dimanche 8 août 2010

Bus ou taxi?


Entre 2006 (date de mon premier voyage au Bénin) et maintenant les choses ont beaucoup changé.
Un changement notable est le fait que sur les grands axes on voit souvent des bus qui font des liaisons régulières entre les grandes villes.

Quand nous étions à Parakou, j'ai plusieurs fois voyagé entre Parakou et Cotonou avec le bus. En décembre 2009, j'ai compté près de 15 sociétés différentes qui faisaient ce service.

Il y a pas mal d'avantages à ce type de transport:


  • Temps de voyage acceptable: 7 heures s'il n'y avait pas de problème ou de détour (mais j'ai fait le trajet en 5 heures récemment – sans faire de pause c'est vrai!)

  • Horaire de départ régulier: matin et midi en général. L'heure d'arrivée dépendait un peu de la fiabilité de la compagnie.

  • Possibilité de réserver en avance et de modifier son billet: j'avais essayé et ça marchait bien.

  • Prix fixe. A ce propos les prix variaient très fortement entre les sociétés (presque du simple ou double). Ce qui expliquait cela c'était la qualité des bus, le niveau de confort.

  • Conditions de voyage correctes dans le car que je prenais: air conditionné (mais attention réglé sur 20°C donc port du pull impératif), vidéo (mais très très fort ce qui est lassant au bout de 7 heures).

Récemment je devais aller pour des réunions de travail à Parakou. Je savais qu'il y avait des liaisons entre Malanville et Parakou en passant par Kandi. Du coup j'ai tenté le car et ça s'est révélé plus complexe que prévu.


Les cars qui passent à Kandi sont des cars qui font les liaisons Niamey – Cotonou (via Malanville) ou Malanville – Cotonou. Ce que j'ai appris c'est que:


  • les réservations à l'avance – moyen pratique de garantir sa place – ne sont prises que pour les trajets de Kandi à Cotonou

  • pour les trajets plus courts (et donc moins chers), il faut venir une heure avant le passage du car pour savoir s'il y a de la place.

Après pas mal de discussions, le monsieur de la compagnie que j'avais choisi m'orienté vers une autre société (qui a des cars plus petits et moins ''luxueux'') et j'ai pu voyager sans problème.

Du coup, pour le retour j'ai préféré prendre le taxi de brousse. Plus rapide et surtout possibilté de partir de Parakou à 6h20 pour arriver à la maison avant 11h00. Du coup, le taxi se révèle plus fiable que le bus dès qu'on sort des trajets simples.
Et en plus j'ai appris des choses sur l'histoire des monkolés!


PS: et dans les taxis il y a un semblant de prix fixe car sur la planche de bord de celui que j'ai pris au retour, il y avait des tarifs pour les différents trajets.

lundi 2 août 2010

Monkolé?

La semaine dernière je suis allé à Parakou pour des réunions professionnelles. Au retour, pendant que j'étais dans le taxi j'ai suivi une discussion très intéressante sur les Monkolés.

Tout à commencer quand on s'est arrêté pour prendre un vieux monsieur qui commence à me saluer en langue baatonoue. Je réponds « alafia » comme il convient (et là s'arrête ma connaissance du baatonou).
Quand le chauffeur entend cela il me demande si je comprends le baatonou (« non »), le dendi (« non encore »). Du  coup il me demande quelle langue je comprends et là je dis « monkolé » (et peut-être me suis-je un peu trop avancé en disant monkolé mais heureusement il ne m'a pas testé).

Le vieux monsieur se met alors à raconter l'histoire des Monkolés et il a confirmé ce que j'ai entendu de plusieurs sources.
Quand on regarde la carte ethno-linguistique du Bénin, ce qui est intéressant à repérer c'est que le monkolé est apparenté au yoruba mais si les Yorubas se trouvent dans le sud du Bénin principalement, les Monkolés sont regroupés au nord.

En fait, les Yorubas se sont installés dans le sud de (l'actuel) Bénin en provenance de (l'actuel) Nigéria. C'est une des grandes migrations qui a eu lieu autour du 17ème siècle.
Du yoruba sont issues différentes langues dont le nago, l'ife, le idatcha et bien évidemment le monkolé (toutes sont localisées dans le centre ou le sud du pays sauf le monkolé). L'idatcha est parlé dans la région de Dassa et c'est de là que viennent les Monkolés.

A un moment il y a eu une guerre entre deux rois ou deux princes à Dassa. Le plus jeune, pour éviter plus de troubles, a alors quitté la région avec ses partisants et est allé au Nord. Ils se sont installés dans des villages proches de chez nous comme Kandi-fô, Lolo, Saah et les gens ont continué à parler leur langue mais en la faisant évoluer. C'est ce qui a donné la langue monkolée.

Si cette histoire explique pourquoi une langue apparentée au yoruba se parle dans le Nord du Bénin, elle explique aussi le nom de la langue.
En effet, plus tard, quand des émissaires sont allés de Dassa chez les Monkolés pour leur demander de revenir, ces derniers ont dit  « non on a construit » sous entendu, non on ne veut pas revenir. En yoruba cette réponse s'entend 'monkolé'.
Pour preuve de cela, l'expression en monkolé qui désigne le couvreur ou le charpentier est « woo kɔ ile » et à l'écoute on entend [wookole]. 'woo' signifie 'celui-qui', '
' signifie couvrir et 'ile' désigne la maison

Donc les Monkolés qui avaient bati leurs maisons et faits les toitures sont restés sur place.

Voilà un petit aperçu de l'histoire des Monkolés

PS: le  mot 'monkolé' n'existe pas en monkolé. En effet, les gens désignent leur langue par « la langue ». Donc on n'apprend pas le monkolé, on apprend la langue.

PPS: « la langue » est désignée sous plusieurs termes; monkolé, mokolé, mokollé.