Par conséquent quand on est renvoyé à son état d'outsider la chute est plus dure!

Exemple récent.

Un jour je suis avec des amis du village quand soudain le pasteur me dit que lui et les autres responsables de l'église vont aller visiter un homme qui est à l'hôpital.
Ma première réaction est une réaction de surprise car je ne savais pas qu'il était à l'hôpital. La seconde réaction est celle de savoir ce que veut dire la phrase prononcée par le pasteur.
Je la comprend très bien donc ce n'est pas un problème linguistique. Ce qui coince c'est le sens. Est-ce une information? Est-ce une proposition de les accompagner? Est-ce une demande de les accompagner?
Le temps d'essayer de mettre de l'ordre dans mes idées (oui je pense lentement) les voilà partis. Me voilà avec le retour du choc culturel!

Deux notes finales:
  • Le même jour que l'expérience que je décris il y a eu des choses plus encourageantes notamment quand je salue une dame qui allait vers son champ et qu'elle me répond (en monkolé) 'salut Maaku' (Maaku c'est Marc en monkolé).
  • Quelques jours après le pasteur m'a confirmé que c'était une invitation à venir dont il parlait mais qu'elle n'était pas obligatoire (donc pas d'impair).

mercredi 3 août 2011

Quand les pluies ne sont pas bonnes


A cette période de l'année, le principal sujet de conversation chez nous c'est la météo et plus précisément la saison de pluies.

Même si nous ne vivons au Bénin que depuis un peu plus de deux ans, nous avons pu nous rendre compte que cette année la saison des pluies n'est pas bonne. Il y a très peu de pluies.

Au début du mois de juillet, alors qu'on remontait au village, on pouvait voir beaucoup de champs qui n'avaient pas encore été labourés. Cela laissait supposer que les pluies n'avaient pas vraiment commencé et que les cultivateurs attendaient qu'il y ait plus d'humidité avant de semer.
De même, les vaches étaient encore très maigres et on ne trouvait pas de fromages peuhls en vente au bord de la voie.

A présent, les choses ont un peu changé. Il pleut de temps en temps mais ce n'est pas la saison des pluies. On a surtout des orages avec des grandes pluies violentes ou alors de petites averses. Bref, pas l'idéal pour les cultures.
Et pour rendre les choses encore plus difficile, on a eu très tôt ce matin un énorme orage comme ceux qu'on a normalement au mois de mai avec des vents très violents (vents capables de nous faire douter de la solidité du toit). Du coup, les mais sont tous couchés ce qui n'est pas trop grave pour les mais qui viennent de sortir mais beaucoup plus grave pour ceux qui étaient en pleine croissance.

Donc, pas assez de pluie pour faire pousser les cultures et quand elles poussent les vents les couchent. C'est une année difficile dans les champs.

samedi 30 juillet 2011

Simon jongle entre les cultures

Simon m'a donné un bel exemple ce matin de sa capacité à jongler entre ses différentes cultures.

Pendant que je préparais le petit-déjeuner, il me demande: "C'est quel jour Papa?". Je réponds que c'est samedi et Simon me dit (comme je lui avais promis) que c'est le jour où on va aller au village car il veut s'asseoir sur le banc près de l'église. C'est typiquement ce que les hommes du village font le samedi après-midi et Simon aime beaucoup jouer là.

Puis, moins d'une minute après, voyant un mug commémoratif du mariage royal, Simon me dit "Oh, Papa, William et Kate". Et après une courte pause il demande "Mais qu'est ce qu'ils [William et Kate] vont faire aujourd'hui?" Je lui ai suggéré qu'on devrait regarder sur l'agenda officiel de la monarchie (mais je doute qu'on va les voir dans le village cet après-midi).

jeudi 21 juillet 2011

Deux jours et plus longtemps

Depuis notre retour au Bénin, il y a quelques expressions qu'on a souvent entendu quand nos amis nous saluent. Ce sont des expressions comme "salutations pour les deux jours" ou "ça fait deux jours". C'est d'ailleurs la même chose que les gens nous parlent en français ou en monkolé (on dit alors fɔɔo ajɔ minji ).
On emploie ce genre de formules avec 'deux jours' dès qu'on salue quelqu'un que l'on n'a pas vu depuis longtemps.

A ce propos, ce qui est intéressant c'est la façon dont, en monkolé, on désigne le temps. Ainsi, on a cinq mots et expressions importants:
  • nnyi qui signifie aujourd'hui.
  • ala qui signifie demain
  • ala akã qui signifie littéralement 'demain un'. Cette expression recouvre une durée qui s'étend du lendemain à un an après.
  • ana qui signifie hier
  • ajɔɛ (ou ajuɛ) qui signifie avant-hier mais qui recouvre aussi une période du passé jusqu'à avant-hier.
Ce qu'on a eu un peu de mal à comprendre c'est quand quelqu'un nous dit qu'il amènera un objet 'après-demain' car après-demain peut durer assez longtemps. De même, une ami qu'on reverra dans un mois nous a dit en partant 'à demain'.

A côté de ces cinq expressions, on a malgré tout des expressions qui permettent de parler de la semaine prochaine ou de la semaine passée, de l'année passée ou prochaine etc.

PS: il semble qu'il y ait deux façons d'écrire avant-hier et l'explication de cela pourrait faire l'objet d'un autre post (mais je ne m'engage pas trop pour le moment).

vendredi 15 juillet 2011

Enfin à la maison

Après plusieurs voyages et étapes nous sommes depuis quelques jours revenus à la maison. On a été très heureux de retrouver notre chez-nous et les garçons aussi sont très contents de retrouver leurs amis.

Une des choses intéressantes avec le retour c'est qu'il y a des expériences positives et d'autres qui le sont moins.
  • Ainsi, du côté du positif, les travaux sur la route qui de Parakou à Kandi ont bien avancé et en certains endroits la route est complètement refaite. Du coup, on met trois fois moins de temps dans certains secteurs. Certes, les travaux ont aussi commencé en d'autres endroits ce qui ralentit la circulation!
  • Autre chose positive, on s'est réadapté à la chaleur plus facilement que je pouvais le penser. Le fait que la saison des pluies ait commencé (même si les pluies sont très faibles pour le moment) rend les températures plus faibles et donc plus supportables.
  • Nous arrivons à parler en monkolé et nous sommes mêmes capables de dire plus que les salutations. Ca c'est encourageant et ça veut dire qu'on n'est pas totalement perdu. La difficulté cependant c'est que nos amis pensent que nous avons au moins notre niveau d'avant donc on est rapidement largué. Notre pasteur veut en tous cas nous remettre à niveau rapidement car il ne nous parle plus qu'en monkolé y compris au téléphone.
  • Et, nous avons des cables électriques sur les poteaux qui sont devant chez nous. Bon, on attend de voir le courant avant de croire que l'électricité arrive au village d'autant que les cables manquent entre certains poteaux entre Kandi et le village. En attendant, on reste avec le solaire (et nos batteries qui sont un peu en coma dépassé!).

Du côté des expériences moins positives, notre opérateur pour l'internet a désactivé notre compte et supprimé les forfaits illimités; pas cool pour communiquer (d'ailleurs ce post aura attendu 5 jours avant de pouvoir être publié).

jeudi 30 juin 2011

Qu'est ce qui me manquait?

Cela fait presque 5 mois qu'on a quitté notre maison. J'aurai pu voir pas mal de pays et fait pas mal de kilomètres.

Voici quelques petites remarques, la majorité d'entre elles sont évidentes mais je les mentionne quant même.
  • Revoir nos familles et pouvoir passer du temps avec elles.
  • Voir les garçons faire (ou refaire) connaissance avec nos familles (et rapidement devenir le centre de l'attention)
  • Visiter des amis qu'on n'avait pas vus depuis quelques mois ou plusieurs années
  • Manger la galette des rois (ok, pas vraiment en respectant le calendrier mais c'est l'avantage d'avoir une maman qui sait faire la galette des rois)
  • Avoir de l'électricité tout le temps (et en plus on se réhabitue à cela très vite)
  • Avoir une connexion internet plutôt rapide

Je me suis aussi rendu compte qu'il y a d'autres choses que j'ai beaucoup appréciées et qui peut-être me manquent un peu en Afrique.
  • Se promener dans la montagne et voir les Alpes. On n'a pas de grandes montagnes au Bénin et on n'a pas encore été visiter l'Atacora.
  • Se promener dans des parcs et des jardins. C'est quand on a fait une promenade à Longleat Estate (voir ici par exemple) que je me suis rendu compte que ça me manquait de voir tout cela. C'était très bien et très calmant de se promener dans les bois et de voir les arbres et les fleurs produire une telle variété de couleurs!
Photo prise à Longleat Estate

Du coup, la réponse à la question "est-ce qu'il y a des choses qui te manquent en Afrique?" ne serait pas tant des aliments ou des éléments de confort (qui pour être honnête me manquent parfois) que des paysages, des promenades auxquels je pourrais penser.

Cela étant, si je restais plus longtemps en Europe, je suis sûr que les paysages de savane du parc du W me manqueraient aussi de même que les paysages de fin de saison sèche où presque toute la végétation a disparu (mais renaît lors des premières pluies). C'est comme si voir plus de paysages différents ou d'endroits différents augmentent le risque que ça manque à un moment ou un autre.

mardi 28 juin 2011

Emma, Katie et les voitures

Depuis longtemps Benjamin a une fascination pour les bébés. Dès qu'il voit un bébé il s'approche de lui ou elle et cherche à faire des bisous, à lui tenir la matin etc... . Il faut aussi préciser que Benjamin est toujours très prudent et doux dans ses mouvements.

Récemment on a offert aux deux garçons des bébés filles (bébés souples et ne faisant pas de bruit). Ça a été un très beau cadeau et une découverte aussi importante que les Légos. Du coup, nous avons deux bébés filles dans la famille: Emma (qui est à Simon) et Katie (qui est à Benjamin). Et elles sont très importantes car elles voyagent avec nous, elles dorment dans la chambre avec les garçons. Simon m'a même demandé récemment comment il ferait pour donner du lait à son bébé car il n'avait pas de biberon. Et les bébés regardent le tennis avec Simon et Benjamin.

Ce ne sont pas seulement les bébés qui intéressent nos garçons, les voitures sont très importantes. Benjamin en particulier est passionné par ses petites voitures; passionné au point de me faire une scène parce que je les avais rangé récemment estimant qu'il y avait assez de jouets dans la maison! Et il est capable de jouer des dizaines de minutes d'affilé avec ses voitures.

Les voitures nous ont aussi été très utiles pendant les vacances car en voiture, un nouveau jeu est de demander à Papa les marques de voitures qui passent. Et pour renforcer les apprentissages, sur les parking on fait des révisions devant les emblèmes!

mercredi 22 juin 2011

Préparatifs pour le départ


Le premier juillet prochain nous devrions être de retour au Bénin. Après 4 mois (ou un peu plus) passés en Europe ce sera un nouveau (gros) changement en perspective.

A la différence de notre premier départ pour le Bénin (il y a un peu plus de deux ans), j'ai l'impression que les choses sont un peu plus sous contrôle. L'une des raisons est qu'on n'arrivera pas en territoire inconnu. En fait, on va même retrouver notre maison, des lieux qui sont familiers... bref beaucoup de choses heureuses en perspective!

Les garçons sont au courant de ces préparatifs. On les a prévenu que l'on allait revenir à la maison et ils semblent heureux de cela.

Quant aux voyages à venir, cela leur donne de nouveaux jeux. En témoigne la photo de Benjamin pour qui le
meilleur jouet du moment est une de nos valises. Il se promène avec dans la maison.
Ce matin, Simon et Benjamin s'amusaient à voyager. Ils voulaient aller à Londres en prenant trois avions, un bus et le train! Je n'ose pas imaginer l'itinéraire.

Mis à part les jeux des garçons, les préparatifs nous occupent. Comme souvent il s'agit de vider et trier les affaires, faire la liste de ce qu'il faut absolument prendre et de ce qu'il serait bon de prendre. Une chose positive, on a une 'luggage allowance' qui est plus que généreuse!

vendredi 17 juin 2011

Pays de Galles

Nous avons pris une semaine de vacances dans le nord du pays de Galles. Ça nous a fait du bien et ça a été une occasion de passer un peu de temps en famille et aussi de découvrir une des autres nations du Royaume-Uni.

À ce propos c'est très impressionnant de voir que tous les panneaux routiers, tous les documents officiels sont rédigés en anglais et en gallois. Et certains sites web semblent exister en deux versions: une en anglais et une en gallois.
Du coup j'ai pu commencer à repérer des mots gallois comme ysgol pour école ou araf pour ralentir.
Exemple de double signalisation sur la route (source)

Et pour être honnête j'ai trouvé qu'apprendre le gallois pourrait être intéressant. En effet, en lisant les panneaux et les dépliants j'ai trouvé cette langue fascinante. Bon il faudrait pour cela habiter au pays de Galles.

En tous cas, on a pu apprécié les très beaux paysages au cours de nombreuses promenades. Les garçons ont d'ailleurs bien marché (sous réserve qu'à un moment on les laisse aller dans une aire de jeux).

Photo prise depuis Conwy Castle


Photo prise à Lleyn Brening

jeudi 19 mai 2011

Adaptation, toujours et encore


Some of our friends asked us if we experienced 'reverse culture shock' when coming back in Europe. The answer is 'no' and it's mostly because we have been traveling a lot visiting people and doing presentations.
However, arriving in the UK was slightly difficult because I realised that I hadn't spoken in English for two months and I also had to readapt to driving with the steering wheel on the right. Not really culture shock but some adjustments were necessary.
So another opportunity to test how easily (or not) I can adapt.

* * *

On nous a parfois demandé si ce n'était pas difficile de revenir en Europe et de se réadapter à la vie européenne. Dans l'ensemble on n'a pas eu de problèmes. La raison principale est, je pense, que l'on passe beaucoup de temps à faire des présentations et des visites et que donc on est presque constamment en déplacement.

Par contre, en arrivant en Angleterre, il m'a fallu quelques jours pour me réadapter.
D'abord, je me suis rendu compte que je n'avais pas parlé en anglais pendant les deux mois passés en France. Au Bénin, on utilise l'anglais avec plusieurs de nos collègues donc je n'ai pas l'occasion de rouiller. J'ai dû aussi me remettre à la conduite à droite (position du volant) mais par contre n'ai pas été perturbé par le fait de rouler à gauche. Enfin, j'ai eu pendant quelques jours l'impression d'être étranger et de ne pas trouver mes marques tout de suite. Mais quelques sorties pour faire les courses et tout était rentré dans l'ordre.

Conclusion de tout cela, c'est un bon exercice de devoir s'adapter et de tester mes capacités d'adaptation et de trouver mes repères. Et j'ai pu retrouver la pratique de demander du cash-back au supermarché, très très pratique.

PS: le cash-back c'est la possibilité, dans un magasin, de demander de l'argent au moment de régler ses courses. La somme demandée est débitée avec le prix des courses et on n'a pas besoin de trouver un distributeur.

jeudi 12 mai 2011

Trois langues

Entendu ce soir (mais traduit car la discussion initiale avait lieu en anglais):
Simon je voudrais être un papa
Hilary et quelle langue parleras-tu à tes enfants?
Simon les trois
Hilary français, anglais et monkolé?
Simon oui

Ce dialogue reflète une évolution intéressante que l'on a observé chez Simon et qui concerne son multi-linguisme.
On élève Simon (ainsi que Benjamin) pour être bilingue français et anglais. La question qui se posait était de savoir ce qu'il en serait quant au monkolé. En effet, Simon nous entend parler (ou essayer de parler) monkolé et les enfants du village parlent en monkolé (sauf peut-être les plus grands qui allant à l'école lui parlent en français).

On avait noté que Simon ne veut jamais parler en monkolé quand on est visiblement présents. Par contre on l'a déjà entendu avoir des petites conversations avec des gens qui travaillent à la maison. Et en plus, il connaît les salutations. Même si à certains moments j'ai eu des doutes quant au fait que Simon connaisse la langue monkolée, il me semble qu'il comprend plus qu'il ne la parle.

Le changement récent (et que l'extrait de conversation illustre) c'est que quand plusieurs personnes ont interrogé Simon sur les langues qu'il connaît, il répond systématiquement trois: français, anglais et monkolé. Quand mon cousin lui a demandé de dire quelque chose en monkolé, Simon l'a fait avec une prononciation quasi-parfaite et a même corrigé mon cousin qui essayait de répété.

J'ai tendance à penser que Simon comprendra plus le monkolé qu'il ne s'exprimera dans cette langue. Par contre, il aura un accent et une prononciation sûrement meilleurs que la mienne. Il me semble aussi que la connaissance ou la compréhension du monkolé soit une partie de son identité et un sujet de fierté.

lundi 9 mai 2011

Benjamin et les négations

Je ne parle pas trop souvent de Benjamin mais c'est très intéressant de voir comment son langage se développe et en particulier comme il s'est développé ces derniers mois. Il est fort probable que le récent séjour en France a commencé au bon moment pour lui et qu'il a fortement enrichi son langage.

Une chose que son grand-père paternel à chercher à comprendre c'est comment Benjamin utilise la négation. Pendant quelques temps, quand il voulait refuser un objet, il disait trois fois la (ou les) syllabe(s) désignant cet objet. Ainsi s'il ne voulait pas de chaussettes (sock en anglais) il disait "sososock". S'il ne voulait pas de soupe, il disait "sousousoupe".
Puis récemment il a commencé à donner des formes négatives aux verbes. Pour cela, il dit un verbe et fait un signe de négation avec la tête ou la main. Donc quand il n'aime pas, il dit "aime" en bougeant la tête de côté.

C'est aussi intéressant de voir qu'après quelques jours au Royaume-Uni, son vocabulaire en anglais s'enrichit notamment quand il entend son grand-père lui parler. Ainsi, on a entendu ces derniers jours Benjamin commencer à dire "gosh!" comme mon beau-père ce qui est très mignon à entendre.
Je ne doute pas que dans les semaines à venir son vocabulaire va se développer davantage.

samedi 16 avril 2011

Miscellanées

Quelques pensées qui me sont venues ces dernières semaines.

Verdure et début de printemps à Jouy-le-Moutier

Quand nous avons quitté le Bénin (vers la mi-février), dans notre propriété, et tout autour, la saison sèche avait commencé à faire disparaitre les herbes, les plantes, les fleurs. En plus, nous avions eu un feu de brousse qui a détruit pas mal de buissons autour de nous. Par conséquent, une des choses qui m'a frappé dans le sud du Bénin et au Ghana c'était la
végétation verdoyante!
A plus forte raison, en arrivant en Europe ce qui m'a impressionné (et même davantage que les différences de températures) ce sont les
prairies vertes notamment quand on passait en Auvergne. Quelque chose que je n'avais plus vu depuis fort longtemps.

Les routes au Bénin ne sont pas toujours faciles pour la conduite (c'est un euphémisme!) et c'est
très agréable de rouler en Europe sur de belles routes.Même si les autoroutes sont ennuyeuses par moment, c'est agréable de conduire. Je ne regrette donc pas les trous, les pistes de sable de la route inter-état que l'on emprunte pour aller au village.
Cependant, j'ai trouvé que
la conduite peut être stressante en Europe. Pas de risque de chèvres ou de moutons qui traverseraient la route, pas de risque de camions arrêtés dans un virage. Mais il y a beaucoup d'informations à prendre en compte: signalisation au sol, signalisation sur les côtés, compteur de vitesse etc. .
On m'a dit que c'est un phénomène dit "information overload" qui commence à être pris en compte par les services routiers.

Il y a des choses qui sont
un tout petit peu plus compliquées en France qu'au Bénin. Par exemple pour recharger mon téléphone à Cotonou, si je suis à un feu rouge je peux acheter du crédit en quelques secondes (ou même me faire transférer du crédit). J'ai testé le rechargement par internet; pratique mais alors un peu compliqué (ou en tous cas plus compliqué que baisser sa vitre, donner l'argent, prendre la recharge et taper le code).
De même, c'est agréable de pouvoir prendre les transports en commun (y compris le tram de Nancy). Mais, il y a quelques jours,
je me suis pris à regretter les zems béninois qui sont capables de me conduire porte-à-porte où je veux. Bon pour être honnête, certains zems (taxi-motos) ne connaissent pas la ville.

Sur la route dans la banlieue de Cotonou avec un taxi-moto sur la droite

samedi 9 avril 2011

Voyages

Il semble qu'une grande part de mon temps est faite de déplacements. C'est le cas au Bénin mais c'est encore plus le temps depuis deux mois.

Comme prévu, on devait commencer un séjour en Europe de 4 mois début mars.
Hilary et les garçons sont rentrés en Angleterre mais moi j'ai fait un détour de 5 jours par le Ghana pour une conférence.
La conférence était extrêmement intéressante.
J'ai seulement pu voir un tout petit peu du Ghana. C'était intéressant de venir en Afrique de l'Ouest anglophone. On était dans un très beau centre de conférence avec beaucoup de verdure ce qui était très différent du nord du Bénin.

Pour moi comme pour Hilary, Simon et Benjamin, on a expérimenté une chute rapide des températures entre l'Afrique de l'Ouest et l'Europe. La réacclimatation s'est faite sans trop de problèmes. En plus on sait qu'on évite une saison chaude (on avait déjà dépassé les 43°C dans la maison avant qu'on ne parte)!
A présent, les températures printanières et le soleil qui nous accompagne depuis pas mal de temps sont très appréciables.

On a passé du temps avec nos familles et depuis trois semaines on se déplace en France pour visiter des amis, des églises et pour présenter notre travail.
Une crainte qu'on pouvait avoir concernait les garçons et leur attitude pendant les voyages. Ils ne semblent pas trop perturbés à condition qu'on leur trouve des aires de jeux (où dépenser leur énergie).
Début mai, on va retourner en Angleterre et fin juin ce sera le retour au Bénin.

Enfin, on peut quand même suivre un peu de ce qui se passe au village car les téléphones fonctionnent bien. C'est toujours agréables d'entendre les voix de nos amis même à distance.

samedi 12 février 2011

OPOL (encore)

J'avais déjà écrit sur le multilinguisme de Simon (voir ici et et en anglais). En particulier, j'avais évoqué qu'on utilisait le principe OPOL (One Parent One Language).

Après presque deux ans, je voulais revenir sur ce sujet.

Simon est bilingue français-anglais et il est vraiment OPOL, One Person One Language. Pour chaque personne qu'il connait il a choisi une langue. Ainsi, notre directrice (canadienne anglophone) lui parle en anglais et le jour où (parce qu'on était avec des non-anglophones) elle lui a parlé en français, Simon lui a fait remarqué que d'habitude elle ne lui parle pas comme cela.
Une chose qui a aidé le bilinguisme de Simon est qu'avec nos collègues il parle beaucoup anglais et qu'avec les Béninois il parle beaucoup français.

On suit les mêmes principes avec Benjamin. Il semble déjà montrer que dans certains cas il fait la différence entre le français et l'anglais (mais il a aussi bien compris qu'Hilary et moi comprenons les deux langues). Ainsi, il me dit parfois “come, come” puis bascule sur “iens, iens” pour me demander de venir voir quelque chose.
Quand un enfant avait renversé du sable sous la véranda, il est venu me voir en disant “sand, sand... sabe, sabe”
Et il sait aussi dire quelques mots en monkolé comme “aawo” pour dire non et (ce qui signifie « laisse! »). Ce sont les mots que la dame qui aide à la maison emploie souvent quand Benjamin est à côté d'elle.

En ce qui concerne Simon, il est difficile de savoir ce qu'il comprend et parle en monkolé. Il n'est clairement (pas encore) trilingue. En fait, en notre présence il ne parle que très peu en monkolé mais quand des adultes monkolés sont avec lui il parle un peu plus. Il connait les salutations, comment dire « bon travail », les au-revoirs.
En fait, quand il joue avec des enfants du village, ils parviennent soit à communiquer en français ou alors sans utiliser de langue. Et son meilleur ami qui vient de commencer l'école (la scolarisation est en français) préfère à présent que Simon lui parle en français.

Il me semble que Simon comprendra plus qu'on n'imagine et qu'il aura un meilleur accent que moi. Par contre, il aura peut-être moins de facilité à parler qu'on pouvait l'imaginer.

Enfin, une question que l'on se posait était de savoir dans quelle langue Simon et Benjamin parleraient entre eux. Et bien, pour le moment, Simon parle à Benjamin presque exclusivement en anglais, la langue maternelle!

mardi 25 janvier 2011

Monnaie, monnaie


L'unité monétaire au Bénin est le franc CFA d'Afrique de l'Ouest dont le taux de change est pour le moment lié à l'euro (1€ = 655,957 F CFA).
Une des choses qui m'est encore parfois difficile c'est que la quasi-totalité des paiements se font avec des billets et des pièces (y compris des gros achats de plusieurs centaines de milliers de francs). Pour cela, on a des billets de 1000, 2000. 5000 et 10000 F CFA. Les pièces vont de 5 à 500 F CFA.

Une difficulté qu'on rencontre est celle de faire de la monnaie. En effet, quand on retire notre salaire on a en général des grosses coupures. Par contre, là où on vit les grosses coupures ne sont pas utiles. Pour les petites courses courantes, les gros billets sont un problème car les gens ne les acceptent pas ou n'ont pas la monnaie.

Maranz, dans African Friends and Money Matters [International Academic Bookstore | SIL International (Dallas, TX: 2001)], explique que certains commerçants craignent que les grosses coupures aient été ensorcelées et qu'en fin de journée elles soient devenues de coupures de faible valeur.
Autre complication, à Kandi, personne n'accepte les pièces de 250 francs car elles ressemblent beaucoup aux pièces de 200 francs. Ca complique un peu plus les choses.


Il faut donc toujours faire attention à avoir de la monnaie et à refaire de la monnaie. On arrive à faire cela en achetant du carburant, en allant à La Poste, quand on fait des achats dans certaines boutiques. Une autre possibilité est d'attendre que le vendeur ait trouvé la monnaie ce qui peut prendre un peu de temps.


D'autres moyens que j'ai vu de faire la monnaie (mais que je n'ai personnellement pas testé).

  • Lors d'une cérémonie de libération d'un apprenti, une collecte est organisé pour l'ancien apprenti. Le plateau passe une fois et on dépose de l'argent. Ensuite un homme redemande le plateau et fait la monnaie sur un billet de 2000. J'ai vu la même chose se faire à l'église.
  • Au cours d'une réunion à laquelle j'ai assisté, il y avait un repas et on devait payer 100 F CFA pour le repas. Après le repas, le président de la réunion fait l'annonce que ceux qui veulent faire de la monnaie peuvent venir. L'intérêt est double: faire la monnaie pour ceux qui en ont besoin et avoir moins de pièces à compter et gérer pour les organisateurs.

Et quand on n'a pas de monnaie on peut toujours laisser une avance qu'on pourrait récupérer par la suite. Un des vendeurs de gasoil me doit 250 F CFA par exemple.


PS: je ne suis pas le seul à avoir des problèmes de monnaie. Plusieurs fois à Parakou j'ai vu des chauffeurs de taxi-moto (les zemidjans) se mettre au bord de la route un billet à la main attendant qu'un collègue leur fasse la monnaie.

mercredi 19 janvier 2011

Funérailles (suite)

Dans un récent post (ici) je parlais des funérailles d'un vieil homme du village; funérailles auxquelles j'ai assisté. Je mentionnais qu'après l'enterrement, il y avait une période de sept jours qui avait commencé pour entourer la famille. J'ai pu visiter la famille et on m'a servi un repas pendant ma visite (comme à tous les autres qui étaient là).

On a découvert que les choses étaient un peu différentes en fait. Normalement, quand une personne meurt, les gens et les proches de la famille en particulier peuvent venir visiter pendant une période très longue. Pendant cette période, la famille du défunt doit accueillir tous les visiteurs et fournir logement et nourriture.
Une des difficultés facilement imaginables est que la charge est grande pour les familles d'autant qu'il n'y avait pas vraiment de fin.

Les responsables de l'église ont réfléchi et essayé de trouver un moyen de marquer la fin du deuil d'une façon acceptable par la communauté et les familles. On a pu participer à cette première.
Il a été décidé que le deuil et les visites à la famille se feraient pendant 7 jours et que le huitième jour il y a aurait une cérémonie de fin de deuil à laquelle tous les proches de la famille et tous les gens du village étaient invités.

Ce lundi nous avons été en famille à cette cérémonie. L'activité du village était réduite car beaucoup de gens étaient là. La cérémonie a consisté en des chants de la chorale, des petites allocutions pour parler du défunt et une prédication par un pasteur.
A la suite de cette cérémonie, on a tous été invités à manger un repas préparé par les dames de l'église (igname pilé et sauce et poulet mais aussi riz et pâte mais on n'a pas pu manger tout ce qui nous était offert les portions - comme d'habitude - étant très généreuses).

Cette façon de faire est un changement dans la culture et les traditions. Il semble cependant que cette façon de faire ait été très appréciée par tous, quelque soit l'origine ou l'appartenance religieuse.

lundi 10 janvier 2011

Funérailles et deuil

Hier, un vieil homme du village est décédé. On avait déjà remarqué que le décès d'une personne modifie la vie du village pendant quelques jours et j'ai pu avoir un aperçu plus précis.

En effet, le défunt a été enterré dimanche matin soit quelques heures après sa mort. Toutes les activités normales étaient modifiées, même l'église était vide. J'ai assisté aux obsèques qui avaient lieu dans la concession de la famille. Une tombe a été creusée derrière une des maisons. Les hommes étaient réunis auprès de la tombe tandis que les femmes étaient réunies dans la cour.
Quand la tombe était prête, le corps a été amené pour être enterré et ensuite le pasteur a donné une petite exhortation avant qu'un des responsables de l'église prie.

Après la cérémonie qui a été assez rapide, une période de sept jours commence pendant laquelle les gens du village viennent saluer et réconforter la famille. Cette salutation et cette visite prend traditionnellement le pas sur toute autre activité.
C'est ce que j'ai fait aujourd'hui. Je suis allé m'asseoir avec les autres hommes; des sièges avaient été installés à l'entrée de la concession et tous ceux qui veulent peuvent saluer et s'asseoir.
Ce qui m'a surpris c'est ce que l'ambiance n'était en rien différente de celle de tout autre rassemblement. Les hommes étaient là à discuter. Comme nous l'expliquait le pasteur on vient pour entourer la famille. Mon interprétation personnelle c'est aussi de montrer que la communauté prend le temps de venir et montrer que les liens entre les gens sont toujours présents et importants.

Et pour finir sur une note d'apprentissage, j'ai peu parlé pendant que j'étais là car je voulais plutôt écouté. A un moment un ami me demande si je comprends quand il y a tant de conversations. Je réponds que je comprends un tout petit tout petit peu. Et juste après avoir dit cela tous les hommes présents commentent tous en même temps ma réponse.
Je n'ai pas osé dire qu'en général dans tout grand groupe (quelque soit la langue) j'ai du mal à parler!

PS: tout le monde n'est pas enterré dans sa maison car il existe aussi deux cimetières dans le village.