lundi 5 août 2013

Bien bien ou dur dur!

Dans la langue monkolée il y a des façons de formuler les choses ou des expressions que j'aime tout particulièrement car elles montrent (je parle en profane et non en linguistique) la flexibilité ou l'inventivité de la langue.

En monkolé il existe le mot 'jiida' qui, quand on consulte le dictionnaire, signifie 'bien' ou 'bon'.

Je lisais l'histoire du patriarche Abraham en Egypte dans le livre de la Genèse et j'ai trouvé dans ce récit deux emplois intéressant de ce mot.

En Genèse 12:16, le monkolé lit
"í [Faraɔ̃] cea Aburamu yaaɛ jiida jiida" ce qui peut se traduire ' le pharaon a très bien accueilli Abraham en étranger'. Dans ce cas, on double le mot 'jiida' pour montrer que l'accueil était vraiment très bien (ou bien bien littéralement).

Ce qui est intéressant c'est que quelques versets auparavant on trouve la même expression
'jiida jiida' mais donnant un sens différent. C'est en Genèse 12:10 qui dit en monkolé "ari í naa si ilɛu jiida jiida" ce qui se traduit par 'la famine est venue sur cette terre bien bien'. Cette traduction est très littérale et devrait plutôt être 'une famine sévère est venue sur la terre'.

Donc une même expression qui selon le contexte a des sens très différents (je suis souvent tenté de dire presque opposés).

Aucun commentaire: