lundi 30 décembre 2013

Abécédaire fragmentaire pour 2013

L'année 2013 s'achève et voici un abécédaire fragmentaire pour résumer cette année.

A comme année 2013 (cet abécédaire ne commence pas très bien). L'année 2013 aura été une année contrastée. Le premier semestre a été difficile avec deux projets sur lesquels je travaillais qui n'ont pas donné les résultats attendus.
Mais après une parenthèse européenne, la second semestre a été beaucoup plus positif.

B comme blog. J'ai essayé de poster plus régulièrement cette année et je pense que j'ai réussi. Je me suis même rendu compte que se discipliner à poster régulièrement m'a permis de trouver plus d'idées à partager.

C comme chaleur ou canicule. Etre en Europe au moment d'une vague de chaleur c'était bien. Avoir la sensation d'avoir chaud sans transpirer reste un bon moment. Et pour les enfants, la chaleur donnait une occasion presque quotidienne de manger des glaces!

D comme décès. L'année 2013 aura été marquée par plusieurs décès de personnes proches. En particulier, mon dernier grand-père est décédé en novembre. C'est dans ces moments là qu'on se sent un peu éloigné du reste de la famille.

E comme enseignement. Cette année j'ai regroupé toutes mes activités autour de l'enseignement. Tous les matins j'ai une classe à deux niveaux car je fais l'école pour Simon et Benjamin. Cela se passe bien dans l'ensemble mais il m'aura fallu presque trois mois pour trouver mon rythme mais aussi pour comprendre que mes deux élèves sont très différents l'un de l'autre. A présent les choses semblent au point et chacun fait des progrès (à son rythme).
Et j'ai développé ma palette d'enseignements dans les églises monkolées. En plus des études bibliques dans le village de Kandi-Fô, je participe aux cours de baptême je donne avec d'autres et je fais une formation mensuelle pour les responsables. J'ai parfois l'impression de jongler mais chaque activité apporte ses satisfactions.


F comme Famille. Depuis deux ans on avait le projet de passer quelques semaines de vacances avec nos familles et nous avons pu faire cela. Cela nous aura fait beaucoup de bien et nous aura donné une bonne pause.
C'était bien que les enfants puissent avoir du temps avec leurs grand-parents et oncles et tantes. C'était aussi bien de faire la connaissance avec les neveux et nièces nouvellement arrivés. Nos familles sont en phase d'expansion!

M comme monkolé. Même si souvent j'ai encore l'impression d'être encore très limité dans ma connaissance de la langue monkolée, c'est une langue que j'aime entendre et parler. C'est aussi bien un peu moins de quatre ans après avoir commencé à apprendre de constater le chemin parcouru et de voir que les efforts initiaux ont été récompensés.

S comme Santé.Une chose pour laquelle je suis toujours très reconnaissant c'est la bonne santé des enfants. Ils sont rarement malades et ont de temps en temps seulement une journée qui ne va pas.

V comme Voyages. Il semble que l'année 2014 sera comme l'année 2013 dans le domaine des voyages. On a déjà pas mal de déplacements prévus (et il y en aura vraisemblablement d'autres à venir). Bizarrement, je n'aime toujours pas les voyages; je suis plutôt casanier et préfère rester au village.

lundi 16 décembre 2013

Les choses changent encore

Après presque quatre années vécues au village, on voit les choses changer dans notre environnement.

Depuis la fenêtre de la salle où je fais l'école pour les garçons, j'ai vu ces dernières années de plus en plus de maisons construites entre notre propriété et le village.

Ces derniers jours, le grand changement a été l'installation d'une antenne relais de téléphone. Nous savions que cela devait venir et c'était une nécessité mais cela fait drôle de voir cette antenne (au centre de l'image au dessus des arbres).



  Et peut-être que cette antenne va faire venir l'internet 3G dont on voit la publicité (tout en remarquant que l'électricité n'est pas encore arrivée dans le village).

lundi 9 décembre 2013

Construire des mots

Je trouve toujours un peu délicat d'écrire sur la langue monkolée car je ne suis pas linguiste mais parfois je le fais de façon à montrer que j'aime bien cette langue.

Dans la langue monkolée, il y a des verbes et il est fréquemment possible de construire un nom dérivé de ce verbe. Pour cela on ajoute le préfixe 'ku'.
Ainsi:
  • 'cica' signifie choisir et 'kucica' signifie le choix;
  • 'bi' signifie aimer et 'kubi' signifie l'amour;
  • 'b' signifie donner naissance et 'kubí' signifie la naissance.

Il y a aussi des expressions que j'aime bien et qui utilise dans le même temps le verbe et sa forme dérivée. Je pense cela à chaque fois que je suis dans une réunion et que vers la fin on parle de sortir de la réunion.
Ainsi, on peut entendre des gens dire:
  • "Si kufita iyi aa ka fita" ce qui veut dire littéralement 'dans la sortie qu'on va sortir'
  • Ou encore "Si kufangaa iyi aa ka fangaa" ce qui veut dire littéralement 'dans la dispersion que nous allons disperser'

Enfin, j'ai même entendu une fois "Si kumɔsi iyi aa ka mɔsi" ce qui veut dire littéralement 'dans la continuation que nous allons continuer'


lundi 2 décembre 2013

Les vaccinations sont suivies scrupuleusement

Il y a un peu plus de trois ans, j'avais déjà écrit un post à props des vaccinations. Il est lisible ici même. Je me souviens aussi que lorsqu'on était revenu en Europe en 2011, on était tombé sur un groupe de personnes qui collectaient des fonds pour la vaccination contre la poliomyélite et on était content de pouvoir leur dire que nos enfants et les enfants de nos amis bénéficiaient de ces vaccinations.

En quelques années, les choses se poursuivent et ces dernières semaines on a eu deux fois la visite des vaccinateurs. Nos portails d'entrée en témoignent d'ailleurs:





Dans chaque maison du village, on voit des signes comme cela:
  • 3P ou 4P désigne le numéro du passage des équipes. Ainsi 3P est le troisième passage et 4P le quatrième.
  • 2/2 signifie que sur deux enfants de moins de cinq ans dans la maison, les deux ont été vaccinés. Et en plus chacun reçoit une marque sur un doigt pour qu'on puisse repérer les enfants non vaccinés.

On est impressionné par les efforts mis pour assurer une bonne couverture vaccinale.

Toujours dans le domaine de la santé des enfants, je me suis rendu compte qu'il y a des possibilités d'intervention dans le domaine nutritionnel. Je visitais des amis dont la petite est hospitalisée. A cette occasion j'ai pu voir plusieurs enfants qui étaient en train d'être traités pour malnutrition. Je sais qu'une explication est qu'on sort de la période de soudure et que donc l'alimentation a pu être pauvre mais j'étais quand même un peu surpris.
La période de soudure est le moment de l'année compris entre la fin des réserves alimentaires de l'année passée et les récoltes de l'année nouvelle. C'est une période difficile car les risques de malnutrition peuvent être importants.

lundi 25 novembre 2013

Beaucoup de citrons

Le mois de novembre est le mois où, en général, on sent que la saison des pluies est déjà loin. L'air devient plus sec et se rafraichit progressivement.

Le mois de novembre c'est aussi le mois où notre récolte de citrons commence. Nous avons deux citronniers dans notre propriété et nous en profitons bien pour boire du jus de citrons mais aussi manger des gâteaux au citrons ou du lemon curd.

Cette année la récolte est très bonne. On peut trouver jusqu'à une grosse cinquantaine de citrons chaque jour et en plus, ils sont de taille assez importante. Il semble que si les pluies n'ont pas toujours été très bonnes pour les cultures comme le maïs ou le coton, elles étaient par contre idéales pour les citrons!



Quand j'écrivais que nous en profitons bien, je dois dire que beaucoup d'autres en profitent car nous avons tellement de citrons cette année que l'on en donne à beaucoup de gens.
Beaucoup de gens utilisent le jus de citrons en cas de rhume. Un ami nous disait aussi que nos citrons étaient un cadeau apprécié car les citrons coûtent souvent assez chers au marché.

P.S.: la photo présente notre récolte d'un jour.

mercredi 20 novembre 2013

Histoires d'électricité

Il y a quelques jours je devais aller faire différentes courses à Kandi y compris des photocopies dont j'avais besoin pour des enseignements.

Je suis allé régler une facture chez un soudeur. Il n'est pas content car il y a délestage et donc pas de courant pour travailler. La quasi-totalité des soudeurs font de la soudure à l'arc et ont besoin de l'électricité. Il me confirme que depuis quelques temps il y a souvent des délestages.

Ensuite, je vais voir des boutiques de photocopies et tous me tiennent le même discours: 'Oui on peut faire des photocopies mais non il n'y a pas le courant' c'est-à-dire les photocopieuses sont en état de fonctionner mais il n'y a pas de courant. Et tous avaient un air un peu désabusé.



Ces derniers temps j'ai lu plusieurs livres sur le développement. Tous mettent en évidence l'importance de l'éducation et de la santé.
L'épisode vécu à Kandi et ce que je sais du nord du Bénin mettent en évidence un élément qui peut faciliter ou empêcher le développement des activités économiques: l'approvisionnement électrique.
Beaucoup de petits commerces et d'artisants dépendent de l'électricité: soudeurs, vendeurs de crédit téléphonique et chargeurs de portables, vendeurs de yaourts et autres boissons froides etc.
Plus il y a de délestage, plus leur travail est rendu compliqué.

C'est pour cela que trouver des moyens d'améliorer l'approvisionnement électrique est un chantier urgent dans beaucoup de pays africains.

P.S.: la photo a été choisie avec une certaine ironie. C'est un des poteaux électriques qui est devant notre maison depuis plus de trois ans mais la ligne n'est toujours pas alimentée et il n'y a pas de ligne basse tension qui nous relie au village.
De fait, on ne souffre pas de délestage!

lundi 18 novembre 2013

Un mot surprise

Hier j'étais à l'église pour le culte. Quelques instants avant que ne commence la prédication, un jeune homme écrit le titre du message au tableau. Ensuite, il dit qu'il ne comprend pas ce titre.

Beaucoup de gens alors regardent le tableau et pensent (moi y compris) qu'il y a eu une faute. En effet on lit au tableau "Yaasei mɛɛmua" mais tout le monde (ou presque) que le titre devrait être

"Yaasei mɛɛmu ŋa" ce qui signifie 'à propos des animaux'. Sans connaître le monkolé, on voit qu'il y a une lettre de différence et personne ne comprend le mot "mɛɛmua".

Eh bien, il s'avère que tout le monde avait tort. Il n'y avait pas de faute comme l'a expliqué le prédicateur. C'est bien du mot "
mɛɛmua".
Quand on le prononce à voix haute, le sens commence à apparaître car cela se dit [mèèmoi] comme dans 'mémoire' (
"mɛɛmua" est une translitération du mot mémoire).
Le titre était donc
"Yaasei mɛɛmua" c'est-à-dire 'à propos de cartes mémoires'. Et le prédicateur expliquer alors qu'il veut parler des cartes mémoires et d'une analogie entre les cartes mémoires et notre cerveau.

Deux remarques:
  1. Tout d'abord, le message, passé le moment de surprise par rapport au titre, était excellent. Bien construit, pertinent et très concret.
  2. Ensuite, cela montre comment la langue monkolée (comme beaucoup d'autres langues nationales) s'adapte et est capable de créer de nouveaux mots.

lundi 11 novembre 2013

Imprévu routier

Il y a quelques semaines j'allais dans le village de Kandi-Fô.

A quelques centaines de mètres du village, il y avait une petite rivière qui coulait sur la route (ou plutôt, il fallait traverser une petite rivière pour poursuivre la route).
Mais ce jour-là, il y avait aussi un troupeau de vaches qui étaient venues s'abreuver. La route était donc très occupée comme le montre la photo.


lundi 28 octobre 2013

Les "venues de France"

L'expression "venues de France" désigne les voitures d'occasion qui ont été exportées depuis l'étranger, livrées au port de Cotonou et qui sont en transit par le Bénin pour d'autres pays de la sous-région.
On parle toujours de "venues de France" alors qu'elles viennent de très nombreux pays différents à présent. Ces voitures sont très variables en qualité et en état. On trouve des très vieilles voitures mais aussi des modèles plus récents et plus luxueux.



Quand on roule dans le sens sud-nord, on les voit tout d'un coup déboucher dans le rétroviseur accompagnées de grands coups de klaxon. Et en quelques secondes elles sont passées.

Ces voitures (et leurs chauffeurs surtout) ont une très mauvaise réputation car elles circulent à toute vitesse et sans respect pour les autres véhicules (ni le code de la route). Malheureusement, sur les bords de la route on voit aussi pas mal de carcasses de ces voitures qui ont été accidentées.
Il faut aussi noter que ces voitures peuvent avoir des passagers ou des marchandises qui sont alors transportées à leurs risques et périls. Et ce ne sont pas seulement les passagers qui sont en danger mais aussi des gens qui se trouvent sur leur passage.

Il y a quelques temps, j'avais été rappelé à l'ordre par l'apprenti d'un chauffeur de poids-lourd dans la file d'attente à un péage. Le camion était derrière moi mais l'apprenti est venu me dire que je ne devais pas laisser passer les voitures car les "chauffeurs sont des bêtes".
J'avais pourtant courageusement essayé de répondre au défi que les voitures me lançaient en essayant de me dépasser dans la file d'attente. Même si je savais qu'elles ne prendraient pas le risque de me heurter (ce que l'apprenti a confirmé - les chauffeurs veulent éviter tout embrouille) je ne voulais pas nécessairement faire l'expérience.


P.S.: il y avait un article sur le site de RFI il y a quelques semaines qui parlaient des vendeurs de voitures d'occasions au nord du Niger et qui parlaient de ces transits de voitures en Afrique.

mercredi 23 octobre 2013

Igname pilée

Je poursuis ma présentation des plats qu'on mange par un qui a pendant longtemps été un des plats préférés de Benjamin. C'est l'igname pilée.

Pour faire l'igname pilée, des ignames sont d'abord bouilies et ensuite elles sont pilées au pilon pour former une pate qui est très élastique. Quand on a fini de piler, il faut servir l'igname pilée façonnée en boule avec une sauce (comme le montre la photo).



Si d'autres plats peuvent se conserver au chaud, ce n'est pas le cas avec l'igname pilée. Il faut la manger le plus vite possible car sa texture change rapidement.

Dans notre région c'est plutôt un plat de fête, un plat qu'on réserve pour les grandes occasions. Cela étant, on en mange assez souvent ce qui avait donné de mauvaises habitudes à Benjamin.

C'est aussi un plat un peu saisonnier. On ne peut pas faire de l'igname pilée sans ignames et celles-ci ne sont disponibles qu'entre août et avril. Il est toujours possible d'en trouver après avril car l'igname est un tubercule qui se stocke mais il n'est pas garanti que les ignames soient utlisables.
En effet, toutes les ignames ne se valent pas. Il y a des variétés qui peuvent être pilées et d'autres pas. Il faut donc une certaine connaissance des ignames et même avec de l'expérience, il semble qu'on puisse avoir des surprises.

Enfin, qui peut piler? On voit presque toujours des femmes piler. Dans certaines régions les hommes pilent mais ce n'est pas le cas chez nous.

lundi 14 octobre 2013

Ouaké

Je poursuis ma présentation des plats que l'on mange régulièrement. Le plat dont je vais parler aujourd'hui c'est la ouaké.

Le ouaké est un mélange de riz et de haricots que l'on mange avec une sauce à base de tomates. La photo présente ce plat avec oeuf et fromage peuhl (le chou est notre ajout pour augmenter un peu la part des légumes).



Selon un de nos amis, c'est un plat assez typique de la région de Kandi. Ce même ami nous a aussi dit que ce plat a évolué avec le temps. Dans le passé il y avait plus de haricots que de riz. A présent les proportions sont inversées. Cela peut s'expliquer par la disponibilité plus grande du riz qui est soit produit localement soit importé.

jeudi 10 octobre 2013

Ecole nomade

Lorsque je dois remplir des papiers qui demandent les raisons pour lesquelles Simon est inscrit dans l'enseignement à distance, la raison que je sélectionne est "éloignement géographique". En effet la plus proche école française est à 650 km de chez nous.

Cependant, je vais être parfois tenté de cocher "déplacements fréquents". En effet les déplacements en prévision sont nombreux pour l'année à venir car beaucoup de choses arrivent à échéance et demandent d'être renouvellées. Cela va imposer de mettre l'école des garçons en caisse et de faire classe où on se trouve (et d'aider les garçons à se concentrer sur le travail).

Voici un petit aperçu en image de ce à quoi ressemble l'école en voyage lors d'un séjour à Cotonou pour refaire nos visas.


lundi 7 octobre 2013

Un livre et un regret

Il y a deux semaines nous sommes allés à Cotonou pour renouveller nos visas. Un des bénéfices d'aller à Cotonou c'est de pouvoir faire le plein de livres car les enfants en font un grand usage. C'est particulièrement vrai de Simon depuis qu'il sait lire même si Benjamin n'est pas en reste.
Nous avons donc faire un tour dans une librairie et je suis tombé sur un livre très intéressant qui s'appelle "Moi Inoussa écogarde au Bénin".



C'est un livre de témoignage sur la vie et le travail d'un écogarde dans le Parc du W qui se trouve tout près de chez nous.
C'est intéressant de lire toute la diversité de la faune. C'est aussi intéressant de voir les interactions entre les différents peuples de la région. C'est aussi intéressant de découvrir le travail des gardes dans le Parc et le fait que les gardes travaillent sur trois pays (Bénin, Niger et Burkina-Faso).
Simon qui l'a lu en premier a beaucoup aimé.

La seule chose que j'ai regretté en lisant ce livre, c'est de constater que vivant à quarante kilomètre du parc nous n'y sommes allés qu'une seule fois (et pour quelques heures seulement). Ce livre donne envie d'y aller plus souvent (mais je doute que cela soit possible dans l'immédiat).

P.S. voici les références complètes sont les suivantes:
Moi, Inoussa écogarde au Bénin
Agnès Gianotti - Inoussa Adamou
Grandvaux Junior
2012
ISBN 978-909550-80-0/ code Belin 645080
ISSN 2116-3812

lundi 16 septembre 2013

Route, camions et amélioration de ma compréhension

Un des défis auquel je suis confronté est celui de continuer à améliorer ma maîtrise et ma compréhension de la langue monkolée. Je sens et je sais que je dois encore faire des progrès mais ce n'est pas évident de savoir comment faire.
Parfois, les circonstances aident cependant et donnent des situations d'apprentissage.



Nous vivons au bord d'une route inter-états et il y a donc un grand traffic de camions. Parfois, comme la veille du jour où j'écris, il arrive que le traffic cesse et que les camions soient à l'arrêt. Je discutais de cela avec un ami de matin et j'ai appris deux expressions nouvelles.

En monkolé, un camion peut se dire 'akɔ nla' c'est-à-dire littéralement une grande voiture. Le tracteur d'un camion semi-remorque se dit 'iri' c'est-à-dire la tête. La remorque se dit '
ara' c'est-à-dire le corps.
Et voilà mon vocabulaire riche de deux expressions supplémentaires!

Et comme si aujourd'hui était une bonne journée, linguistiquement parlant, j'ai appris d'autres mots aujourd'hui et Hilary m'a confirmé ce que je pensais à propos d'un point de grammaire!

P.S.: la photo date de 2010 et représente un épisode où un camion s'est coincé au milieu de la route, bloquant la circulation, jusqu'à ce qu'un autre camion le tire de là.

lundi 9 septembre 2013

Akassa

Il y a quelques semaines j'avais fait part de mon intention de parler des plats que l'on mange régulièrement (voir ici). Le premier plat que je vais présenter est l'akassa.

Ce plat se mange aussi bien au sud qu'au nord du Bénin.

L'akassa est une pâte à base de farine de maïs qui est fermentée. La fermentation est d'ailleurs ce qui rebute souvent les personnes qui n'en ont pas l'habitude.
Sur la photo, on voit l'akassa qui est présente comme un bloc blanc brillant et avec une consistance un peu molle. Elle est servie avec une sauce et du fromage peuhl (sur la droite). Le chou n'est pas normalement servi, c'est un ajout pour avoir nos légumes!



En monkolé on appelle l'akassa 'ili' et elle est souvent mangée au champ car elle se conserve plus facilement que d'autres plats.

mercredi 28 août 2013

Désherbage, activité de saison

Je suis toujours très impressionné par comment la saison des pluies rend possible la croissance de la végétation. Voici une petite illustration en photos.



En mars 2012




En août 2012

Par conséquent, un des défis est celui de contrôler l'envahissement par les herbes. Je dois déjà dire à ce niveau là que je suis souvent repris par des amis sur le fait que je ne fais pas assez. En effet, traditionnellement, chez les Monkolés, il ne doit jamais y avoir d'herbes à proximité de la raison pour (au moins) deux raisons: (1) cela ne fait pas propre et (2) les herbes permettent aux serpents de se cacher ce qui constitue un danger.

Après trois années ici, je n'ai toujours pas trouvé une solution durable pour le désherbage.
  • Etant donné qu'en ce moment tout le monde travail dans les champs, et que c'est un travail essentiel, il est difficile de trouver des ouvriers pour venir sarcler (à moins de proposer des salaires très élevés qui désorganiseraient tout). J'en fait un peu tous les jours mais ce n'est pas assez.
  • J'ai donc essayé le désherbage chimique qui est plus facile. J'ai cependant essayé de ne pas avoir la même consommation de produits que nos amis. Après des savants calculs, j'ai trouvé des dosages efficaces (ce dont je ne suis pas peu fier).
  • Cette année, la famille de notre pasteur a fait une partie de son jardin dans notre propriété ce qui fait d'autant moins à désherber. C'est un accord qui satisfait tout le monde.
  • Ce qui me reste à tester: trouver une débroussailleuse - je suis sûr que beaucoup seraient motivés pour l'essayer; planter davantage d'arbres qui font beaucoup d'ombres. Par contre, je n'ai pas accepté qu'un berger laisse des vaches en dépôt dans notre propriété pour "tondre" notre herbe!

mercredi 21 août 2013

Quand il pleut ça ne rigole pas!

Le 15 août dernier la journée a commencé par la pluie.
Durant la nuit rien de très étonnant mais vers le matin cela s'est intensifié au point que l'on s'est réveillé avec une bonne partie de la propriété sous l'eau. J'avais de l'eau jusqu'aux genoux en certains endroits mais rien dans la maison fort heureusement.

Quelques photos:



Entre le mur de notre propriété de la route, il y avait de l'eau.



Et on pouvait presque croire qu'un fleuve passait devant chez nous.



Quand à notre maison, elle était au milieu des eaux.

Après avoir eu des inquiétudes quant au manque de pluie, il semble que l'on va vers l'excès inverse.

Si nous n'avons pas eu de problème, ce n'est pas le cas pour quelques amis dont les maisons ont été inondées. Il semble que la faute en revienne à une route qui a été construite dans le village mais le pont devant laisser les eaux s'écouler s'est comporté comme un barrage créant une inondation dans certains secteurs.

lundi 19 août 2013

Il semble que quelqu'un se soit perdu

Il y a parfois des photos intéressantes à faire comme celle que je présente là. Un matin, sur la véranda d'une des maisons dans notre propriété je vois un escargot qui semble s'être égaré au cours de la nuit. Il s'est bloqué sur un montant de la moustiquaire laissant une trace de son passage.



Toujours en parlant d'escargot, il semble qu'ils soient un vrai problème cette année car beaucoup des plantations (gombo notamment) qui ont été faites dans notre propriété sont mangées par les escargots et que donc pour le moment les récoltes ne sont pas très prometteuses!

lundi 12 août 2013

Et qu'est ce que vous mangez?

Lorsque nous étions en Europe, il y a un peu plus de deux ans, une question qui nous était souvent posée était "Qu'est ce que vous mangez?"

A cette époque notre nourriture était une combinaison de plats de type européens avec des ingrédients que l'on trouvait localement. Par localement cela signifie que l'on pouvait acheter sur place ce qui inclus des produits d'importation.

Cependant lorsqu'Hilary a commencé à travailler avec l'équipe de traduction, on a décidé que le plus simple était de demander à une femme du village de nous préparer des plats chauds pour le midi. Cela représente un gain de temps et cela nous donne aussi l'occasion de manger régulièrement de la nourriture locale.
Ainsi chaque jour de la semaine, on nous livre une glacière avec le repas que l'on nous a préparé. Les glacières sont un très bon moyen de conserver les aliments bien au chaud ("très bon moyen" n'est pas une exagération car les plats conservés ainsi restent très chauds pendant plusieurs heures)

Avec le recul cela nous apparaît comme une excellente décision.
Hilary n'a pas à se soucier de planifier les repas. Même un jour comme aujourd'hui où il a plu pendant une partie de la matinée, le repas était quand même prêt pour midi. C'est tout à l'honneur de notre cuisinière. En général, les femmes du village font la cuisine dehors donc quand il pleut, faire la cuisine est très compliqué.
Cela nous libère aussi de quelques complications comme conserver des aliments périssables, trouver et préparer de la viande etc.
Hilary et moi savions déjà que nous aimions la nourriture béninoise et les garçons s'y sont mis sans trop de problème (et se sont adaptés au fait de manger pimenté).

Dans des posts à venir je donnerai quelques exemples de plats que l'on peut manger. Ce que l'on mange n'est pas tout à fait la nourriture du village dans la mesure où étant blanc on a par exemple plus de viande (et de protides en général) que ce que les gens mangent normalement.

lundi 5 août 2013

Bien bien ou dur dur!

Dans la langue monkolée il y a des façons de formuler les choses ou des expressions que j'aime tout particulièrement car elles montrent (je parle en profane et non en linguistique) la flexibilité ou l'inventivité de la langue.

En monkolé il existe le mot 'jiida' qui, quand on consulte le dictionnaire, signifie 'bien' ou 'bon'.

Je lisais l'histoire du patriarche Abraham en Egypte dans le livre de la Genèse et j'ai trouvé dans ce récit deux emplois intéressant de ce mot.

En Genèse 12:16, le monkolé lit
"í [Faraɔ̃] cea Aburamu yaaɛ jiida jiida" ce qui peut se traduire ' le pharaon a très bien accueilli Abraham en étranger'. Dans ce cas, on double le mot 'jiida' pour montrer que l'accueil était vraiment très bien (ou bien bien littéralement).

Ce qui est intéressant c'est que quelques versets auparavant on trouve la même expression
'jiida jiida' mais donnant un sens différent. C'est en Genèse 12:10 qui dit en monkolé "ari í naa si ilɛu jiida jiida" ce qui se traduit par 'la famine est venue sur cette terre bien bien'. Cette traduction est très littérale et devrait plutôt être 'une famine sévère est venue sur la terre'.

Donc une même expression qui selon le contexte a des sens très différents (je suis souvent tenté de dire presque opposés).

mardi 30 juillet 2013

Retour d'Europe

Après quelques semaines d'absence nous sommes revenus à la maison. Dans une certaine mesure un des garçons a bien résumé les choses en disant que c'était bien d'être en Angleterre, c'était bien d'être en France et c'est bien d'être à la maison.

Quelques souvenirs (sans aucun ordre):
  • Passer du temps en famille et faire la connaissance des nouveaux neveux et nièce; la famille s'est bien agrandie ces derniers mois. C'était aussi bien que les enfants fassent connaissance avec leurs cousin(e)s.
  • Se promener dans des parcs et des jardins; comme je l'ai déjà écrit dans un blog post (lire ici), c'est une des choses qui manquent le plus quand on est au Bénin. Dans le même ordre d'idée, découvrir de nombreuses aires de jeux (et merci aux grand-parents pour leur recherche des meilleurs endroits).
  • Redécouvrir le Peak District; cela faisait plus de sept ans que je n'y étais pas allé.
  • Ne pas avoir de soucis d'électricité et de lumière et d'eau (sauf quand il y a eu une coupure de courant chez mes parents!).
  • Le personnel de Air France et de ADP qui a été très sympa pendant les voyages.

Et maintenant? On est revenu chez nous, on s'est réinstallé et, comme tout le monde, on attend la pluie. Nous n'avons pas mis longtemps, au cours du voyage de retour, à voir que les pluies ne sont pas encore là et que tout le monde s'inquiète pour les champs.

mercredi 26 juin 2013

Quelques impressions d'Europe

Depuis quelques jours nous sommes en France car nous prenons quelques semaines de vacances en Europe. Voici quelques réflexions que je me suis faites, réflexions rapides et pas nécessairement très objectives.

  • Si dans notre région (au Bénin) les pluies ont tardé à venir, les pluies semblent tarder à partir en France. Nous avons eu quelques journées grises et pluvieuses (et même fraîches). La contrepartie agréable est que les champs, les arbres, les espaces verts sont très verdoyants et que j'aime bien voir cela.
  • Revenir tous les deux ans en Europe permet de suivre un petit peu les évolutions technologiques. J'ai racheté un ordinateur portable et me suis rendu compte que ce n'était pas facile de trouver un ordinateur pas trop moderne pour supporter mes conditions de travail. Dans un domaine différent, j'ai aussi découvert que les voitures évoluaient vite. J'ai eu l'air un peu ridicule quand j'ai demandé au loueur de voiture de m'expliquer comment démarrer une voiture que l'on louait, il n'y avait ni carte ni clé mais un bouton à pousser.
  • Si nos routes se sont parfois améliorées au Bénin, les routes en Europe se dégradent. Certes, c'est encore loin des trous que l'on a pu voir dans le passé sur la RNIE 2 mais cela demande de la vigilance.
  • Je ne me lasse pas des légumes: c'est agréable de manger du chou-fleur, du brocoli car ce sont encore des denrées rares chez nous. Même les garçons apprécient cela. Comme quoi, pour que les enfants aiment les légumes, il suffit de les en priver pendant un long moment.

jeudi 13 juin 2013

Quand quelqu'un d'autre décrit mieux que moi

J'ai récemment lu un très bon blog post d'un journaliste de la BBC basé en Inde. L'article s'appelle 'Why is India obsessed with monsoon rains?' et se trouve ici (en anglais). Cet article décrit très bien ce qu'est l'attente de la saison des pluies.

L'auteur décrit dans un premier temps l'attente des premières pluies de mousson dans tout le pays ainsi que la couverture médiatique. Ensuite, le journaliste explique les raisons de cela notamment le fait que l'agriculture en Inde dépend totalement de ces pluies. Ainsi, 75% des pluies annuelles tombent entre juin et septembre et 70% des Indiens dépendent directement ou indirectement de l'activité agricole. Si l'agriculture représente 14,5% du PIB (Produit Intérieur Brut), elle emploie 58% de la population active.

J'ai bien aimé cet article car il explique en détail un phénomène assez similaire à ce qui se passe dans le nord du Bénin. Je ne suis pas en mesure de donner les chiffres sur l'importance de l'agriculture au nord du Bénin mais elle est certainement le premier employeur et toutes les familles dans les villages dépendent de leurs champs pour la nourriture.
Les pluies de la saison des pluies sont une mousson et, comme en Inde, elles sont concentrées entre juin et septembre.

Ce n'est donc pas surprenant si les dernières semaines nos amis et collègues au village ont commencé à être inquiets suite à l'absence de pluies régulières. Ce n'est pas encore un problème mis à part que la transition entre les grandes chaleurs et la saison des pluies est longue cette année. Par contre, tous disent "Si ça continue comme cela c'est mauvais!"

Alors que nous nous préparons à passer cinq semaines en Europe pour passer du temps avec nos familles, on aura quand même une pensée pour nos amis en espérant qu'ils aient les pluies nécessaires.

P.S.: et pour celles et ceux qui suivent régulièrement, rien n'a donc changé depuis ce bog post (voir ici)

mardi 11 juin 2013

Cérémonie de mariage (2)

Suite du post précédent sur une cérémonie de mariage. Le début est .

Après l'animation et l'arrivée du marié, il y a l'arrivée de la mariée.
Elle aussi est entourée d'un cortège et elle aussi visage grave pour ne pas montrer qu'elle est heureuse de quitter ses parents.


La jeune mariée sur cette photo a une robe de coupe occidentale mais le tissu était un tissu plus traditionnel mais là encore la photo ne rend pas compte des détails.




L'arrivée de la mariée peut-être précédée ou suivie de l'arrivée d'une prétendue fiancée éconduite que le marié ne
doit pas confondre avec sa femme. On lui demandera plus tard de bien s'assurer que c'est sa promise qui est assise à côté de lui.

Ensuite il y a le message par un pasteur et la bénédiction du couple. Le mariage en tant qu'acte d'état civil est fait en mairie. Durant la bénédiction les deux familles délèguent des représentants (ce ne sont pas les parents - qui parfois n'assistent pas au mariage). Ce sont eux qui assurent qu'ils seront prêts à aider le couple et donnent des conseils.




Après cette bénédiction, il y a le moment de présentation des cadeaux qui est l'occasion de beaucoup de dances, de chants et d'agitation. Toutes celles et tous ceux qui le veulent peuvent donner un cadeau aux mariés. Souvent, on dépose des pièces de monnaie ou des billets sur eux, tout étant ensuite récupérée dans une bassine avec tous les cadeaux. On lance aussi sur les mariés et sur la foule des bonbons.
C'est là que s'achève la cérémonie.

Après cela il y a le repas. Comme il y a en général beaucoup de gens présents, les différents groupes (familles des mariés, invités de marque, chorales etc.) mangent dans différents endroits.
Le défi dans l'organisation du mariage est de préparer à manger pour 500 à 600 personnes (comme lors des mariages où j'ai pris ces photos) donc souvent deux jours en avance toutes les femmes de la communauté sont mobilisées pour préparer le repas.


Après le repas, beaucoup se déplacent au domicile des nouveaux épous où les cadeaux et les effets de la jeune mariée sont apportés. Je n'ai pas été là pour cela donc ne peux pas en parler.

lundi 3 juin 2013

Cérémonie de mariage (1)

Dans un post précédent, je parlais d'une double cérémonie de mariage à laquelle j'ai été invité récemment (lire ici).

La cérémonie a eu lieu dans un village. Elle se déroulait en plein-air et sous l'ombre de nombreux manguiers ce qui était très agréable étant donné que l'on était en saison chaude.




Beaucoup de chorales sont invitées pour animer la première partie de la cérémonie. Certaines passent parfois plus de temps à s'installer avec leur matériel qu'à chanter mais l'essentiel est d'être là d'autant que la personne présidant la cérémonie s'assure que chaque chorale est traitée assez équitablement.
Ce temps d'animation musicale est l'occasion pour les chorales de présenter de nouveaux chants. Avec l'arrivée des téléphones portables équipés de caméra et de micros, c'est aussi un moyen de diffuser tous ces chants.

Le premier grand moment est l'arrivée du marié avec son cortège. Il est accompagné d'un jeune homme ou d'un jeune garçon qui le guide, lui arrange ses vêtements, prend soin de lui.




Ce qui frappe tout de suite lors de l'arrivée du marié est qu'il ne fait pas de sourire. Il a un visage grave, montrant pas d'émotions.
Sur cette photo, le marié porte un costume traditionnel. Malheureusement, la mauvaise qualité de la photo ne fait pas justice à la qualité du tissu et des broderies. Certains mariés choisissent un costume occidental.

Je vais pauser ici et continuer dans un autre post la suite de la cérémonie.

lundi 27 mai 2013

Notre langue et la langue des blancs

Lorsque les monkolés parlent de leur langue ils disent "la langue" ("fee"). Lorsqu'ils parlent des autres langues, ils disent, par exemple, la langue des peuhls ("fee fulɛ") ou la langues des baribas ("fee baagu").

Il existe aussi "
fee bature" c'est-à-dire la langue des blancs. Pour beaucoup encore, il n'y a qu'une langue des blancs. Les jeunes savent aussi que l'anglais existe (car ils ont des cours d'anglais à l'école) et certains parlent de "fee anglisi".

Avec le temps, il y a un phénomène que j'ai remarqué. Quand je demande comment on dit un mot ou une expression en monkolé, je dis
"fee nwa" c'est-à-dire notre langue. Plus exactement je dis "Bɛirei à ya ni ... do fee nwa" [comment on a l'habitude de dire dans notre langue ...].
Par contre, quand je parle d'un mot ou d'une expression en français, je parle de
"fee bature" ("Do fee bature à ya ni ..." [Dans la langue des blancs on a l'habitude de dire ...]).

Tout cela pour dire que même si personne n'est dupe avec mon accent, je peux quand même m'attribuer une place dans la communauté monkolophone.

lundi 20 mai 2013

Où les légos parlent anglais

J'ai déjà parlé du fait que nos garçons sont bilingues et qu'ils sont aussi OPOL (one person one language - voir ). C'est intéressant d'entendre quelle langue ils parlent quand ils jouent. Le fait qu'ils soient fans de légos offre un grand terrain d'expérience.

Dans ses jeux, Simon utilise presque exclusivement l'anglais quand ses personnages parlent. Benjamin, quand il est seul, utilise surtout le français.

Récemment je jouais avec eux et je commençais à faire parler mes personnages en français. Simon m'a tout de suite repris et m'a dit qu'ils ne parlaient qu'anglais.
Apparemment
OPOL concerne les personnages légos aussi! Et donc j'ai fait parler mes personnages en anglais tout en sachant que normalement Simon trouve bizarre (et hilarant) que je parle moi-même en anglais.


Et pour finir une réalisation récente qui est la réinterprétation du restaurant Gusteau (ils aiment bien le film Ratatouille) avec un poste de police pour garder l'entrée.



mercredi 15 mai 2013

Où la pluie refait parler d'elle


Deux expressions monkolées que j'aime:

'ijĩ í bi ku naa'
c'est-à-dire la pluie veut venir.

'ijĩ wa dɛ ku naa'
c'est-à-dire la pluie est en train de chercher à venir.

Ce sont deux expressions que l'on a souvent entendu ces derniers temps.

En effet alors que cette année les grandes chaleurs se sont arrêtées assez tôt, les pluies ont commencé tardivement (et ce ne sont pas encore les grandes pluies). Du coup, on a souvent eu des après-midi où on voit le ciel se couvrir, les nuages d'orage s'assembler et la pluie passer soit au sud, soit au nord mais jamais chez nous!
Et donc on entendait ces commentaires
'ijĩ í bi ku naa' ou 'ijĩ wa dɛ ku naa' avec une pointe de déception.

lundi 13 mai 2013

Mariages

Je disais dans un post récent (lire ici) que les mois de mars et d'avril (et mai dans une certaine mesure) sont riches en mariage. Cette année je suis allé à deux mariages mais le second était un double mariage. En effet deux couples se mariaient le même jour.

Cette idée de double mariage peut paraître surprenante mais je peux voir les avantages. D'abord, le nombre de samedi possibles étant réduits c'est une optimisation du temps (c'est mon côté très - trop? - axé sur le temps qui parle). Ensuite (et peut-être surtout), cela permet de contrôler les dépenses liées à la cérémonie ou en tous cas partager certains frais. J'écris cela avec précaution car je n'ai pas enquêté sur cela (mais une femme du village avait suggéré cette idée dans le passé). Même si chaque couple avait ses propres invités, les frais engagés pour d'autres personnes qui sont invitées au mariage (chorale, amis) pouvaient se partager.

Cette cérémonie était très bien. Il m'a semble que les deux couples ont été traités de façon similaire. Du coup, cette double cérémonie ne donnait pas l'impression de se faire au détriment des jeunes mariés.

Voici une photo prise en arrivant qui montre les quatre fauteuils pour les deux couples (sur la droite) et les quatre autres pour leurs accompagnants.


.


Je vais essayer de faire un (ou des) posts qui présente(nt) le déroulement de la cérémonie.

lundi 6 mai 2013

Et le recyclage?

--> Dans un récent post (lire ici) j'utilisais comme prétexte les cours d'ICM de Simon pour parler de la consommation d'eau et d'électricité. Toujours dans cette même matière, Simon a aussi étudier la question du recyclage. Même si ce n'est peut-être pas ce que les auteurs de son manuel ont en tête, Simon a de bons exemples de recyclage (et quelques moins bons aussi).

Quelques exemples:

  • Les boites de conserve qu'on utilise sont très prisées par les femmes du village qui s'en servent pour faire la cuisine. Il y a en effet des sortes de gâteaux que l'on fait et que l'on cuit dans des boites de conserve.
  • Les bouteilles en verre sont aussi réutilisées et cela même a une assez grande échelle. Dans les magasins on peut acheter des arachides grillées ou des noix de cajou grillées et elles sont vendues dans des bouteilles recyclées. Parfois l'étiquette originale n'a pas été enlevée donc on achète des noix de cajou dans une ancienne bouteille de gin ou de pastis!
  • A la fin de l'école biblique on a organisé un repas de clôture et pour l'occasion on a acheté de sodas (dans des bouteilles en plastique). Beaucoup sont repartis avec les bouteilles vides car cela sert de gourde.
  • Je parlais d'exemple de recyclage plus contestable, on voit aussi les bidons d'huile de moteur qui sont réutilisées comme récipient pour transporter l'eau et cela même si souvent sur le bidon d'huile il y a mentionné que l'on ne peut pas les réutiliser pour transporter de l'eau. La même chose se produit avec les bidons d'herbicides. Ce n'est pas rare de voir de jeunes bouviers qui ont comme gourde une ancienne bouteille de glyphosate ou d'autre traitement.

Même si Simon connaît cela, je pense qu'on fera une visite dans une déchetterie la prochaine fois qu'on est en Europe de façon à ce que les cours soient moins théoriques!

Parlant de déchetterie, il faudra aussi que je me penche sur la question ici car on commence à accumuler pas mal de déchets encombrants pour lesquels je n'ai pas encore trouvé de destination (chutes de toles pour les toits, lampes en panne etc.)

lundi 29 avril 2013

Le vert est de retour!

Je pense que le sujet de ce blog post est un marronier.
Chaque année à pareille époque (plus ou moins) la même chose revient. Dans ce cas-ci il s'agit de la réapparition de l'herbe verte! C'est toujours quelque chose que l'on guette car on n'a plus vu d'herbe verte dans notre propriété depuis plus de 6 mois!

Il y a eu quelques pluies ces dernières semaines (trois pour être honnête). Ce n'est pas la saison des pluies mais c'est suffisant pour faire repartir la végétation et donc des petits brins d'herbe apparaissent.



Pour le moment c'est très beau mais dans quelques semaines se posera la question de savoir si on coupe ou si on désherbe tellement ça aura bien poussé!

mardi 23 avril 2013

Pollution, sacs en plastique et économies

J'avais déjà mentionné il y a quelques mois qu'un des cours que Simon suit est l'Instruction Civique et Morale (voir ici et pardon pour la faute d'orthographe à Morale).

C'est toujours très intéressant de voir comment Simon interagit avec le programme. C'est tout particulièrement vrai dans cette matière qui parfois tient peu compte du fait que les élèves ne vivent pas nécessairement en France.

Ces temps derniers, SImon a abordé une initiation au développement durable.

Le premier thème était la pollution. Simon n'a eu aucun mal à parler de la pollution du sol et en particulier par la présence de sacs plastiques. Partout autour de nous on voit des sacs plastiques jetés par terre. Ces sacs sont donnés avec tout achat (depuis les vis jusqu'à la nourriture qu'on achète au bord de la route). Dès que l'on n'en a plus besoin on les jette. Du coup, on voit souvent des sacs atterrir dans notre propriété ce qui fait que de temps en temps on les ramasse pour les brûler (pas très écologique mais c'est la moins pire des façons de faire).



Ensuite, Simon s'est intéressé aux économies d'eau et d'électricité. Là je pense que Simon est un peu expert. Avec notre système électrique l'économie d'électricité est une nécessité. Il est même tellement expert (ou tellement préoccupé des économies) que dans un exercice où il devait donner des conseils pour économiser l'électricité, il conseillait d'éteindre toutes les lampes et tous les appareils (y compris l'ordinateur où la personne travaillait).

En ce qui concerne les économies d'eau, il sait aussi de quoi on parle. On fait attention aux quantités d'eau qu'on utilise car on doit pomper notre eau. Dans la leçon il était donné le chiffre de 500 litres d'eau perdus par jour pour une chasse d'eau qui fuit. J'ai expliqué à Simon que ça représente la moitié de notre réserve.
Mais il a quand même été surpris par le fait que en Europe le linge est lavé à l'eau potable et qu'on se lave les mains et le corps avec de l'eau potable aussi. Ici l'eau potable est filtrée pour être bue mais on utilise l'eau non filtrée du puit pour le reste.
En précisant que l'eau du robinet est potable en Europe, Simon a mieux compris la notion de coût de l'eau.

P.S.: la photo est celle d'un pagne que j'ai vu dans une réunion où j'assistais récemment. Belle illustation des économies d'eau!

lundi 15 avril 2013

Les choses changent (3): le gaz arrive!

Suite de mes posts sur les choses qui changent. Les premiers épisodes sont ici et .

Jusqu'il y a quelques semaines trouver des bouteilles de gaz à Kandi était très difficile. Il y avait, à ma connaissance, un seul dépôt pour une marque et il y avait de temps en temps des ruptures d'approvisionnement. Par conséquent, nous allions nous approvisionner en gaz à Parakou ce qui oblige à s'assurer qu'on a des réserves de gaz suffisantes.

Il semble qu'il y ait une offensive de plusieurs groupes de distribution de carburant pour approvisionner la population en gaz. En témoigne cette publicité vue dans un magasin de Kandi.



Si la publicité dit "disponible partout", il est vrai que la société a essayé d'avoir des dépôts dans toutes les villes d'importance du nord au sud du Bénin.

Une grande station service au sud de Kandi a reçu des dizaines de bouteilles de grande et petite taille. Cela pourrait donc faciliter les choses pour celles et ceux qui veulent utiliser le gaz pour la cuisine. Cela pourrait même nous être utile dans l'avenir. Il faudra cependant que le réapprovisionnement des dépôts et des stations services soit bien au point.

Il me semble aussi qu'un des effets positifs de cela c'est de rendre le gaz plus accessible et de diminuer la demande en bois. Des amis nous ont dit que le prix du bois a fortement augmenté depuis quelques mois. Peut-être que le gaz pourra agir dans ce domaine.
Et toujours à propos du bois, le déboisement dans de nombreuses régions est très important et entraine des risques environnementaux. Là encore la diffusion des bouteilles de gaz pourrait être positive si les réseaux de distribution sont efficaces.


lundi 8 avril 2013

De l'importance des vaches

Je vais prendre une précaution avant de commencer ce post. Ce que j'écris là n'est pas le fruit de longues recherches mais ce sont plutôt des informations glanées ça et là ainsi que des analyses personnelles.

Il y a quelques semaines J'ai commencé à lire avec Simon et Benjamin Sans famille d'Hector Mallot. Dans l'un des premiers chapitres de ce livre j'ai trouvé un paragraphe intéressant:

« Ceux-là seuls qui ont vécu à la campagne avec les paysans savent ce qu'il y a de détresses et de douleurs dans ces trois mots : 'vendre la vache'.

« Pour le naturaliste, la vache est un animal ruminant ; pour le promeneur, c'est une bête qui fait bien dans le paysage lorsqu'elle lève au-dessus des herbes son mufle noir et humide de rosée ; pour l'enfant de la ville, c'est la source du café au lait et du fromage à la crème ; mais pour le paysan, c'est bien plus et mieux encore. Si pauvre qu'il puisse être et si nombreuse soit sa famille, il est assuré de ne pas souffrir de faim tant qu'il y a une vache dans son étable. »

    Hector Malot, Sans famille, Lire Délivre, 2012 : 16


Simon comprend peut-être mieux que d'autres ce que signifie 'vendre la vache' car il entend parler souvent de vaches.

Même si les Monkolés sont traditionnellement des cultivateurs plutôt que des éleveurs, les boeufs (techniquement des zébus) sont importants. En effet c'est grâce à eux que l'on peut labourer les sols et que l'on peut déplacer des charges en leur faisant tirer une carriole. Les vaches sont utilisées pour la production de lait par les peuhls.

Ces dernière semaines plusieurs de mes amis ont justement acheté des boeufs. C'est la période idéale car les récoltes sont en train d'être vendues et de l'argent est disponible pour ce genre d'achat. L'objectif pour chacun est d'avoir les animaux pour le travail des champs et de moins dépendre des autres pour les labours. En effet il est possible de louer les boeufs d'une autre personne pour labourer. Avoir ses boeufs permet de mieux gérer son travail en début de saison des pluies quand tout le monde doit labourer en même temps.



Vache laissée en pature chez nous par un ami avant de la vendre.

Mais il me semble aussi que les vaches peuvent être une forme d'épargne. Jusqu'à il y a quelques mois un ami avait deux vaches. Je sais qu'il les utilisait pour les labours mais aussi pour tirer une carriole. Il y a quelques mois on lui a volé sa moto. Il y a deux mois il a vendu une de ses vaches pour finaliser l'achat d'une nouvelle moto. Enfin, il y a quelques semaines, il a été acheter une nouvelle vache en remplacement de la précédente.

Si avoir un ou des boeufs est une forme d'épargne, elle est cependant parfois risquée. En effet, des maladies peuvent affecter les bêtes et diminuer leur valeur ou alors manger les économies sous forme de traitements. Et des vaches sont assez souvent égarées ce qui crée du stress dans la famille.

mercredi 27 mars 2013

Litige sur des terrains, huissier et convocation

Il semble que je ne sois pas à court de sujets de posts en ce moment. La semaine passée le pasteur me dit, un matin, que lui et moi étions convoqués par une personne envoyée par un tribunal. Cette personne, qui est en fait un huissier, voulait nous interroger sur le titre de propriété qui concerne le terrain où nous sommes installés et où nous travaillons.

Notre terrain se trouve dans une grande bande de terre qui est en dispute entre deux familles. Il semble que ce soit un litige qui date depuis longtemps et qui est en train d'escalader car la justice a été saisie et c'est une cour d'appel qui suit le dossier à présent.
Nous savions déjà cela et étant en possession d'un titre nous n'avons pas trop à nous inquiéter.

Nous sommes donc allés et nous avons été interrogés. Tout s'est bien passé car dès que l'on a mentionné que l'on avait un acte de donation en notre possession l'huissier était soulagé. La discussion semble montrer que pour le moment on n'est pas vraiment impliqué.
Voici aussi quelques idées glanées dans les discussions:
  • Une première difficulté dans cette affaire était une difficulté linguistique. En effet toutes les personnes qui étaient convoquées ne parlaient pas français. En particulier plusieurs des chefs de famille qui connaissent l'histoire de ces terrains devaient avoir un interprète. Par conséquent la tâche de l'huissier est rendue plus difficile car il rédige son rapport en français.
  • Une autre chose que l'on a fait remarqué c'est que l'on a été convoqué le jour même. L'huisser nous a expliqué que c'est la façon de faire. En convoquant les gens à l'improviste, cela évite que les personnes convoquées se préparent et cela favorise la manifestation de la vérité.
  • Enfin, une question majeure de ce litige est la possession de titre de propriété ou au moins d'avoir des traces écrites des transactions (comme un acte de donation ou un acte de vente). Comme le faisait remarquer l'huissier, beaucoup de choses ont été dites ou ont été transmises de bouche à oreille mais cela ne facilite pas le travail de la justice.
  • Il me semble aussi que cette question des litiges fonciers pourraient prendre de l'ampleur car les jeunes générations ont de plus en plus de mal à avoir des terrains. Certains peuvent être tentés de contester des transactions anciennes qui nuiraient aux intérêts de la famille. De plus, la possession d'un terrain avec un titre de propriété est importante car le domaine peut alors servir de collatéral auprès des banques.

En tous cas j'ai encore pu faire une nouvelle expérience et découvrir un peu plus de la vie du village.